Une nouvelle étude publiée dans la revue Science ont étudié comment le cerveau des chauves-souris frugivores égyptiennes traite les interactions de groupe complexes. Les chercheurs ont découvert que, dans le cerveau individuel, différents ensembles de neurones étaient utilisés pour faire la distinction entre les vocalisations émises par soi-même et celles des autres, ainsi qu’entre les différents individus du groupe. Dans le cerveau de plusieurs chauves-souris, les vocalisations provoquaient souvent des schémas de synchronisation neuronale qui restaient stables au fil des semaines d’interaction.
Les chauves-souris frugivores égyptiennes sont des créatures très sociales, passant la journée ensemble avec des centaines ou des milliers d’autres chauves-souris dans des grottes ou des crevasses étroites. Pendant ces heures, ils vocalisent pour se chamailler à propos de la nourriture, des partenaires d’accouplement ou des espaces de couchage.
« Ces chauves-souris vivent très longtemps – elles vivent environ 25 ans – et passent pratiquement toute leur vie dans cette vie sociale de groupe. Ainsi, la capacité de vivre ensemble en groupe et de communiquer entre eux est une caractéristique inhérente de leur vie », a expliqué l’auteur principal Michael Yartsev, professeur adjoint de neurobiologie et de bio-ingénierie à l’Université de Californie à Berkeley.
En utilisant des appareils d’enregistrement neuronaux sans fil, les scientifiques ont suivi l’activité cérébrale des chauves-souris alors qu’elles interagissaient librement au sein de groupes et communiquaient entre elles. Ils ont découvert que dans le cortex frontal de chaque chauve-souris (une zone cérébrale connue pour médier les comportements sociaux chez les mammifères), différents ensembles de neurones étaient activés en fonction de celle des chauves-souris du groupe qui vocalisait.
« Ce qui intéressait ces neurones individuels, c’était : « Est-ce que je passe l’appel ? Ou est-ce que quelqu’un d’autre passe l’appel ? quel que soit le type de vocalisation. Les autres neurones n’étaient sensibles qu’au moment où une chauve-souris spécifique du groupe parlait », a expliqué le co-auteur Boaz Styr, chercheur postdoctoral au NeuroBat Lab de l’UC Berkeley.
De plus, les scientifiques ont découvert que les cerveaux des différentes chauves-souris avaient tendance à se synchroniser lorsqu’elles socialisaient. Ce degré de corrélation entre les cerveaux des membres du groupe dépendait de la chauve-souris qui vocalisait, certaines chauves-souris ayant une synchronisation plus forte avec des individus spécifiques. Ces schémas inter-cérébraux ont duré des semaines, représentant vraisemblablement des relations sociales stables entre les chauves-souris.
Les modèles d’activité intra- et inter-cérébrales étaient modulés par la préférence sociale des membres individuels du groupe : les chauves-souris préférant passer plus de temps avec les autres provoquaient une représentation de l’identité neuronale plus forte et des niveaux plus élevés de synchronisation cérébrale. Comprendre les bases neuronales qui expliquent pourquoi certains individus peuvent s’engager sans problème dans des interactions sociales, alors que d’autres sont constamment incompris ou ostracisés, pourrait avoir des implications majeures pour l’amélioration de la santé mentale humaine.
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Par Andreï Ionescu, Espèces-menacées.fr Rédacteur
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