Le pouvoir social parmi les espèces animales a généralement été caractérisé comme étant dominé par les hommes ou par les femmes. Cependant, une nouvelle étude publiée dans la revue Tendances en écologie et évolution soutient qu’une telle compréhension binaire de l’inégalité dans le degré de contrôle ou de pouvoir qu’exercent les membres d’un sexe sur les membres de l’autre sexe est trop simpliste et ne parvient pas à caractériser correctement la répartition complexe du pouvoir entre les sexes.
Les experts proposent un nouveau cadre d’évaluation de la dominance, qui place chaque espèce sur un continuum, allant de la dominance masculine stricte à la dominance féminine stricte.
« Les progrès dans ce domaine ont longtemps été entravés par une vision binaire des asymétries de pouvoir entre les sexes, où la plupart des espèces étaient dominées par les mâles et la domination des femelles était anecdotique. Cette vision simpliste a été renforcée par les stéréotypes que les chercheurs véhiculent en raison de la société dans laquelle ils vivent et qu’ils projettent ensuite inconsciemment sur les animaux qu’ils étudient », explique Elise Huchard, auteure principale de l’étude et écologiste comportementale à l’Institut des sciences de l’évolution de Montpellier. (ISEM).
Selon le Dr Huchard, la répartition du pouvoir entre les sexes n’a pas été correctement quantifiée dans les études antérieures. En fournissant une définition complète du pouvoir intersexuel, ainsi qu’un cadre pour le mesurer à travers diverses espèces animales, les chercheurs ont soutenu que chaque espèce pouvait être placée sur un continuum allant d’une stricte dominance masculine à une stricte dominance féminine, de sorte que les hypothèses concernant la façon dont les femelles ou les mâles peuvent s’autonomiser peuvent être mieux évalués.
Alors que pour les hommes, le chemin vers le pouvoir semble plutôt simple et direct, impliquant domination physique et coercition, pour les femmes, les méthodes d’établissement du pouvoir social sont plus diverses, impliquant des voies physiologiques, morphologiques, comportementales et socio-écologiques.
Dans le cas des espèces où les femelles sont dominantes, comme les bonobos, les hyènes ou les lémuriens, le contrôle de la reproduction (contrôle du moment et avec quels partenaires s’accoupler) semble être la principale stratégie pour assurer le pouvoir. Cela se traduit par une résistance à l’accouplement, par la promiscuité ou encore, dans le cas des hyènes, par l’évolution d’organes génitaux spécialement conçus pour les femelles afin de contrôler la fécondation.
« Nous espérons que ce cadre sera utilisé pour quantifier le pouvoir intersexuel dans des contextes reproductifs et sociaux et pour faciliter l’étude et la comparaison des relations de pouvoir intersexuelles au sein des sociétés de mammifères, peut-être même en incluant les humains », concluent les auteurs.
Par Andreï Ionescu, Espèces-menacées.fr Rédacteur
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