L’analyse de 131 articles sur les manchots a confirmé que les oiseaux marins ont besoin de protection. La recherche, publiée dans le numéro de septembre de Politique maritime, survient alors que l’ONU négocie un traité sur l’utilisation durable des zones internationales en haute mer.
« Dans le milieu marin, les États côtiers conservent généralement la gestion des eaux jusqu’à 200 milles marins de leurs côtes, mais au-delà, la haute mer, qui représente 64 pour cent de la surface de l’océan et 95 pour cent de son volume, est considérée comme un bien commun mondial. » a expliqué le premier auteur de l’étude, Jean-Baptiste Thiebot, chercheur à l’Institut national de recherche polaire.
« Les manchots sont pour la plupart des vagabonds océaniques : ils s’aventurent loin au large pendant une partie – ou la totalité – de leur stade de vie. Ainsi, même si le public ne considère pas les manchots comme des animaux voyageurs, nous montrons qu’ils sont en effet extrêmement mobiles. Cette mobilité élargit également l’éventail des menaces auxquelles ils peuvent être confrontés en mer, et notamment les activités humaines qui s’intensifient en haute mer. »
Selon Thiebot, une grande partie de ces déplacements de manchots est de grande envergure et implique une migration internationale.
« Les mouvements transfrontaliers, notamment vers des zones situées au-delà de la juridiction nationale, sont remarquablement répandus parmi les espèces de manchots : il y a au moins 120 cas de manchots, représentant 13 espèces, utilisant ces zones. Nous soulignons que chez 16 des 18 espèces examinées, les oiseaux peuvent entreprendre des migrations spectaculaires, de façon saisonnière ou à travers les étapes de leur cycle de vie.
En raison de leur mobilité, ainsi que du large éventail de menaces que représentent la pollution, la pêche et le changement climatique, Thiebot suggère qu’une conservation flexible est nécessaire.
« Nous montrons que l’utilisation des zones situées au-delà de la juridiction nationale par les espèces de manchots varie tout au long de l’année, un modèle dynamique soutenant la pertinence du développement d’outils de protection innovants, tels que les aires marines protégées mobiles », a déclaré Thiebot.
Bien que la recherche se soit concentrée sur les manchots, elle peut être considérée comme faisant partie d’un appel plus large à davantage de soins à l’égard de la haute mer.
« Le présent document fait partie d’un vaste effort mené par des scientifiques du monde entier pour expliquer les enjeux de la protection de cette biodiversité en haute mer. Dans le présent article, nous avons examiné dans quelle mesure les manchots utilisent la haute mer et dans quelle mesure la conservation des manchots peut dépendre de ces développements juridiquement contraignants.
Les scientifiques considèrent cet article comme la première étape de recherches supplémentaires nécessaires dans un avenir proche.
« En nous appuyant sur notre approche générale de première étape, des analyses plus approfondies seront nécessaires pour identifier exactement quels sites situés au-delà de la juridiction nationale sont prioritaires pour la conservation », a déclaré Thiebot.
« En attendant, l’expansion continue des études de suivi sera essentielle pour fournir une perspective plus complète sur l’utilisation des zones situées au-delà de la juridiction nationale par les manchots, selon les espèces, les sites et les saisons. »
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Par Zach Fitzner, Espèces-menacées.fr Rédacteur
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