Dans un développement révolutionnaire, le Dr Andrea Harvey de l’Université de technologie de Sydney (UTS) a conçu un cadre innovant et holistique. Ce modèle pionnier sert à évaluer le bien-être mental et psychologique des animaux sauvages, marquant une avancée significative dans le domaine du bien-être animal.
L’importance de cette étude est enracinée dans sa capacité à révolutionner les efforts de conservation. Traditionnellement, les efforts de conservation se sont fortement appuyés sur le suivi des chiffres de la population et des taux de réussite de la reproduction. Cependant, les recherches du Dr Harvey introduisent un nouvel angle dans le domaine, mettant l’accent sur la qualité de vie des animaux sauvages.
« Avec un changement de perspective, nous pouvons détecter les premiers signes de défis d’espèces et de diminutions de population, ouvrant la voie à des stratégies de conservation plus efficaces », explique le Dr Harvey.
Elle observe que bien qu’il y ait eu des recherches approfondies sur le bien-être des animaux domestiques et d’élevage, en se concentrant sur les états émotionnels tels que le stress, la douleur et la peur, la même attention n’a pas été accordée aux animaux sauvages. Le Dr Harvey vise à remédier à cette disparité, en faisant la lumière sur la vie individuelle, les sentiments et les expériences mentales des créatures sauvages.
Comment se fait la recherche
Ses recherches, qui font partie intégrante de sa thèse de doctorat au UTS Center for Compassionate Conservation, se concentrent sur les chevaux sauvages en liberté d’Australie, connus sous le nom de brumbies. Malgré son objectif initial, le modèle qu’elle a développé présente une approche flexible, permettant son application à une multitude d’espèces sauvages.
Le choix des brumbies pour l’étude était stratégique. Le bien-être des chevaux dans les environnements domestiques a été largement étudié, offrant une porte d’entrée inestimable dans le monde des animaux sauvages. Son étude a récemment été publiée dans la revue Animaux.
Le protocole en 10 étapes
La nouvelle approche du Dr Harvey, nommée « protocole en 10 étapes », englobe des indicateurs physiques et comportementaux. Il capture les expériences mentales négatives et positives chez les animaux sauvages, offrant une vue complète de leur bien-être.
« Si vous avez un chien, vous connaissez sa routine, ses préférences et son comportement dans différents scénarios. Vous pouvez dire s’ils sont heureux, tristes ou en détresse. Cette recherche prend cette compréhension et l’applique aux animaux sauvages », a expliqué le Dr Harvey.
« Nous ne saurons peut-être jamais complètement ce qu’un animal pense ou ressent. Mais nous savons que les expériences mentales découlent d’états physiques, et nous pouvons mesurer ces états.
Plusieurs éléments, dont la nutrition, l’environnement physique, la santé et les interactions comportementales, peuvent fournir des indices sur l’état mental d’un animal. Celles-ci vont d’expériences négatives telles que la soif, la faim, l’inconfort dû à la chaleur et au froid, la douleur, la fatigue, l’anxiété et la peur, à des expériences positives telles que la satiété, l’activité physique, la vitalité physique et les interactions sociales positives.
Cette approche inclusive fusionne diverses disciplines scientifiques, y compris les neurosciences, le comportement et la neuroéthologie – l’étude de la base neurale du comportement naturel d’un animal. Il utilise ces champs pour interpréter les données collectées et obtenir des informations sur le bien-être animal.
L’étude s’étend à de nombreux autres animaux
La collaboration actuelle du Dr Harvey s’étend aux chercheurs qui étudient les oiseaux aquatiques australiens, tels que l’ibis à cou de paille et les pélicans. En tant qu’indicateurs de la qualité de l’eau et de la santé des terres humides, ces oiseaux peuvent fournir des informations précieuses pour guider les décisions de gestion dans le bassin Murray Darling.
Le bien-être des koalas, officiellement déclarés en voie de disparition en Nouvelle-Galles du Sud, est également un point central. Contrairement aux recherches précédentes sur le koala qui se concentraient principalement sur la survie et la maladie, l’étude du Dr Harvey vise à évaluer le bien-être du koala de manière holistique, une perspective qui pourrait influencer les décisions politiques concernant la conservation et la protection de l’habitat.
De plus, le Dr Harvey travaille avec d’autres chercheurs sur le bien-être des kangourous et des dingos dans une station de terrain du sud du Queensland.
Cette étude se concentrera sur la relation prédateur-proie, ainsi que sur l’impact du changement climatique et du rétablissement de la sécheresse sur ces espèces. Chaque espèce animale apporte avec elle des défis uniques, y compris l’identification des individus, l’évaluation des expériences mentales dans de grandes populations et des considérations pour différents environnements et habitats.
Tâche incroyablement complexe
Étudier les expériences mentales des animaux sauvages est une tâche complexe. L’absence de relations étroites homme-animal et la difficulté d’observer les animaux sauvages pendant de longues périodes posent des défis importants. Cependant, le Dr Harvey a mis à profit des méthodes innovantes telles que les pièges photographiques à distance pour collecter des données détaillées sur le comportement des animaux sauvages, y compris la posture corporelle et les expressions faciales.
Les recherches pionnières du Dr Harvey pourraient entraîner un changement transformateur dans le domaine de la biologie de la conservation, offrant des informations précieuses sur les expériences mentales des animaux sauvages et en voie de disparition.
Elle conclut : « Les évaluations du bien-être doivent faire partie de toute surveillance de la faune et, en fin de compte, de toute prise de décision en matière de politique environnementale. Il est essentiel de considérer non seulement les espèces individuelles, mais aussi les interactions entre les différentes espèces et leurs écosystèmes.
Dans leur ensemble, les travaux du Dr Harvey représentent une étape importante dans l’amélioration de notre compréhension du bien-être des animaux sauvages. Elle ouvre de nouvelles voies pour intégrer le bien-être animal dans les efforts de conservation et les décisions politiques. Les résultats de cette recherche pourraient potentiellement redéfinir la façon dont nous percevons et abordons le bien-être de la faune, offrant une perspective plus empathique pour voir la vie de ces créatures.
En savoir plus sur les émotions animales
Les émotions animales, souvent sujettes à de nombreux débats, constituent un domaine d’étude en pleine croissance au sein de la discipline plus large du comportement et de la cognition animale. Il y a plusieurs points clés à considérer :
Existence d’émotions
Le consensus scientifique soutient de plus en plus l’idée qu’au moins certains animaux éprouvent probablement des émotions. Ces animaux comprennent souvent des mammifères et des oiseaux, car ils présentent des comportements qui semblent refléter les réponses émotionnelles humaines.
Cependant, la nature précise et la complexité de ces émotions sont encore largement inconnues et font l’objet de recherches en cours.
Comportements liés aux émotions
De nombreux animaux présentent des comportements associés à diverses émotions. Les chiens remuent la queue lorsqu’ils sont heureux, ronronnent ou sifflent pour montrer leur contentement ou leur mécontentement, et de nombreux animaux montrent des signes de détresse lorsqu’ils sont séparés de leurs groupes sociaux. Certains animaux montrent également des signes de chagrin lorsqu’ils perdent un compagnon proche.
Preuve neurologique
De nombreux animaux ont des structures cérébrales similaires à celles des humains, qui sont impliquées dans le traitement des émotions. Par exemple, l’amygdale et d’autres parties du système limbique sont associées au traitement émotionnel chez l’homme, et ces structures se retrouvent également chez de nombreux autres mammifères. Cela suggère que ces animaux peuvent avoir la capacité d’éprouver des émotions.
Stress et peur des animaux
Les réponses au stress et à la peur ont été bien documentées chez les animaux. Ces réponses peuvent souvent être mesurées physiologiquement, par des changements dans la fréquence cardiaque, les niveaux de cortisol et d’autres hormones de stress.
Émotions positives
Il existe également des preuves suggérant que de nombreux animaux peuvent ressentir des émotions positives. Par exemple, on a observé que des rats « riaient » ou émettaient des gazouillis spécifiques lorsqu’ils jouaient ou étaient chatouillés. Certains animaux montrent également des signes de plaisir lors d’interactions sociales ou lors de l’exploration de leur environnement.
Empathie et altruisme
Certains animaux montrent des comportements révélateurs d’empathie ou d’altruisme, suggérant qu’ils pourraient être capables de réactions émotionnelles complexes. Par exemple, les rats travailleront pour libérer un compagnon de cage piégé, même s’ils peuvent obtenir une récompense alimentaire à la place.
Personnalité animale
Les animaux de nombreuses espèces présentent des différences individuelles de comportement qui sont constantes dans le temps, un concept souvent appelé personnalité animale. Ces différences de comportement pourraient être liées à des différences dans les expériences ou les réponses émotionnelles.
Anthropomorphisme
Il est important d’éviter l’anthropomorphisme – attribuant des caractéristiques humaines aux animaux – lors de l’étude des émotions animales. Bien qu’il soit tentant d’interpréter les comportements des animaux à travers une lentille humaine, nous devons être prudents en le faisant. Les animaux peuvent ressentir des émotions, mais ces émotions peuvent ne pas être exactement comme les émotions humaines.
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