Tous les signaux sont au rouge concernant cette espèce d’orang-outan, décrite pour la toute première il y a seulement trois ans. Et pour cause, avec seulement 767 individus encore en vie –regroupés en trois sous-populations dans une seule forêt exposée à diverses menaces –, l’avenir de Pongo tapanuliensis s’annonce bien sombre.
Plus menacé que prévu
Quand en 2017, des chercheurs ont montré qu’il s’agissait d’une espèce distincte de l’autre espèce d’orang-outan vivant à Sumatra, à savoir Pongo abelii – on la savait déjà menacé. Mais il semblerait que l’orang-outan de Tapanuli soit encore plus en danger qu’on ne le pensait. Et son extinction pourrait être imminente…
C’est en tout cas ce que révèle une récente étude publiée début janvier 2021 dans la revue Plos One.
On y apprend notamment que l’aire de répartition actuelle de ces grands singes se limite aujourd’hui probablement à 2,5 % de leur territoire d’il y un peu plus d’un siècle. Entre 1890 et 2016, elle serait ainsi passée de près de 41.000 km² à 1.000 km² seulement.
Si désormais l’orang-outan de Tapanuli ne vit plus que dans la forêt de montagne de Batang Turu, au nord de l’île de Sumatra (Indonésie), il n’y a encore pas si longtemps il occupait un territoire bien plus vaste. Il était même capable de s’établir dans des habitats variés, à des altitudes plus basses que celles où on le trouve aujourd’hui par exemple.
Fragmentation de son territoire
Seule la population de Batang Toru a survécu. Partout ailleurs, l’orang-outan de Tapanuli a été chassé à outrance ou a vu son habitat disparaître, au profit majoritairement d’activités agricoles.
« Une combinaison de la fragmentation historique des habitats forestiers, principalement pour l’agriculture à petite échelle, et de la chasse non durable a probablement conduit diverses populations au sud, à l’est et à l’ouest de la population actuelle à l’extinction », écrivent en effet les auteurs de l’étude.
Et ce, avant même que la déforestation ne prenne des dimensions industrielles, à partir des années 1970. On sait donc que la fragmentation de son habitat peut rapidement conduire à la disparition de Pongo tapanuliensis.
Or, c’est justement l’une des plus importantes menaces qui pèsent actuellement sur lui. En 2019, l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) tirait déjà la sonnette d’alarme, mettant en garde contre les activités pouvant affecter le territoire de ce grand singe. L’organisme international réclamait notamment un moratoire sur tout projet – comme par exemple la construction d’un barrage hydroélectrique ou le développement de centrales géothermiques – et l’adoption d’un plan de conservation de l’espèce. L’UICN demande également la création de corridors pour faciliter et sécuriser les déplacements des individus de ces trois sous-populations.
Extinction prochaine
Sans actions concrètes, l’espèce devrait s’éteindre d’ici quelques générations seulement. Pour éviter cela, il faudrait que la population actuelle perde moins de 1 % de ses effectifs par an – or, cela ne semble pas être le cas, plusieurs orangs-outans étant tués et des petits capturés encore aujourd’hui – et que les trois dernières poches d’individus restent bien connectées entre elles.
« Compte tenu des risques d’extinction élevés, il est important de développer un plan d’action complet qui détermine avec précision le nombre d’animaux restants, le niveau de flux génétique entre les sous-populations, les taux de perte actuels, et travaille à la protection complète et permanente de tous les habitats restants », conclut l’étude.
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