Le roi de la savane n’a jamais été autant menacé. En plus de la disparition de son habitat et des proies, des conflits avec l’homme – qui prennent souvent la forme d’empoisonnements de masse – et, dans une moindre mesure, de la chasse, les lions d’Afrique (Panthera leo) font désormais face à une menace grandissante : le braconnage.
Un braconnage ciblé
Comme les rhinocéros pour leurs cornes, les éléphants et les hippopotames pour leur ivoire, les lions sont très recherchés par les braconniers pour seulement certaines parties de leur corps. Des parties qui se vendent ensuite à prix d’or.
C’est en tout cas ce que révèle une étude publiée dans Biodiversité et Conservation en octobre 2019. Se basant sur l’observation des lions sur le terrain, dans le sud de l’Afrique entre 2011 et 2018, les scientifiques de Panthera qui ont mené cette étude ont « désormais la preuve qu’une nouvelle menace émerge : le braconnage ciblé ».
Au cours de la période étudiée, 35 % des lions tués par l’homme l’auraient été dans l’unique but de récupérer certaines parties de leurs corps. Un chiffre qui grimpe à 61 % au sein du parc national Limpopo, au Mozambique, pendant l’année 2014. Même les lions abattus en représailles sont concernés puisque des parties ont été prélevées sur 48 % d’entre eux.
Les griffes, les dents et les os
Toujours selon l’étude, il semblerait que les parties ciblées soient, en priorité, les griffes et les dents des lions. Ce sont celles qui sont les plus souvent prélevées et qui se trouvent régulièrement parmi les saisies des autorités.
Pourquoi cette nouvelle forme de braconnage ? Difficile encore de le savoir, mais il se pourrait que les tigres étant davantage protégés – leur population sauvage est même en augmentation au Népal et en Inde –, les braconniers se tournent vers les lions pour continuer d’alimenter la demande, toujours très soutenue.
D’après le New York Times, certaines pièces de lions sont ainsi exportées depuis l’Afrique du Sud à destination de l’Asie où elles sont commercialisées sous la forme de pièces de tigres, très prisées par de nombreux consommateurs.
D’autres parties du corps du lion sont également recherchées, comme les os par exemple. Il semblerait également que la chair, la graisse, la peau, les yeux et certains organes comme le foie, le cœur et les reins servent lors de rituels ou dans la médecine traditionnelle, comme c’est le cas par exemple au Nigeria.
La disparition de lion d’Afrique
« Cette menace supplémentaire pèse sur l’avenir des populations sauvages et met en danger les mesures de conservation prises à l’heure actuelle », avertissent les scientifiques. S’il est pour l’instant classé « vulnérable » par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), le lion a toutefois vu ses effectifs chuter drastiquement au cours des dernières décennies.
En cinquante ans, 75 % des lions d’Afrique auraient disparu, et 43 % au cours de 21 dernières années. Aujourd’hui, ils ne seraient plus que 32.000 dans toute l’Afrique.
La sous-population des lions d’Afrique de l’ouest est particulièrement menacée, avec moins de 400 individus encore existants dans la nature. La grande majorité d’entre eux vit dans le complexe W-Arly-Pendjari, entre le Niger, le Burkina Faso et le Bénin.
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