Gastéropodes terrestres, gastéropodes d’eau douce et bivalves d’eau douce font rarement la Une des journaux et pourtant, ils sont des espèces essentielles aux écosystèmes, participant à leur équilibre. Les moules sont par exemple des organismes filtreurs de première importance, qui contribuent à la bonne santé des milieux aquatiques. Malheureusement, selon un récent état des lieux de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), les mollusques terrestres de France ne vont pas bien.
Au moins 11 % d’espèces menacées
Ce bilan – publié le 8 juillet 2021 et mené conjointement par l’UMS PatriNat (OFB-CNRS-MNHN) et le Comité français de l’UICN – révèle qu’au moins 11 % des 691 espèces* répertoriées en France métropolitaine sont menacées d’extinction. Soit au total 79 espèces. 2 ont déjà disparu (Charpentieria dyodon et Perforatella bidentata) et 32 autres pourraient bientôt basculer dans l’une des trois catégories d’espèces menacées – vulnérable, en danger et en danger critique – car actuellement considérées comme « quasi-menacées ».
Ce chiffre pourrait sembler faible pour certains, mais il est à mettre en balance avec un autre : pour 41 % des espèces, nous manquons d’informations suffisantes pour déterminer leur statut de conservation. Autrement dit, pour près de la moitié des mollusques de France, nous ne pouvons pas dire s’il s’agit d’espèces menacées ou non. Le véritable pourcentage de ces animaux menacés doit donc être bien plus élevé.
Ce sont surtout les moules d’eau douce – ou bivalves d’eau douce – qui figurent parmi les espèces de mollusques terrestres les plus menacées de France, avec 30 % des espèces classées comme menacées sur la liste rouge nationale. Parmi elles, la grande mulette ou la mulette perlière.
Les gastéropodes d’eau douce, de leur côté, ont au moins 15 % de leurs espèces menacées et 2 % quasi-menacées. Pour les gastéropodes terrestres, 8 % des espèces sont menacées et 6 % sont considérées comme quasi-menacées.
Dégradation des milieux naturels
Au rang des principales menaces pesant sur des animaux se trouve la destruction et la dégradation de leurs milieux naturels, selon les experts de l’UICN. Et c’est particulièrement inquiétant car, comme ils le rappellent, ces espèces ont de faibles capacités de dispersion. Si leur environnement direct se transforme au point de ne plus pouvoir répondre à leurs besoins vitaux, ils ne peuvent le fuir, ou difficilement. Ces changements jouent donc un rôle fort dans le déclin de ces espèces.
« Les milieux aquatiques sont les plus affectés, note l’étude de l’UICN. Les prélèvements d’eau pour les usages urbains, le pompage pour l’irrigation des cultures ou l’assèchement des prairies humides pour leur exploitation agricole conduisent de nombreuses espèces vivant dans des mares, des sources ou des grottes à se retrouver menacées. Les pollutions agricoles ou liées aux rejets d’eaux usées ont également un fort impact préjudiciable. »
Mais les gastéropodes terrestres ne sont pas en reste, avec pour eux aussi de nombreuses menaces directes sur leur habitat. La construction de routes et d’infrastructures, l’exploitation de carrières ou simplement le développement des villes ont aussi un impact néfaste sur ces animaux. « Les espèces forestières, principalement du Sud, sont également sensibles aux incendies qui augmentent en fréquence au fil des ans », ajoute l’UICN.
Certaines espèces doivent aussi rivaliser avec des espèces envahissantes introduites par l’homme. Comme par exemple la corbicule asiatique (Corbicula fluminea) – une palourde d’eau douce originaire d’Asie du Sud-Est identifiée en France depuis les années 1980 dans l’estuaire de la Dordogne et qui s’est rapidement répandu – et l’anodonte chinoise (Sinanodonta woodiana) – une moule géante introduite en Camargue dans les années 1980 – qui figurent parmi les plus compétitrices de toutes.
Les espèces de mollusques les plus menacées en France
Comme évoqué plus haut, au moins 79 espèces de mollusques terrestres sont donc menacées de disparition en France métropolitaine.
13 espèces sont classées en danger critique, dernière étape avant l’extinction dans la nature :
- Helicopsis striata, gastéropode ;
- maillot des Anglais (Leiostyla anglica), gastéropode ;
- mercurie de Corse (Mercuria corsensis), gastéropode ;
- veloutée du Canigou (Montserratina becasis), gastéropode ;
- grande aiguillette (Platyla foliniana), gastéropode ;
- aiguillette de Menton (Renea bourguignatiana), gastéropode ;
- aiguillette méditerranéenne (Renea elegantissima), gastéropode ;
- bythinelle du Lez (Bythinella eutrepha), gastéropode ;
- Fusulus interruptus, gastéropode ;
- clausilie romaine (Leucostigma candidescens), gastéropode ;
- grande mulette (Pseudunio auricularius), bivavle ;
- escargot de Corse ou hélix de Corse (Tyrrhenaria ceratina), gastéropode ;
- fausse-veloutée du Ventoux (Urticicola isaricus ventouxianus), gastéropode.
Pour améliorer leur conservation, plusieurs actions doivent être menées : il faut approfondir nos connaissances de ces espèces (leur répartition, leurs besoins), afin de prendre des mesures adaptées, mais également protéger leurs habitats naturels. Rappelons qu’un tiers des mollusques qui vivent en France sont endémiques et n’existent nulle part ailleurs.
*Au total, 726 espèces ont été identifiées en France métropolitaine, mais 35 sont exogènes et ne sont pas arrivées naturellement sur le territoire. Elles n’ont donc pas été comptabilisées dans la liste rouge nationale.
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