Dans une nouvelle étude du Université d’East Anglia (UEA) et du British Antarctic Survey, des experts décrivent comment un réseau de zones marines protégées pourrait aider à sauvegarder les manchots de l’Antarctique. Selon les chercheurs, ces zones représentent l’une des zones de reproduction les plus importantes pour les manchots de l’Antarctique.
Les résultats montrent que si toutes les zones marines protégées (AMP) proposées dans l’océan Austral étaient adoptées, la conservation permanente de zones de haute qualité pour les manchots augmenterait de 49 à 100 pour cent, selon les espèces.
L’océan Austral abrite quatre espèces de manchots : les manchots Adélie, à jugulaire, papou et empereur. De nombreux habitats critiques des manchots restent non protégés, ce qui expose les animaux à des menaces d’origine humaine telles que la pollution et la surpêche. Par exemple, les manchots dépendent fortement du krill, de minuscules crustacés ressemblant à des crevettes, qui sont également ciblés par les grandes pêcheries commerciales.
Pour leur analyse, les chercheurs ont utilisé une nouvelle approche basée sur l’emplacement des colonies, les estimations de la population et les données de suivi. L’équipe a identifié des zones d’importance mondiale pour les espèces de manchots autour de l’Antarctique.
Au total, les experts ont identifié 63 sites clés connus sous le nom de zones importantes pour les oiseaux et la biodiversité (IBA). Ces sites entourent les colonies de reproduction de plusieurs milliers de manchots lorsque les animaux se rassemblent pour élever leurs poussins.
« Nos résultats fournissent des preuves cruciales sur l’emplacement et la pertinence de certaines des zones les plus importantes au monde pour les manchots adultes élevant des poussins et se reproduisant en Antarctique et dans les îles voisines », a déclaré l’auteur principal de l’étude, le Dr Jonathan Handley de Birdlife International.
« Au cours des cinq dernières décennies, les pêcheries de krill se sont concentrées dans un petit nombre de zones des eaux antarctiques, dont certaines que nous avons identifiées comme d’importantes zones d’alimentation des manchots. Cela constitue une menace probable pour plusieurs colonies de manchots, en particulier lorsqu’elles élèvent des poussins. »
En 1982, une convention internationale a été établie pour contrôler l’intérêt commercial croissant pour les pêcheries de l’Antarctique, en particulier les ressources de krill. La Commission pour la conservation de la faune marine de l’Antarctique (CCAMLR) a proposé la création d’un réseau d’AMP autour de l’Antarctique. Jusqu’à présent, seules deux de ces AMP ont été mises en œuvre et trois autres ont été discutées.
Le co-auteur de l’étude, le Dr Aldina Franco, a déclaré que la nouvelle recherche soutient l’adoption du réseau MPA.
« Des études récentes ont montré que les pêcheries de krill pourraient concurrencer directement les manchots pour les approvisionnements alimentaires essentiels », a déclaré le Dr Franco. « Le réseau d’aires marines protégées proposé, qui reconnaît des zones interdites à la pêche au krill, peut contribuer à garantir qu’il y a suffisamment de krill pour les manchots. »
« Les ressources marines doivent être gérées de manière durable si nous voulons garantir l’existence de ces espèces emblématiques de manchots à l’avenir », a ajouté Marie-Morgane Rouyer, co-auteure principale de l’étude.
L’étude a révélé que les manchots Adélie et empereurs ont actuellement environ 30 pour cent de leurs zones importantes au sein des AMP adoptées, les manchots à jugulaire en ont un pour cent et les papous n’en ont aucune. Si toutes les AMP proposées dans l’océan Austral étaient adoptées, en moyenne 80 pour cent des manchots de l’Antarctique auraient leurs principales aires de reproduction au sein d’une AMP.
L’étude est publiée dans la revue Frontières des sciences marines.
–—
Par Chrissy Sexton, Espèces-menacées.fr Rédacteur
0 réponse à “Les manchots de l’Antarctique ont besoin d’être protégés des activités humaines”