La France organisera la toute première version « océan » du One Planet Summit, comme annoncé par le président Macron lors du dernier Congrès UICN à Marseille, en septembre dernier. Le One Ocean Summit se déroulera à Brest les 9, 10 et 11 février 2022, sous le mandat Macron et alors que la France a pris la présidence du Conseil de l’Union européenne pour six mois. L’événement devrait réunir une trentaine de chefs d’Etats et d’importantes décisions sont attendues du côté des scientifiques comme des défenseurs de l’environnement.
Des enjeux pas seulement écologiques
Reste à savoir si ce sommet mondial sur l’océan sera à la hauteur. Sur le papier, il sera question de répondre aux enjeux liés aux mers et océans, et d’élaborer un cadre de réglementation de la haute mer. Mais tous les politiques ne priorisent pas ces enjeux de la même façon.
Dans une table ronde organisée au Quai d’Orsay, vendredi 28 janvier, plusieurs représentants du gouvernement Macron ont pris la parole pour annoncer le lancement du One Ocean Summit, et c’est Jean-Yves Le Drian, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, qui a pris la parole en premier.
« Les mers et les océans sont des espaces contestés – des lieux d’intense compétition économique – mais aussi, et en même temps, des biens communs en danger », a-t-il déclaré, donnant le ton de ce One Ocean Summit où les enjeux écologiques ne seront pas les seuls enjeux discutés lors des forums et ateliers prévus à Brest en février. « Tout ce qui se passe sur les océans engage notre avenir et nous y avons des intérêts fondamentaux : des intérêts de sécurité, des intérêts économiques et des intérêts écologiques », a ajouté le ministre.
De son côté, la ministre de la Mer Annick Girardin a dévoilé les quatre défis qu’elle espère voir relever lors de ce One Ocean Summit, mais tous ne sont pas écologiques :
- parachever l’édification d’un cadre international protecteur pour les marins et les ressources halieutiques, « et qu’on ne me dise pas que les deux s’opposent, au contraire, elles se complètent», a précisé la ministre ;
- accélérer les efforts de verdissement du transport maritime « en espérant entraîner à Brest de grands armateurs européens, des grands ports européens et des constructeurs» ;
- mieux connaître l’océan et plus particulièrement « faire avancer nos investissements dans l’océanographie opérationnelle, qui est de plus en plus stratégique pour affronter les défis de l’océan» a continué Annick Girardin ;
- préserver le vivier d’emplois maritimes et améliorer progressivement les normes sociales dans ce domaine.
Déjà un contre-sommet prévu
On l’aura compris, les enjeux économiques seront de la partie. Une position qui n’est pas du goût de tout le monde. Le collectif de lutte citoyenne Les Soulèvements de la mer a d’ailleurs déjà fait savoir qu’il organiserait un contre-sommet à Brest en amont du One Ocean Summit, les 4, 5 et 6 février prochains, pour « une vraie défense de la mer ».
Au programme, plusieurs conférences autour de la notion d’économie bleue, de privatisation de la haute mer au nom de l’écologie ou encore de la survie des petites pêcheries face aux géants industriels.
Prémices d’autres rendez-vous forts
Mais le One Ocean Summit ne sera pas l’unique moment fort à l’international pour l’océan cette année. Quelques jours avant Brest s’ouvrira le Forum des mondes méditerranéens à Marseille, les 7 et 8 février.
Mais c’est surtout la conférence des Nations Unies sur les océans organisée à Lisbonne, en juin prochain, qui est attendue avec impatience. Il y sera question de l’objectif 14 des objectifs de développement durable (ODD), à savoir : conserver et exploiter de manière durable les océans, les mers et les ressources marines aux fins du développement durable.
Peter Thomson, envoyé spécial des Nations Unies, était d’ailleurs présent lors de la table ronde organisée pour One Ocean Summit de Brest pour faire un trait d’union entre ces deux événements.
« Il n’y a pas de planète en bonne santé sans un océan en bonne santé et 2022 est l’année où nous devons agir pour empêcher son déclin, a-t-il déclaré. Nous voulons réparer les océans. Brest fera partie de la solution de Lisbonne. »
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