La triste nouvelle est tombée tôt ce matin du 20 mars 2018 : Sudan, dernier mâle rhinocéros blanc du Nord, s’est éteint au Kenya. Ce sont ses gardiens à Ol Pejeta, une réserve de 350 km² située à 200 km au nord de Nairobi (capitale du pays) dans laquelle il vivait depuis 2009, qui l’ont annoncé à la presse internationale.
Euthanasié pour mettre fin à ses souffrances
Agé de 45 ans, Sudan souffrait depuis longtemps des complications liées à son grand âge. Douleurs musculaires, blessures ouvertes qui refusaient de cicatriser… Mais tout s’est accéléré en quelques semaines, probablement suite à l’infection d’une blessure à la patte arrière droite contractée fin 2017 : le rhinocéros avait du mal à se déplacer et ces dernières 24 heures, il ne pouvait même plus se lever. Les vétérinaires de la réserve kényane ont décidé de mettre fin à ses souffrances en l’euthanasiant le 19 mars.
Mort de la sous-espèce ?
Le décès de Sudan est hautement symbolique puisqu’il était le dernier représentant mâle de sa sous-espèce, Ceratotherium simum cottoni de son nom scientifique. Après le rhinocéros blanc du Sud, elle est la deuxième sous-espèce de rhinocéros blanc. A l’origine, son aire de répartition s’étendait de la République centrafricaine au Tchad en passant par la République Démocratique du Congo (RDC) et l’actuel Soudan du Sud, mais le braconnage intensif pour prélever sa corne en raison de prétendues vertus médicinales a décimé sa population en l’espace de quelques décennies. La dernière population sauvage connue se composait d’une trentaine de pachydermes et vivait en RDC, mais elle a disparu à la fin des années 1990 suite aux violents affrontements qui ont eu lieu dans le pays. En 2008 déjà, on considérait Ceratotherium simum cottoni éteint à l’état sauvage. Les derniers individus restants vivent dans des réserves protégées et, avec la disparition de Sudan, il ne reste plus désormais que deux femelles rhinocéros blanc du Sud dans le monde : sa fille Najin et sa petite-fille Fatu, elles aussi résidentes de la réserve d’OI Pejeta.
Un dernier espoir pour Ceratotherium simum cottoni
Seul salut possible pour cette sous-espèce : le développement de techniques de fécondation in vitro. Des scientifiques ont en effet prélevé le matériel génétique de Sudan avant sa disparition en prévision d’une telle opération. Le principe : réussir à concevoir des « bébés rhinocéros éprouvettes » qui seraient ensuite implantés dans des mères porteuses issues d’une autre espèce. Il s’agirait probablement de rhinocéros blancs du Sud, mais cela n’a pas d’importance : le capital génétique serait celui de Ceratotherium simum cottoni. Malheureusement, toutes les tentatives se sont pour l’instant soldées par un échec.
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