Les chats ont des oreilles très sensibles et réagissent souvent à la présence de proies potentielles qu’ils peuvent entendre mais ne peuvent pas voir. Dans des études antérieures, il a été démontré que les chats font des représentations mentales d’objets qu’ils ont vus, mais qui disparaissent ensuite de leur vue. Ces tests de permanence des objets présentent toujours aux sujets des informations visuelles et n’ont jamais étudié la capacité d’un chat à localiser un autre individu grâce à l’utilisation de vocalisations.
Dans une étude récente menée par des chercheurs japonais, des chats domestiques ont reçu des signaux auditifs provenant de la voix de leur propriétaire, d’un chat familier ou d’une source non sociale telle que des sons électroniques. Au départ, les chats étaient habitués au son alors qu’il était diffusé cinq fois depuis un haut-parleur proche (haut-parleur A).
Après une première accoutumance, les chats ont été exposés à l’une des quatre conditions expérimentales différentes : ils ont reçu le même son provenant du même endroit, le même son provenant d’un endroit différent (haut-parleur B, à plus de 4 m), un son différent de le même endroit ou un son différent provenant d’un endroit différent (enceinte B). Les réponses comportementales à ces tests ont été enregistrées sur des caméras vidéo installées dans les salles expérimentales.
Les chercheurs ont émis l’hypothèse que si un chat identifie un individu familier (propriétaire ou chat familier) à partir d’une vocalisation et cartographie mentalement l’emplacement de cet individu familier, il devrait alors être « surpris » lorsque la même vocalisation est ensuite entendue depuis un endroit différent. Cela simulerait une « téléportation impossible » du propriétaire ou du chat familier. Si les chats ne forment pas de cette manière des représentations cognitives de la localité du propriétaire ou d’un autre chat, alors ils ne seront pas surpris lorsque la localité de l’individu change apparemment.
Le résultat comportemental de « surprise » a été évalué par des évaluateurs indépendants qui ont regardé les séquences vidéo enregistrées au cours de chaque essai. Ils ont évalué la réponse surprise de chaque chat en évaluant une combinaison de comportements, notamment bouger les oreilles, changer la direction de la tête, regarder vers le haut-parleur A (la source initiale du son) et se déplacer dans la pièce.
Les résultats ont montré que les chats étaient plus surpris lorsque la voix de leur propriétaire était d’abord entendue d’une localité (locuteur A), puis immédiatement d’une autre localité (locuteur B). Cela indiquait que les chats maintenaient une représentation de leur propriétaire invisible à partir de sa seule voix et s’attendaient à ce que le propriétaire se trouve à l’endroit de la vocalisation la plus récente. Les chats ont été surpris par l’apparente téléportation du propriétaire vers un nouvel emplacement.
En revanche, les chats n’ont montré aucune surprise lorsqu’un chat familier a apparemment été téléporté vers un nouvel endroit. Ils ont cependant été surpris en entendant le son « miaou » d’un chat différent provenant d’un endroit différent. Les chats sont des organismes solitaires qui s’intéressent à la présence d’autres congénères, principalement pour les combattre hors de leur territoire ou pour s’accoupler avec eux. Ceci explique la réponse comportementale dans ces conditions expérimentales.
Les chats exposés à des sons électroniques non sociaux n’ont ressenti aucune surprise lorsque les sons se déplaçaient inexplicablement vers un nouvel emplacement.
Les résultats, publiés aujourd’hui dans la revue PLOS, soutiennent l’idée selon laquelle les chats cartographient mentalement l’emplacement de leur propriétaire à partir d’indices vocaux et sont surpris lorsque le propriétaire se présente inexplicablement à un endroit différent. Cela correspond à des études antérieures montrant que les chats peuvent former des images mentales d’objets qu’ils ont vus mais qui leur sont ensuite cachés.
Les auteurs de l’étude concluent que la formation de représentations mentales du monde extérieur, puis la manipulation de ces représentations avec souplesse, constituent une caractéristique importante de la pensée complexe et un aspect fondamental de la cognition. Ils affirment que la poursuite des recherches comparatives sur cette capacité peut aider à faire la lumière sur la façon dont l’intelligence a évolué chez diverses espèces et sur l’influence potentielle de facteurs écologiques.
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Par Alison Bosman, Espèces-menacées.fr Rédacteur
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