Le « Museum of Life and Science » de Caroline du Nord tire la sonnette d’alarme pour l’une des espèces les plus menacées des Etats-Unis – Canis rufus – le loup rouge ou loup roux. Avec seulement 40 animaux dans la nature, le canidé pourrait s’éteindre dans moins de huit ans.
Le destin tourmenté du loup rouge aux Etats-Unis
Le loup gris menacé en France n’a rien à envier à son cousin le loup roux, espèce endémique des Etats-Unis. Éteint à l’état sauvage dans les années 1960 après des décennies de chasse par les éleveurs de bétail, les 400 derniers loups rouges ont profité de la mise en place d’un programme d’élevage en captivité en 1969. Problème : la plupart des animaux sont le fruit d’une hybridation entre Canis rufus et Canis latrans, le coyote. Physiquement, les animaux sont très proches, le loup roux est légèrement plus gros que Canis latrans et son pelage est très ressemblant. Finalement, seuls 14 individus au patrimoine génétique pur ont été retenus pour perpétuer l’espèce. Plus de vingt ans plus tard, à partir des années 1990, le « United States Fish and Wildlife Service » (USFWS) a débuté les réintroductions des descendants de ces membres fondateurs dans l’est de la Caroline du Nord. En 2013, le programme est une réussite et 120 loups rouges sont dénombrés dans la nature et 200 en captivité. Mais cinq ans après, déjà, tout s’effondre. Un nouveau comptage révèle qu’il ne reste plus que 40 spécimens.
Les détracteurs de Canis rufus en ordre de bataille
La roue tourne le 1er août 2012 pour le loup rouge. Le gouvernement américain autorise l’abattage nocturne des coyotes, considérés comme une espèce nuisible. Mais dans l’obscurité, difficile de différencier un coyote d’un loup. En novembre de la même année, quatre loups ont déjà été abattus. Par erreur ? Rien n’est moins certain. En effet, le programme de réintroduction de Canis rufus connait de nombreux détracteurs, plusieurs sénateurs ayant déjà déposé des projets de loi pour mettre fin au projet, remettant en cause l’utilité de sauver l’espèce. En 2013, le « United States Fish and Wildlife Service » va jusqu’à promettre 2 500 $ de récompense pour toute information sur la mort par balle d’un loup roux, le dixième tué illégalement en 14 mois.
Observable uniquement aux Etats-Unis, Canis rufus est classé « en danger critique d’extinction » depuis 1996 par l’UICN et protégé par la Loi sur les espèces en voie de disparition américaine. Les personnes reconnues coupables d’avoir tué un spécimen risquent un an de prison et 100 000 $ d’amende.
Pourtant, quelques années seulement suffisent à diviser par trois la population sauvage de loups roux. Avec 40 individus, l’espèce est plus que jamais menacée. Le « Museum of Life and Science » de Caroline du Nord estime qu’elle pourrait même s’éteindre sous huit ans.
Le casse-tête génétique de la reproduction en captivité
Comme le miro des Chatham ou le léopard de l’amour, le programme de reproduction du loup roux repose sur seulement une dizaine d’individus fondateurs. Un casse-tête génétique pour les 43 institutions américaines qui comptent des membres de l’espèce. Reproduire les jeunes femelles avant qu’elles ne prennent de l’âge, privilégier les gênes rares et les individus robustes, veiller sur les louveteaux en intervenant le moins possible pour ne pas habituer les loups à la présence de l’Homme et bien sûr éviter la consanguinité sont quelques-unes des règles à suivre. Autre problème : le manque de place. Les loups sont des animaux territoriaux et ont besoin de vastes espaces, ce qui entre parfois en contradiction avec le programme de reproduction : « L’année dernière, nous avions une famille de six membres vivant dans un enclos construit pour deux, peut-être trois loups », explique Sherry Samuels, directrice au « Museum of Life and Science » de Caroline du Nord. Surtout que depuis 2015, les réintroductions ont été suspendues, le temps pour le département d’Etat de faire le point sur le programme de conservation de l’espèce.
par Cécile Arnoud
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