Ce jeudi 14 septembre, l’UICN a mis à jour sa liste rouge des espèces menacées ; cette dernière, reconnue comme l’un des indicateurs clés de suivi de la biodiversité dans le monde, compte désormais 87 967 espèces animales et végétales. Parmi elles, 25 062 sont menacées d’extinction et 2 766 espèces animales sont classées « en danger critique d’extinction ».
Bilan contrasté pour le léopard des neiges, les antilopes et les chauves-souris
Les premières conclusions de la mise à jour de l’UICN confirment une tendance bien connue en Afrique : les grands mammifères sont à la peine. Plusieurs antilopes n’étaient jusqu’alors pas considérées comme menacées et ont vu leur situation se dégrader, comme par exemple :
- l’éland géant (Taurotragus derbianus) : plus grande antilope d’Afrique, il a hérité du statut « Vulnérable » à l’extinction : il reste moins de 10 000 individus matures et l’espèce décline du fait du braconnage ou du développement des activités humaines (élevage, agriculture…), qui réduisent peu à peu son territoire.
- Le cobe de montagne (Redunca fulvorufula) : il entre directement sur la liste rouge avec le statut « en danger » d’extinction. Ses effectifs ont été divisés de moitié dans la partie sud de son aire de répartition et « un déclin similaire dans le reste de cette dernière est probable« .
- La gazelle d’Arabie (Gazella arabica) : si les données concernant cette espèce étaient auparavant jugées « insuffisantes », cette petite gazelle de la péninsule arabique est maintenant dans la catégorie « vulnérable ».
Depuis 2014, le nombre de mammifères classés « en danger critique d’extinction » est toutefois en diminution : de 209 en 2015 et 204 en 2016, il est désormais passé à 199. La différence de 5 espèces s’explique cette année par trois cas de figure :
- Le premier concerne la pipistrelle de l’île Christmas, une espèce de chauve-souris endémique de l’île Christmas, dans l’océan indien : l’espèce a tout simplement officiellement disparu. Commun jusque dans les années 1980, ce mammifère a vu ses effectifs chuter en l’espace de trois décennies ; le dernier spécimen connu a disparu en août 2009 et depuis, malgré les recherches, aucun autre individu n’avait pu être trouvé.
- Le second concerne notamment le céphalophe d’Ader, petit bovidé essentiellement présent en Tanzanie, ainsi que deux espèces de chauve-souris (Pteropus pselaphon au Japon et Pteropus rodricensis principalement dans les Mascareignes, archipel de l’océan Indien) et deux espèces de rongeurs (Crateromys australis aux Philippines et Habromys delicatulus au Mexique). Grâce aux dernières informations, l’UICN a pu reclasser ces cinq espèces dans des catégories mineures.
- Enfin, Urocitellus brunneus, un rongeur endémique de l’Idaho aux Etats-Unis, a chuté de « Vulnérable » à « En danger critique d’extinction ».
Le bilan est donc plutôt contrasté pour les défenseurs des mammifères, mais il est accompagné par une information de taille concernant le léopard des neiges (Panthera uncia) : ce grand félin a été déplacé de la catégorie « en danger » d’extinction vers « vulnérable » ! Bien qu’il reste beaucoup à faire, les efforts de lutte contre le braconnage et les programmes de sensibilisation portent leurs fruits : de nouvelles études montrent que l’aire de répartition de l’espèce s’est étendue.
Reptiles, amphibiens, poissons et invertébrés : la liste rouge s’allonge
Grâce à la multiplication des travaux concernant les reptiles et les amphibiens, de nombreuses nouvelles informations sont collectées et confirment une tendance que l’on devinait : ces catégories d’animaux sont plus que jamais en péril. 96 reptiles et 32 amphibiens supplémentaires sont désormais considérés comme menacés d’extinction. L’UICN a également officiellement établi la disparition d’une espèce de reptile (Scelotes guentheri) découverte en 1887 en Afrique du sud ; aucun spécimen n’avait été observé depuis 120 ans.
Les poissons semblent quant à eux être relativement épargnés : bien qu’en augmentation, le nombre d’espèces menacées est passé de 1791 en 2016 à « seulement » 1805 en 2017. Quant aux oiseaux, une seule espèce a profité de la mise à jour de l’UICN : la chouette de Butler (Strix butleri), qu’il est possible d’observer à Oman, dans la péninsule arabique, est passée de « Préoccupation mineure » à « données insuffisantes ».
Enfin, la mise à jour de la liste rouge a largement concerné une catégorie d’espèces qui, malgré son importance capitale, attire peu l’attention du grand public : les invertébrés. L’UICN évoque notamment la situation à Madagascar, une île très fortement touchée par la déforestation. « Près de 40 % » des 71 espèces endémiques de sauterelles pygmées y sont aujourd’hui menacées de disparition, et 10 % d’entre elles sont même entrées directement sur la liste avec le statut « en danger critique » d’extinction ! Ce statut est également porté par 27 des 145 espèces de myriapodes (plus communément appelés « mille-pattes ») endémiques de l’île. La liste rouge de l’UICN intègre aujourd’hui 742 espèces animales évoluant à Madagascar, ce qui en fait l’un des cinq pays du monde dénombrant le plus d’espèces menacées.
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