Une nouvelle étude publiée dans la revue Nature a découvert que la biodiversité océanique moderne – qui est actuellement à son plus haut niveau jamais atteint – a été obtenue grâce à la stabilité à long terme de « points chauds de biodiversité », ou de régions où coexistent un nombre exceptionnellement élevé d’espèces différentes.
Les experts sont parvenus à cette conclusion en employant un modèle informatique pionnier qui reconstruit la diversité des animaux marins depuis leur origine il y a environ 550 millions d’années jusqu’à nos jours, sur la base de la tectonique des plaques et de facteurs environnementaux, tels que la température des océans et l’approvisionnement alimentaire. Étant donné que l’histoire de la diversité dans le modèle est simulée numériquement plutôt que reconstruite à partir de données fossiles, cette méthode est exempte des lacunes et des biais d’échantillonnage caractérisant les archives fossiles.
« La question est de savoir comment en sommes-nous arrivés là », a déclaré l’auteur principal de l’étude, Pedro Cermeño, chercheur postdoctoral en biologie marine à l’Institut des sciences marines de Barcelone, en Espagne. « Les lacunes dans les archives fossiles nécessitent l’utilisation d’une nouvelle approche informatique pour reconstruire l’histoire de la vie. Notre modèle est capable de recréer la répartition géographique de la diversité océanique moderne, en particulier les points chauds, et révèle les mécanismes qui les ont créés.
Ce nouveau modèle peut également éclairer davantage l’une des questions les plus controversées de l’écologie évolutive : existe-t-il ou non une limite à la biodiversité que notre planète peut supporter. Alors que certains scientifiques affirment qu’à mesure que la diversité augmente et que la compétition biologique s’intensifie, le processus de diversification ralentit jusqu’à s’arrêter, de sorte que l’émergence de nouvelles espèces dépend de l’extinction des espèces plus anciennes, d’autres affirment que les écosystèmes de la Terre sont si hétérogènes qu’il y aura il y aura toujours de la place pour plus d’espèces.
Le nouveau modèle aide à concilier les deux points de vue, suggérant que même si la plupart des océans présentent des niveaux de diversité bien inférieurs à leur potentiel maximum, les régions abritant des points chauds de biodiversité pourraient être proches de leur limite.
Même si la biodiversité océanique est actuellement à son plus haut niveau, cela ne durera peut-être pas longtemps, car l’interférence humaine dans le fonctionnement naturel des systèmes terrestres a provoqué ce que les scientifiques appellent « la sixième grande extinction de masse ». Selon les Nations Unies, au cours du siècle dernier, autant d’espèces ont déjà disparu que d’espèces qui s’éteindraient dans 10 000 ans dans l’hypothèse d’un scénario évolutif normal, sans extinction.
« Notre étude souligne que, si les tendances actuelles se poursuivent, la perte de diversité projetée peut prendre des millions d’années pour se rétablir, sans doute au-delà de notre propre existence en tant qu’espèce », a conclu le co-auteur Michael Benton, paléontologue à l’Université de Bristol.
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Par Andreï Ionescu, Espèces-menacées.fr Rédacteur
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