Heureuse nouvelle pour Lynx pardinus, plus communément appelé lynx pardelle ou lynx ibérique : la population sauvage de l’espèce continue d’augmenter. D’après Mongabay, elle viendrait même de passer un seuil symbolique : celui des 1000 individus.
L’extinction évitée de justesse
Pourtant il y a encore quelques années, on ne donnait pas cher de la peau de ce lynx, qui est l’espèce de lynx la plus menacée de toutes avec la sous-espèce du lynx des Balkans. Moins de 20 ans en arrière, Lynx pardinus avait même complètement disparu du Portugal et ne comptait qu’une centaine de représentants en Espagne, alors que ce félin de taille moyenne était encore largement répandu au début du siècle dernier avec pas moins de 100.000 individus dans la nature.
Malheureusement comme c’est le cas pour de nombreux grands prédateurs – le loup et l’ours – le lynx n’a pas tiré avantage de sa cohabitation avec l’homme. Bien au contraire. Le braconnage et la disparition de son milieu naturel au profit des activités humaines – agriculture et urbanisation en tête avec, entre autres, les collisions routières – ont contribué à son déclin important tout au long du XXème siècle.
Le lynx pardelle a également dû faire face à la raréfaction de ses proies favorites : les lapins sauvages. Ces derniers – qui composent habituellement 75 % à 90 % du régime alimentaire du lynx – ont fortement décliné, décimés par des maladies mortelles, dont la myxomatose. Ce virus originaire d’Amérique du Sud a été inoculé volontairement par l’homme en Europe pour tenter de réguler les populations de lapins sauvages. Mais sa propagation est vite devenue incontrôlable au point que plus de 90 % des lapins ont disparu en un temps record. Une véritable catastrophe pour tous ses prédateurs comme le lynx.
Des efforts qui portent leurs fruits
Si rien n’avait été entrepris, le lynx ibérique serait probablement éteint à l’heure qu’il est. Mais grâce à des efforts soutenus pour sa conservation – dans le cadre du programme Life Lince, renommé Iberlince –, le lynx pardelle va désormais mieux. Régulièrement, sa population sauvage a augmenté, éloignant progressivement l’espèce de l’extinction.
Alors qu’ils étaient 150 en 2007, les lynx ibériques étaient 319 cinq ans plus tard en 2013. Et les chiffres ont continué de grossir : 327 individus en 2014, puis près du double trois années plus tard avec environ 600 lynx ibériques en 2017 et 855 en 2019. Aujourd’hui, ils seraient aux alentours de 1000.
Grâce à des réintroductions – quatre centres sont dédiés à la reproduction de l’espèce (trois en Espagne et un au Portugal) –, l’espèce est même de retour au Portugal depuis 2016. En 2014, l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) a amélioré son statut de conservation, faisant passer Lynx pardinus de la catégorie « en danger critique » (CR) à « en danger » (EN).
Mais de simples réintroductions n’auraient pas suffi à mettre l’espèce sur la voie du rétablissement. Si le programme de conservation du lynx pardelle a réussi, c’est parce qu’en plus, des actions ont été menées pour limiter les différentes menaces pesant sur ce félin. A commencer par le rétablissement d’une population de lapins sauvages, mais aussi une collaboration accrue avec les exploitants privés détenant les parcelles où vivent majoritairement les lynx ibériques à l’état sauvage. Des zones entières de son aire de répartition historique ont par ailleurs été reboisées et reliées entre elles par des couloirs fauniques, évitant ainsi aux félins de traverser les axes routiers, mortellement dangereux.
Un exemple pour le lynx en France ?
Bien qu’ils n’appartiennent pas à la même espèce, les efforts de conservation pour sauver le lynx ibérique pourraient servir d’exemple au lynx boréal, présent en France. Car dans l’hexagone, aussi, le félin est très menacé. Pour autant, contrairement à son cousin ibérique – dont le programme de conservation est désormais reconnu comme un succès –, il ne parvient pas vraiment à se rétablir.
Aujourd’hui, une petite centaine de lynx vivraient en France, essentiellement dans le Jura. Malgré des réintroductions, la population vosgienne n’a pas résisté aux pressions de braconnage. Et ailleurs, les braconniers ainsi que les collisions routières continuent de peser lourdement sur l’espèce.
Malgré ces menaces, les mesures de conservation peinent à se mettre en place. Aucune réintroduction ne s’est produite depuis près de 30 ans. Y compris pour les lynx tués intentionnellement par l’homme. Par ailleurs, un premier plan national d’actions (PNA) devrait voir le jour en 2021, mais il n’est pas encore lancé qu’il crée déjà des tensions entre les associations de défense du lynx et les fédérations de chasse.
1 réponse to “Le lynx ibérique en passe de retomber sur ses pattes”
13.06.2021
John vantighemLe Lynx Ibérique à le lapin comme menus. Alors la difficulté si le Lapin est en abondance, pas de problème