Unique mustelidé à être classé « en danger critique d’extinction » par l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature, le vison d’Europe bénéficie d’un nouveau programme de sauvegarde depuis le 1er septembre dernier. Mis en place par l’Union Européenne, le programme LIFE « MAMMAQ » (pour « Mammifères semi-aquatiques ») a pour principal but d’enrayer le déclin du petit mammifère voire d’augmenter sa population.
Une espèce menacée par la perte de son territoire et le vison d’Amérique
En France, sept départements du sud-ouest abritent cet animal semi-aquatique mais le noyau principal de la population se trouve en Charente et en Charente-Maritime. Nous sommes pourtant bien incapables de chiffrer le nombre d’individus tant cette espèce nocturne est discrète. Protégé depuis 1976, le vison d’Europe est menacé par la disparition de son habitat (les zones humides et les bordures des cours d’eau) et l’invasion des visons d’Amérique (reconnaissables à la marque blanche visible uniquement sur la lèvre inférieure). Sa zone d’occurrence a baissé de moitié ces vingt dernières années et, dans le territoire qu’il lui reste, l’animal pâtit des mesures prises pour lutter contre les espèces nuisibles, comme le raton laveur ou le ragondin. Passé de « vulnérable à l’extinction » en 1990 à « en danger critique d’extinction » en 2011, le vison d’Europe est l’un des mammifères les plus menacés de notre continent.
L’Europe a la rescousse de Mustela lutreola
Pour lutter contre le déclin de l’espèce, le programme européen LIFE « MAMMAQ » a débuté en septembre dernier. Coordonné par la LPO, en partenariat avec le Conseil départemental de la Charente-Maritime et le Groupe de Recherche et d’Étude pour la Gestion de l’Environnement (GREGE), ce plan d’action bénéficie d’un budget total de 3 954 771 € (dont 2 918 688€ de l’Union Européenne) et doit faire ses preuves d’ici le 30 novembre 2022. Son principal objectif est bien entendu le maintien et si possible l’augmentation de la population du vison européen. Pour cela, il devra :
- Réduire les causes de mortalité de l’espèce : collisions sur les routes, piégeages, empoisonnements…
- Etendre la zone de répartition possible.
- Améliorer les couloirs écologiques entre deux populations pour favoriser la diversité génétique.
- Définir une carte précise de la présence du vison d’Europe dans le bassin de la Charente et sécuriser ces terres.
- Et bien sûr, améliorer nos connaissances sur cette espèce méconnue.
Ce programme devra également aboutir à une technique pour évaluer la présence de visons, transposable dans d’autres pays comme l’Espagne et la Russie, afin de pouvoir prochainement évaluer la population toute entière.
Le programme européen n’a toutefois pas vocation à se substituer au Plan national d’action mené depuis 1999 par l’ONCFS et renouvelé pour la seconde fois en 2011. Les actions de conservation du LIFE « MAMMAQ » « seront menées en étroite collaboration avec les animateurs du troisième Plan national d’action en faveur de l’espèce (ONCFS et Cistude Nature), ainsi qu’avec l’ensemble des acteurs locaux », précise la LPO dans un communiqué avant d’expliquer : « Ce programme constitue le bras armé du plan national d’actions. »
Le vison d’Europe, une espèce dite parapluie
L’expression « espèce parapluie » désigne les animaux ou les végétaux dont la protection permet la conservation d’autres espèces. Ainsi la sauvegarde du vison d’Europe contribuera-t-elle également à celle de la loutre d’Europe (Lutra lutra, espèce classée presque menacée) et de la Rosalie des Alpes (Rosalia alpina, espèce de coléoptère considérée comme vulnérable) qui partagent le même territoire que le vison.
Instaurés en 1992, les programmes européens LIFE (anciennement LIFE+) visent à soutenir les actions de préservation de l’environnement dans l’Union Européenne. Pour la période 2014-2020, le budget total alloué est de 3,4 milliards d’euros. En France, plusieurs programmes bénéficient de ce soutien européen comme :
- Le projet LIFE SIRENIA qui vise à réintroduire des lamantins dans le Parc national de Guadeloupe
- Le LIFE CROAA, mené par la Société Herpétologique de France (SHF), qui a pour but la mise en place de stratégies de contrôle des amphibiens invasifs exogènes
- Le projet GYPCONNECT, déjà géré par la LPO, qui a pour but de restaurer les connexions entre les populations alpines et pyrénéennes de Gypaete barbu.
La réintroduction et aujourd’hui l’expansion du nombre de lynx pardelle est l’un des plus grands succès de ce type de programme. Avant la mise en place du LIFE+IBERLINCE, le lynx ibérique comptait parmi les félins les plus menacés au monde.
2 Réponses to “Nouvel espoir pour le vison d’Europe”
09.07.2020
BlondeauBonjour , la semaine dernière j’ai vu un couple de vison d’Europe le long d’une très petite rivière la riberette qui présente des endroits très sauvage située près d’argelès sur mer Dans le sud des Pyrénées orientales
11.10.2017
MiègeNe jamais perdre de vue que l’animal peut très bien vivre sans la présence de l’être humain mais l’homme est incapable de vivre sans la présence des animaux …