Neuf tortues royales (Batagur affinis) ont vu le jour au Cambodge cette semaine. Il s’agit d’un véritable événement : cette espèce, classée en danger critique d’extinction par l’UICN, ne compterait plus qu’une dizaine de représentants à l’état sauvage.
Trois mois d’attente avant l’éclosion
Les oeufs avaient été trouvés en février par un villageois, sur les berges d’une rivière au sud-ouest de la province de Koh Kong, au Cambodge. Comme le veut le partenariat établi depuis le début des années 2000 entre le gouvernement cambodgien et la Wildlife Conservation Society (WCS), une ONG impliquée dans la préservation de la vie sauvage, une palissade avait été construite autour du nid afin de le protéger des prédateurs. Les salaires de quatre villageois avaient également été financés pour surveiller les oeufs… et, après trois mois d’observation, ces derniers ont finalement éclos cette semaine !
A peine nées, les petites tortues ont été transférées dans un centre spécialisé, le Centre de Conservation des Reptiles de Koh Kong. Celui-ci abrite désormais 216 jeunes tortues royales ; les neuf nouvelles pensionnaires y grandiront à l’abri des pressions environnementales et pourront être relâchées dans 5 à 10 ans, lorsqu’elles auront suffisamment grandi pour ne plus craindre leurs principaux prédateurs. En septembre 2016, Ross Sinclair, directeur de la WCS au Cambodge, espérait même qu’elles pourraient côtoyer un jour des crocodiles du Siam à l’intérieur du centre et, ainsi, « développer l’écotourisme sur le site et générer des fonds qui, ensuite, seraient utilisés pour la sauvegarde des tortues« .
Près de 400 naissances de tortues en 15 ans
La tortue royale est l’une des tortues les plus proches de l’extinction du monde. Dragage de sable, pêche, déforestation font partie des principales menaces pesant sur ce reptile. L’espèce, qui tire son nom du fait qu’historiquement, seule la famille royale du Cambodge était autorisée à consommer ses oeufs, a même été considérée comme éteinte dans le pays jusqu’en 2000 : cette année-là, le gouvernement et la WCS redécouvrent une population dans le sud-ouest du pays. Depuis, environ 40 nids ont pu être protégés et ont permis l’éclosion de près de 400 oeufs. Les populations captives, pour la plupart trop jeunes pour se reproduire, sont désormais réparties sur deux sites : le Centre de Conservation des Reptiles de Koh Kong et le Centre de Conservation de la Biodiversité d’Angkor d’autre part. Cet éloignement géographique les protège notamment des catastrophes climatiques ou des épidémies.
Malgré ces efforts de conservation, la situation reste critique : en 2016, la WCS estimait qu’une dizaine de tortues royales seulement vivaient encore à l’état sauvage. Par ailleurs, un nid seulement a été trouvé cette année, contre deux en 2016 et trois en 2015. La naissance de neuf nouveaux spécimens est donc plus que jamais un heureux événement.
1 réponse to “Naissance exceptionnelle de neuf tortues royales au Cambodge”
31.08.2018
blaseFélicitations à tous ceux et celles qui se battent pour sauver ces tortues.