Il existe une règle générale pour les vocalisations des mammifères : plus la corde vocale de l’animal est large, plus la fréquence fondamentale de la vocalisation est basse. Les grandes cordes vocales telles que celles trouvées chez les éléphants d’Asie fixent une limite supérieure à la fréquence fondamentale des sons qu’elles produisent.
Conformément à cette règle, la plupart des sons produits par les éléphants d’Asie sont des appels à basse fréquence – des trompettes et des grondements infrasoniques inférieurs au seuil de l’audition humaine. Des chercheurs du Université de Vienne étudient ces vocalisations depuis des décennies.
Les éléphants d’Asie – mais pas leurs cousins africains – émettent un grincement aigu qui ne peut, si la règle est respectée, être produit par leurs larges cordes vocales. Enquêterles experts ont analysé les grincements des éléphants d’Asie du Népal.
L’équipe de recherche a utilisé 48 microphones et une caméra spéciale qui traduit l’emplacement des sons en couleurs, semblable à une caméra à détection de chaleur. De cette manière, l’emplacement précis de chaque son a été visuellement cartographié au fur et à mesure de sa création.
Les chercheurs ont découvert que le grincement est créé par la gueule de l’éléphant et non par la trompe comme lors d’une trompette.
« Nos résultats suggèrent fortement que les éléphants d’Asie forcent l’air de la petite cavité buccale à travers les lèvres tendues, induisant une vibration auto-entretenue des lèvres. Hormis les cuivres humains, le bourdonnement des lèvres n’est décrit nulle part ailleurs dans le règne animal », ont écrit les auteurs de l’étude.
« Compte tenu de la complexité du mécanisme proposé, de l’absence surprenante de grincements chez la plupart des sujets non liés et de l’indication d’un contrôle volontaire, nous émettons l’hypothèse que la production de grincements implique un apprentissage social. »
La recherche conforte d’autres découvertes récentes qui montrent que les éléphants ont la capacité d’apprendre et de répéter les nouveaux sons qu’ils entendent. L’étude met en avant la souplesse vocale de l’éléphant ainsi que sa capacité d’apprentissage.
« Notre étude offre de nouvelles informations sur la manière dont la flexibilité vocale et cognitive permet aux mammifères de surmonter les limitations liées à la taille de la production sonore laryngée », ont déclaré les chercheurs.
« Cette flexibilité permet aux éléphants d’Asie d’exploiter une gamme de fréquences s’étendant sur sept octaves au sein de leur système de communication. »
L’étude est publiée dans la revue Biologie BMC.
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Par Zach Fitzner, Espèces-menacées.fr Rédacteur
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