Mammifère terrestre le plus imposant de la planète, l’éléphant voit ses effectifs fondre d’année en année : sa population plafonne aujourd’hui à 450 000 individus alors qu’elle s’élevait à plusieurs millions dans les années 1970. Malgré les mesures de protections, 20 000 à 30 000 spécimens sont abattus chaque année, principalement afin d’alimenter les marchés asiatiques en ivoire.
Le 12 août est, comme chaque année depuis la création de l’événement en 2012, l’occasion de dresser le bilan des douze derniers mois pour ce pachyderme apprécié du public. Entre braconnage, études scientifiques et réglementation du commerce de l’ivoire, retour sur une année très chargée.
La CITES entretient le statu quo
L’une des premières grandes nouvelles concernant les éléphants est parue en septembre. Moins d’un mois après la journée mondiale de 2016 dédiée à ces impressionnants mammifères, une étude baptisée « Great Elephant Census » est rendue publique : soutenue par de nombreuses organisations comme la Wildlife Conservation Society (WCS), elle révèle qu’en Afrique, les effectifs de l’éléphant des savanes ont décliné de 30 % entre 2007 et 2014. Cette chute impressionnante se traduit par la mort de près de 150 000 éléphants, principalement du fait du braconnage.
Cette étude fait parler d’elle et attire l’attention du public. Les regards des défenseurs de l’environnement se tournent alors vers la CITES, grande convention agissant comme un régulateur du commerce international d’animaux sauvages. L’événement, très attendu, débute le 24 septembre et s’achève le 5 octobre ; il aurait pu marquer un tournant décisif pour la conservation des éléphants, mais il n’en sera rien. La proposition visant à inscrire l’éléphant d’Afrique sur l’Annexe I, ce qui aurait interdit purement et simplement le commerce international des défenses, n’aboutit pas. Elle était pourtant soutenue par une coalition comptant une douzaine de pays d’Afrique centrale ainsi que par la France et le Luxembourg.
Décembre 2016 : la Chine abandonne l’ivoire
Il faudra attendre quelques semaines supplémentaires pour que les défenseurs des animaux puissent fêter une excellente nouvelle. Le 30 décembre 2016, Pékin annonce officiellement que la Chine abandonnera le commerce d’ivoire « courant 2017 ». Le pays, premier consommateur mondial d’ivoire de contrebande derrière les Etats-Unis, était (et est encore) accusé d’alimenter à lui seul le massacre de plusieurs milliers d’éléphants chaque année.
Trois mois après l’annonce, le 31 mars 2017, les premiers ateliers et commerces d’ivoire sont fermés : 67 sites sont concernés. Une centaine d’autres sites devraient faire de même avant le 31 décembre 2017. Cette décision est l’aboutissement d’un long travail de sensibilisation, qui montre par ailleurs d’autres résultats : le prix de l’ivoire, qui s’établissait à plus de 2000 dollars par kg en 2014, avoisine 700 dollars début 2017. Le marché s’est effondré et pourrait apporter une véritable bouffée d’oxygène aux éléphants.
Les éléphants, indispensables à la biodiversité
Le mois d’avril 2017 voit la publication d’une nouvelle étude dont la conclusion, si elle attire moins l’attention du grand public, prouve une fois de plus à quel point les écosystèmes sont fragiles : les éléphants sont capables de disperser des graines sur 65 kilomètres… soit « 30 fois plus loin que n’importe quel oiseau de la savane » ! Ces méga-herbivores jouent ainsi un rôle crucial pour la diversité génétique des arbres de la savane et façonnent littéralement les paysages. Cette dernière conclusion était évidemment déjà connue ; pour preuve, le 12 août est non seulement la journée mondiale des éléphants, mais aussi celle… des hirolas ! Cette antilope, la plus menacée d’Afrique, a vu la couverture forestière augmenter considérablement sur son aire de répartition depuis le massacre de 5 000 éléphants dans les années 1970. Les hirolas, qui préfèrent évoluer dans des plaines dégagées, ont ainsi vu leur habitat se réduire et sont aujourd’hui en danger critique d’extinction.
Enfin, si l’éléphant d’Asie (Elephas maximus) reste à l’abri du braconnage, cela ne signifie pas qu’il se porte mieux. A l’état sauvage, il subit les conséquences de la démographie humaine : son territoire se réduit rapidement. Déforestation, routes, barrages et autres infrastructures humaines fragmentent l’habitat de l’espèce. Les rencontres entre l’Homme et la faune se multiplient, les accidents aussi : entre avril 2014 et mai 2017, les pachydermes ont tué plus de 1 000 personnes en Inde, soit près d’une par jour. Quant aux populations captives, leur situation n’a souvent rien d’enviable : un rapport publié le 6 juillet dernier par l’ONG World Animal Protection (WAP) estime qu’en Asie du sud-est, 3 éléphants sur 4 (soit environ 2200) vivent dans « des conditions pauvres ou inacceptables« . Les sites touristiques proposant des spectacles de cirque ou des promenades à dos d’éléphants, pratiques sujettes à de nombreuses polémiques, font en effet subir de nombreuses tortures aux animaux afin de les dresser, et ce dès leur plus jeune âge. Une fois adultes, ils sont pour la plupart privés de leur liberté de mouvement, d’un régime alimentaire adapté et d’interactions sociales avec les membres de leur espèce.
L’éléphant, encore sur la sellette
Cette année encore, la situation des éléphants dans le monde n’est pas rose. Le braconnage cause encore la mort d’une centaine de ces pachydermes chaque jour et assombrit l’horizon de ce grand mammifère. Toutefois, son avenir n’est pas encore scellé ! En Chine, l’interdiction du commerce d’ivoire et l’effondrement du marché pourraient favoriser le rétablissement des espèces africaines. Quant à leur cousin asiatique, la sensibilisation des touristes occidentaux aux tortures liées aux promenades à dos d’éléphants permet de faire lentement bouger les lignes. Les prochaines années seront vraisemblablement décisives ; comme les rhinocéros, les tigres ou les requins, ces espèces cristallisent de nombreuses tensions au niveau mondial et leur situation peut très rapidement évoluer.
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