Dans une étude intitulée « Quelles espèces d’oiseaux ont disparu ? Une nouvelle approche de classification quantitative », six chercheurs ont tenté de nouvelles approches pour déterminer si 61 espèces d’oiseaux très menacées parcouraient encore la planète. Après huit ans de travail, ils sont parvenus au résultat que huit espèces sont éteintes ou présumées éteintes, dont cinq en Amérique du Sud, et une seulement serait moins menacée que prévu.
L’Amérique du Sud se vide de ses oiseaux
Parue dans la revue Biological Conservation et dirigée par le Dr Stuart Butchart, le chef scientifique de Birdlife, cette étude avait pour mission de confirmer le statut attribué à 61 espèces d’oiseaux de la liste rouge de l’UICN, donc 51 tirées de la catégorie « en danger critique d’extinction. » Pour cela, les chercheurs ont testé six méthodes quantitatives différentes, reposant non seulement sur les enregistrements des animaux aperçus mais également l’intensité des menaces qui nuisent à chaque espèce et la pertinence de l’enquête menée. Des facteurs écartés traditionnellement.
Dans 80 % des cas, le statut UICN actuel correspond aux résultats donnés par cette nouvelle méthode, mais pour neuf espèces ils diffèrent.
Commençons par la bonne nouvelle : Acrocephalus longirostris, la rousserolle de Moorea, qui ne vit que sur cette île de Polynésie française, serait moins menacée qu’attendu. Bien que classée en danger critique d’extinction (CR) par l’UICN, l’espèce était supposée éteinte même si des observations non confirmées avant eu lieu depuis 2000.
En revanche, huit autres espèces d’oiseaux s’avèrent sans doute déjà éteintes à l’état sauvage (EW), le stade suivant de la liste rouge de l’UICN. Parmi elles, cinq vivent en Amérique du Sud :
- Anodorhynchus glaucus – l’ara glauque,
- Philydor novaesi – l’anabate d’Alagoas,
- Cyanopsitta spixii – l’Ara de Spix,
- Glaucidium mooreorum – la chevêchette des Moore,
- Cichlocolaptes mazarbarnetti – l’anabate cryptique.
Cette dernière a pour particularité d’avoir été reconnue comme espèce à part entière en 2014 seulement, alors même que la dernière observation de ces oiseaux dans la nature datait de 2007. Connu sur deux sites du nord-est du Brésil, l’anabate cryptique a immédiatement été considérée comme l’un des oiseaux les plus rares de la planète.
Des extinctions continentales qui étonnent
En dehors de ces cinq espèces, presque toutes localisées au Brésil, l’étude met en avant la très probable disparition de Charmosyna diadema – le loriquet à diadème –, une espèce originaire de Nouvelle-Calédonie, de Vanellus macropterus – le vanneau hirondelle –, connue uniquement de l’île de Java en Indonésie et enfin de Melamprosops phaeosoma – le po-o-uli masqué –, qui vivait sur l’île de Maui, dans l’archipel d’Hawaï.
Excepté ces trois espèces, toutes les extinctions ont eu lieu sur le continent, ce qui tranche avec la plupart des données connues. « Pour la première fois, les extinctions continentales dépassent les extinctions des îles. » résume Birdlife International. « 90 % des extinctions d’oiseaux au cours des derniers siècles ont été faites sur des îles. Cependant, nos résultats confirment qu’il y a une vague croissante d’extinctions à travers les continents, entraînée principalement par la perte et la dégradation de l’habitat résultant d’une agriculture non durable et de l’exploitation forestière », explique le Dr Stuart Butchart. Jusqu’ici, les principales causes de disparition de la faune aviaire étaient les espèces invasives et la chasse.
L’étude constate enfin qu’il y a eu 187 extinctions d’oiseaux depuis 1500, dont 90 % sur les îles.
Si l’espoir de retrouver en milieu sauvage des spécimens de ces huit espèces est très faible, cela reste possible : c’est par exemple le cas de la sittelle des Bahamas récemment re-découverte. Certaines possèdent également des populations en captivité et sont en cours de réintroduction dans la nature, tel l’ara de Spix.
par Cécile Arnoud
2 Réponses to “Une nouvelle étude confirme l’extinction de huit oiseaux”
25.08.2019
Philippe BlondeauMalheureusement, si pour les psittacidés il existe des programmes d’élevage en captivité suivis de réintroduction, il n’en est pas de même pour d’autres espèces. Dans tous les cas, la seule mesure efficace est de toute façon la préservation, voire la restauration des biotopes. Lâcher des sujets dans un biotope qui ne leur est pas ou plus adapté relèverait de la pensée magique.
Il ne faut pas s’étonner que désormais, la majeure partie des espèces disparues proviennent des continents dans la mesure où, sur les îles, le mal a déjà été opéré en grande partie. Parfois, il n’y reste plus grand-chose à sauver: observez l’avifaune des Hawaii ou encore de Polynésie et vous serez surpris-e-s de l’abondance d’espèces allochtones.
Il semble que les mesures efficaces (pour les moyennes et grande espèces) soient:
– la préservation des biotopes
– l’élevage en captivité (in situ, ex situ) ou mieux, en semi-captivité in situ, suivis de relâchés. Cela fonctionnera d’autant mieux qu’il restera des sujets sauvages susceptibles d’enseigner la vie sauvage à leurs congénères.
– du pragmatisme car si on abhorre l’élevage en captivité et qu’on le refuse, il sera trop tard, une fois convaincu, pour le mettre en oeuvre. Celui-ci exige des savoir-faire qu’on n’improvise pas. Laisser disparaître « dans la dignité » des espèces (c’est-à-dire sans les zoos), c’est porter atteinte à l’équilibre des biotopes dont elles font partie et voir disparaître nombre d’animaux et de végétaux de ces mêmes biotopes. Le nombre d’espèces aujourd’hui maintenues en vie artificiellement est loin d’être négligeable et beaucoup ont retrouvé la vie sauvage.
– la protection totale des biotopes en harmonie avec les intérêts et les traditions des populations humaines vivant sur place.
– un peu d’optimisme car, dès lors qu’on suppose ou affirme que tout est foutu, tout est foutu réellement.
19.09.2018
HermioneGC est affreux, il faut faire quelque chose, nous détruisons des espèces avec notre agriculture et nos déforestation dc m**** …. Réagissons tous !