Le marsupial emblématique de l’Australie vient de voir son statut passer de « vulnérable » à « en danger » d’extinction à l’Est du pays, tant sa situation devient critique. Un nouveau seuil vient donc d’être franchi sur la route qui mènera à son extinction, si rien n’est fait pour l’empêcher.
Disparition possible d’ici 2050
L’annonce de cette révision a été faite vendredi 11 février 2022 par le gouvernement australien : les populations de koalas d’une grande partie de la côte Est du pays, dans le Queensland, la Nouvelle-Galles-du-Sud et le Territoire de la capitale australienne, sont désormais considérées comme « en danger » d’extinction. Une augmentation du niveau d’alerte, donc, ces populations étant préalablement classées « vulnérables », comme l’espèce dans son ensemble d’après les critères de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).
Consécutivement à cette reclassification, le gouvernement australien a annoncé son intention de mettre en place un plan de rétablissement du koala, visant notamment une meilleure protection de son habitat naturel, auquel s’ajoutera un budget de 50 millions de dollars australiens sur quatre ans pour aider à la conservation de l’espèce.
Il faut dire qu’il était temps d’agir, le gouvernement australien ayant prédit la possible extinction de l’espèce d’ici 2050 si rien ne change. Ce dernier a donc suivi les recommandations du WWF Australie, d’IFAW et de Humane Society International qui réclament depuis 2020 le placement du koala sur la liste des espèces en danger en Australie. Une requête qui fait suite à deux rapports scientifiques selon lesquels la population des koalas du Queensland a chuté d’au moins 50 % depuis 2001, et jusqu’à 62 % pour celle de Nouvelle-Galles-du-Sud.
Les feux de forêt : la goutte d’eau
Car même si le marsupial est officiellement protégé en Australie, les pressions qu’il subit dans son milieu naturel n’ont pas diminué. Au contraire.
En plus des maladies, des collisions routières et des attaques de chiens, les koalas sont de plus en plus confrontés aux sécheresses et aux feux de forêts. Les incendies géants de 2019 et de 2020 ont particulièrement choqué la communauté internationale par leur ampleur.
L’Etat de Nouvelle-Galles-du-Sud, où vivent des populations de koalas classées désormais « en danger », a été très touché, avec pas moins de 11.000 feux ayant détruit 55.000 km² de nature.
Durant cette période, ce sont pas moins de 60.000 koalas qui ont été tués, blessés ou affectés d’une quelconque manière par ces incendies, selon un rapport commandé par le WWF Australie.
Injured koalas lay in baskets after being rescued from a bush fires on Kangaroo Island, Australia. More than 1 billion animals are feared dead in the devastating blazes. https://t.co/UpGlIvE01O pic.twitter.com/rfj4IVzQ46
— ABC News (@ABC) January 18, 2020
« Les feux de brousse ont été le coup de grâce, frappant au cœur des populations de koalas déjà en difficulté ainsi que leurs habitats essentiels », s’est exprimé Rebecca Keeble, direction régional Océanie d’IFAW, mandaté avec WWF Australie et Humane Society International en avril 2020 auprès du comité scientifique des espèces menacées d’Australie pour statuer sur le cas du koala.
Une décision tardive ?
En classant le koala sur la liste des espèces « en danger » d’extinction, l’Australie envoie un signal fort : son espèce iconique est gravement menacée et il est temps d’agir. Avec cette décision, le pays espèce enclencher des mesures d’urgence plus fortes afin d’assurer la conservation de l’espèce. Du moins dans le discours officiel…
Mais beaucoup estiment que cette décision s’est trop fait attendre. « Nous n’aurions jamais dû permettre que les choses en arrivent au point où nous risquons de perdre un emblème national. C’est un jour sombre pour notre pays. Si nous ne pouvons pas protéger une espèce emblématique endémique de l’Australie, quelle chance ont les espèces moins connues mais tout aussi importantes ? », s’interroge Rebecca Keeble.
Pour la présidente de l’Australian Koala Foundation, Deborah Tabart, cette annonce tiendrait même plus du discours que de l’engagement politique réel. « Ce nouveau statut ne veut rien dire. Derrière, le gouvernement continue d’approuver la destruction de l’habitat des koalas », a-t-elle déclaré dans le New York Times.
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