A l’heure où nous écrivons cet article, au moins douze de ces oiseaux ont été retrouvés morts à Nahal Kina et Nahal Kamirir, dans le Sud du pays. D’autres animaux ont également été découverts sans vie à proximité de leurs carcasses : une chèvre et deux chiens.
Empoisonnement
Alertés par des données GPS inquiétantes sur certains vautours fauves, des agents de l’Autorité israélienne de la nature et des parcs (INPA) se sont rendus sur place, dimanche 24 octobre 2021. Là, ils sont tombés sur les dépouilles de neuf vautours fauves et d’une chèvre.
Face à un tel désastre, les agents de l’INPA ont tout de suite ouvert une enquête et collecté des preuves. Ils ont aussi parcouru la zone accompagnés d’un chien détecteur de poison afin d’éliminer toute trace de produit pouvant faire de nouvelles victimes, et installé des points d’alimentation pour éventuellement faire diversion avec d’autres traces de poison. Car, sans surprise, les résultats des premières analyses sont formels : ces animaux ont tous été empoisonnés.
A sad sad day in Israel as 9 Griffon Vultures were poisoned in the Judean desert. The act was probably intentional by placing a Goat carcass laced with poison. A devastating blow to the fragile Israeli Vultures population.
Image by Eyal Ben Giant of the NPA. @rashut_hateva @SPNI pic.twitter.com/EXFToEXYVc— Jonathan Meyrav (@JMeyrav) October 25, 2021
Mais il ne s’agissait pas des seules victimes. Les jours suivants, les agents de l’INPA ont retrouvé dans la même zone la carcasse d’un dixième vautour fauve, ainsi que celle de deux chiens. Puis, quelques jours après, celle de deux autres vautours fauves, portant à douze le nombre total de charognards tués. Leurs dépouilles seront, elles aussi, analysées pour connaître la cause du décès, même si l’empoisonnement reste la piste privilégiée.
Plus que 200 vautours fauves en Israël
Avec un tel nombre de victimes, il s’agit de l’un des plus graves épisodes d’empoisonnement sur des vautours fauves en Israël ces dernières années. Pourtant, il ne s’agit malheureusement pas d’un cas unique. En 2019 par exemple, un homme avait été arrêté pour avoir placé du poison dans une carcasse de vache, tuant consécutivement huit vautours fauves sur le plateau du Golan, à l’Est d’Israël.
En revanche, une mortalité si massive est très grave pour la population israélienne de vautours fauves, qui dépasse à peine les 200 individus. Lors du dernier recensement, en juin 2020, l’INPA se félicitait en effet de battre un record inégalé en huit ans avec un nombre de vautours fauves en hausse dans le pays : 206 alors qu’ils n’étaient que 146 en 2012.
Ce triste épisode est donc un véritable coup de dur : à lui seul, il cause la disparition de 6 % de la population totale des vautours fauves d’Israël, ont rappelé les agents de l’INPA.
L’empoisonnement, fléau des vautours
Mal-aimé, le vautour – quelle que soit son espèce – subit partout dans le monde des représailles injustifiées. Des empoisonnements massifs ont lieu aux quatre coins de la planète, en Asie comme en Afrique et en Europe.
Le plus souvent, du poison est placé intentionnellement dans une carcasse – dans le cas d’Israël, il semblerait qu’il ait été placé dans la chèvre retrouvée morte – et tue tous les vautours qui viennent se nourrir. En 2019, ce sont 537 vautours qui ont été découverts morts au Botswana. Un chiffre qui donne le vertige…
Il arrive aussi que l’empoisonnement ne soit pas intentionnel : parfois les vautours ingèrent simplement une substance nocive présente dans le bétail. C’est le cas par exemple de nombreux vautours asiatiques, tels que le vautour indien, dont les effectifs ont chuté de 97 % en seulement quinze ans. Le responsable : le diclofénac, un anti-inflammatoire non-stéroïdien utilisé par les éleveurs sur leurs bêtes. Ce médicament très toxique pour les vautours n’est d’ailleurs toujours pas interdit partout. L’Espagne, qui l’autorise depuis 2013, a d’ailleurs eu son premier cas officiel de vautour tué à cause du diclofénac en 2020. Mais en réalité, les chiffres pourraient être bien plus élevés. « En Inde, 1 % des carcasses de vaches contaminées a suffi à éliminer 95 % de la population de vautours », rappelle à Reporterre Olivier Duriez, ornithologue, spécialiste des vautours.
0 réponse à “En Israël, une douzaine de vautours fauves meurent empoisonnés”