Le Chili est en train de vivre la plus grande catastrophe écologique de son histoire. Appelé « marée rouge », ce phénomène inquiétant est en train de se propager dans l’océan Pacifique. 300 km de côtes chiliennes sont déjà touchés et cela va encore empirer.
Des milliers d’animaux morts, un pan de l’économie sinistré
Des animaux morts par centaines sont rejetés chaque jour par l’océan sur les côtes chiliennes. Oiseaux marins, poissons, crabes, mollusques sont les premiers touchés par cette catastrophe écologique sans pareil. Cette « marée rouge » qui sévit maintenant depuis plusieurs mois est constituée d’algues toxiques, Alexandrium Catenella, qui se multiplient et infectent les habitants des océans. Les oiseaux qui se nourrissent en mer sont également touchés et par ricochet les hommes. L’ingestion d’un poisson ou d’un fruit de mer contaminé peut tuer un homme s’il n’est pas pris en charge dans les plus brefs délais.
Le point de départ de ce désastre écologique se situe dans l’archipel de Chiloé, au sud du Chili. Sur ces îles, plus de 80 % de la population de 160 000 habitants vit de la pêche. En début d’année, les habitants commencent à apercevoir les premières algues rouges dans l’océan. Rien d’inquiétant encore, les médias locaux n’en parlent presque pas. Mais le phénomène empire et s’étend de l’archipel de Chiloé vers le nord jusqu’à toucher les côtes chiliennes sur plus de 300 km. Pour tout le secteur maritime, la situation est catastrophique. Suite au phénomène de marée rouge, une alerte sanitaire est lancée. Le Grande Chiloé, la principale île de l’archipel, est déclarée sinistrée. Les pêcheurs ne peuvent plus partir en mer, les étals de poissons sont vides, tout l’équilibre économique est bouleversé…
Les pêcheurs de Chiloé manifestent depuis plusieurs semaines pour recevoir de l’Etat un dédommagement financier acceptable. Michelle Bachelet, la présidente de la République chilienne, s’est engagée à verser 395 euros par travailleur touché, puis la moitié de cette somme durant les trois prochains mois. Parce que oui, la « marée rouge » n’a pas encore terminé ses ravages. Les scientifiques chiliens estiment qu’elle continuera à s’étendre encore pendant quatre longs mois avant d’être endiguée.
« Marée rouge » : une cause officielle qui fait controverse
A travers le monde, la catastrophe écologique ne fait pas recette. Seul Greenpeace a pris le problème à bras le corps et a envoyé une équipe de recherche sur place pour tenter de trouver les causes du problème, mais également pour soutenir les populations locales dans leur conflit contre le gouvernement. Un nouveau bras de fer se dessine quant aux causes du phénomène de « marée rouge ». Si l’Etat chilien accuse le réchauffement climatique et « El Nino » de la montée d’acidité de l’eau et de la prolifération des algues, l’organisation non gouvernementale internationale (ONGI) penche, comme les locaux, pour un empoisonnement de l’eau dû au déversement de 5 000 tonnes de saumons en décomposition par les centres d’élevages situés tout autour de l’île de Chiloé.
Ce n’est pas la première fois que ces élevages sont pointés du doigt. Les pêcheurs traditionnels se plaignent depuis plusieurs années de la dégradation de la qualité de l’eau de l’océan Pacifique près de leurs côtes. La forte concentration en produits chimiques et en antibiotiques crée une pollution maritime qui affecte tout l’écosystème aquatique depuis plusieurs mois. En 2015 et début 2016, plusieurs échouages massifs et impressionnants ont eu lieu sur les côtes chiliennes : des centaines de baleines mortes, des milliers de calmars et maintenant des poissons, crustacés et oiseaux…
0 réponse à “Une marée rouge dévastatrice empoisonne le Chili”