Il existe actuellement plus d’une centaine de barrages hydrauliques sur l’Amazone et ses affluents, et les autorités projettent de lancer 428 nouveaux chantiers dans la région. Selon une étude publiée par la revue Nature le 14 juin 2017, les impacts d’un tel développement sur la biodiversité seraient dévastateurs.
Des conséquences « irrémédiables » sur l’environnement
140 barrages hydroélectriques sont déjà en fonctionnement ou en cours de construction dans le bassin de l’Amazone, « le réseau d’affluents le plus complexe et le plus grand de la planète« , et ce nombre pourrait quadrupler dans les prochaines décennies : plus de 400 nouveaux projets sont à l’étude. Si la construction d’autant d’infrastructures peut sembler être une idée intéressante, puisque la production d’énergie grâce aux barrages n’est que faiblement émettrice de gaz à effet de serre, elle pourrait tout de même avoir des conséquences « irrémédiables » sur l’environnement. Selon une étude menée par des chercheurs de six pays (Etats-Unis, Brésil, Grande-Bretagne, Equateur, Allemagne et Singapour), changement des paysages, érosion et altération de la sédimentation influeront sur la vie sauvage amazonienne.
La région la plus touchée par de nouvelles constructions serait celle du rio Madeira : les deux superstructures récemment mises en service en 2013, les « méga-barrages » de Santo Antoñio et de Jirau, piègent d’ores et déjà les sédiments en amont de l’Amazone. Ces derniers ont vu leur concentration moyenne en suspension diminuer de 20 % dans le rio Madeira depuis 2013, et ce malgré les débits de crue « exceptionnellement élevés » en 2014 et 2015. Or, ce cours d’eau apporte à lui seul 50 % des sédiments boliviens et péruviens à l’Amazone ; toute nouvelle construction pourrait donc mettre en péril l’équilibre de la région.
En jeu, l’extinction de milliers d’espèces
Plus en amont, des chantiers parfois menés dès la Cordillère des Andes auront eux aussi des conséquences : le long des rio Marañón et rio Ucayali, un total de 151 barrages pourraient voir le jour. Selon le professeur Edgargo Latrubesse, l’un des auteurs de l’étude, « toutes ces rivières abritent une énorme biodiversité, avec un fort taux d’endémisme. Des milliers d’espèces [de poissons, d’oiseaux et d’arbres] pourraient être affectés par les barrages, peut-être jusqu’à l’extinction« .
La clé de voûte de l’étude réside dans le fait que le lancement de chaque barrage ne doit pas être étudié isolément mais comme une partie d’un tout, constitué de près de 600 constructions : si les impacts d’un unique barrage peuvent se limiter à un écosystème local, il n’en va pas de même pour un réseau de centaines d’infrastructures. Les conséquences pourraient même se faire sentir à une échelle continentale : l’Amazone transporte des millions de tonnes de sédiments vers la côte atlantique, du nord-ouest du Brésil jusqu’aux trois Guyanes, une région qui abrite « la plus grande mangrove d’Amérique du sud » et dont la stabilité dépend de l’apport de sédiments. Sans ces derniers, les côtes et reliefs seront redessinés et la multiplication des phénomènes pluvieux et orageux pourrait se faire sentir jusqu’au Golfe du Mexique.
1 réponse to “La multiplication des barrages sur l’Amazone, fausse bonne idée ?”
25.06.2017
VermeulenOn ne peut pas se contenter de critiquer les pays encore en voie de développement lorsque les mesures qu’ils prennent en faveur de leur propre développement sont suceptibles de porter atteinte à l’environnement mondial. Les pays développés ont atteint leur niveau de vie en pillant sans complexe et sans contrainte les richesses de la planète. Ils continuent d’ailleurs au nom de leurs traditions, le Japon par exemple avec la pêche, les États Unis avec le gaz de schiste etc.
Chaque brésilien a droit à autant d’électricité qu’un occidental. Alors on ne peut pas se contenter de critiquer les barrages sur l’Amazone. Il faut donner des solutions alternatives qui consistent probablement en des taxes compensatoires payées par les pays développés ou très pollueurs qui viennent dédommager les pays concernés par les surcoûts liés à des process ne portant pas atteinte à l’environnement .