En 2012, nous vous présentions le phoque moine de Méditerranée dont la population avait sévèrement chuté à cause de la chasse et de la persécution de l’Homme qui n’a vu en lui qu’un concurrent de pêche. Il faut dire que ce phoque est particulièrement gourmand et doit absorber 15 kilos d’aliments chaque jour pour survivre. Cinq ans plus tard, que devient l’espèce ?
Le phoque moine de Méditerranée : l’ennemi des pêcheurs
Autrefois très commun en Méditerranée, mer noire et Atlantique nord, Monachus Monachus est un sympathique mammifère de la famille des pinnipèdes qui comprend également les otaries et les morses. Espèce vorace, ce mammifère présente un régime alimentaire extrêmement large : poissons, crustacés, mollusques, algues… même des restes de tortues vertes ont été retrouvés dans l’estomac de cet ogre des mers. Malheureusement, la Méditerranée étant très impactée par le phénomène de surpêche, les phoques ont de plus en plus de mal à se nourrir. Autre menace très importante, l’impact de la présence anthropique sur le comportement de l’animal. Normalement, ces phoques se reposent et mettent bas sur les plages sablonneuses du littoral méditerranéen, mais la pression croissante et l’omniprésence humaine ont fini par faire fuir ces mammifères de nos plages, obligeant les femelles à se retrancher dans des grottes marines dangereuses pour donner naissance à leur petit.
Ces menaces cumulées, la population de Monachus Monachus s’est effondrée et l’espèce a été classée en danger critique d’extinction en 1996.
Aujourd’hui, la situation de Monachus Monachus s’améliore
En 2012, on estimait qu’il n’existait plus que 200 phoques moines de Méditerranée mais en 2015 Monachus Monachus a fait l’objet d’une nouvelle évaluation de la part de l’UICN. S’appuyant sur le travail d’ONG comme MOm, l’association grecque pour l’étude et la protection du phoque moine, l’UICN a estimé que son évaluation précédente, qui datait de 2008, surestimait peut-être le déclin de la population de phoques moines sur les 30 dernières années. Une population qui est aujourd’hui pressentie entre 350 et 450 individus matures principalement répartis en Méditerranée orientale : en Grèce, à Chypre, en Turquie ou sur les côtes africaines.
Autre signe encourageant, une femelle gestante a été retrouvée décédée en mars 2015 sur la côte libanaise. Si la mort de l’animal n’est bien sûr pas une bonne nouvelle, sa présence dans ces eaux est une véritable surprise ! L’espèce était considérée comme localement éteinte sur cette côte. Le fait que l’animal était gestant prouve par ailleurs qu’il ne s’agit pas d’un individu isolé. Même son de cloche dans l’archipel sicilien des îles Egades où l’espèce est observée régulièrement depuis 2011. La même année, une île de la mer Egée avait été envahie par une colonie de phoques moines qui, pour une fois, retrouvaient leur comportement naturel et s’exposaient sur les plages. Un comportement devenu très rare pour ces animaux qui goûtent enfin à la tranquillité.
Ces faits encourageants ont permis à l’UICN de changer le statut de menace de Monachus Monachus de « en danger critique d’extinction » à « en danger ». Son cousin le phoque moine d’Hawaï connait lui aussi une hausse de ses effectifs et a donc suivi le même chemin dans le classement de l’institution internationale.
Cependant, ce changement de statut ne saurait faire oublier les menaces que connaissent encore aujourd’hui les phoques moines de Méditerranée. Près de 50 % des spécimens adultes retrouvés morts ont été tués intentionnellement par l’Homme et 46 % des jeunes phoques décédés sont victimes de captures accidentelles dans des engins de pêche. Des menaces qui, malgré l’important travail de sensibilisation du public réalisé par les associations, n’ont toujours pas été enrayées.
2 Réponses to “La Méditerranée compte sans doute plus de phoques moines que prévu”
27.02.2020
BoeschLe phoque moine a déjà une bonne tête qui devrait nous émouvoir.
Si Triste d’apprendre qu’il est tué exprés à 50/100 par des pêcheurs..
Je prépare un spectacle sur la mer à partir d’un conte en partie imaginé pour émouvoir le public en vue de faire prendre conscience de notre impact sur le monde marin.
Et donc je me documente…..
Je mettrai en scène un fils de pêcheur qui ne veux plus continuer le métier de son père.
Il sauve des plastiques 1 hippocampe puis un phoque (au lieu du dauphin que j’avais choisi au départ) et une tortue.Et SEDNA apparaîtra…Et puis et puis…..
Ce sera lors du Festival nature à Collobrières, fin mai.
Ceci est un long commentaire !
23.11.2017
BernardPour moi cette espèce est mythique, d’anciens pêcheurs m’ont témoignés de leur présence dans les années 50 dans la baie de Toulon, à l’anse san pere, et j’ai appris cette semaine, par le fils d’un pêcheur de Solenzara, comment le dernier « Veau marin » de Corse a été exterminé, enfumé dans une grotte dans le sud, car il déchirait les filets. Je n’ai aucune confiance en l’avenir de l’humanité, plus nous serons nombreux plus l’environnement en pâtira, il n’y qu’a voir le destin funeste des tortues de Mayotte espèce pourtant protégée et surveillée ..