Cette information n’a pas fait les gros titres, et pourtant elle est de taille : le centre de soins de la faune sauvage de Provence-Alpes-Côte-D’azur (PACA), basé à Buoux, a fermé ses portes. Pas parce qu’il n’était plus utile – loin de là – mais simplement parce que les financements n’étaient plus au rendez-vous.
Une fermeture qui passe mal
Ce centre s’occupait des animaux blessés retrouvés dans toute la région, et plus particulièrement de trois départements : le Var, le Vaucluse et les Alpes-Maritimes. Maintenant qu’il est fermé, il n’existe plus aucune autre solution viable pour s’occuper de la faune sauvage de ces secteurs.
« Nous avons pris la décision de fermer l’accueil afin de pouvoir être en mesure de soigner les animaux déjà accueillis. Nous ne prenons donc plus aucun autre animal en charge depuis le 7 février », explique François Grimal, président de la LPO PACA. C’est cette association qui gère le centre, propriété du parc naturel régional du Luberon.
Pour bien fonctionner, le centre de sauvegarde de la faune sauvage de Buoux a besoin de 120 000 euros par an. Cette somme sert à payer les salaires des deux soigneuses embauchées à temps complet, ainsi que les divers frais de fonctionnement, de matériels, etc. Pour tout le reste, la structure s’appuie sur un important réseau de bénévoles, deux à trois jeunes en service civique et quatre à dix éco-volontaires.
Manque de moyens
Si un budget annuel de 120 000 euros semble être une somme raisonnable, le centre peine à trouver des financements, jusqu’à n’avoir d’autre solution que celle de cesser l’accueil de nouveaux animaux.
« Ces dernières années, nous avons dû augmenter le nombre d’animaux accueillis, passant progressivement de 1 000 à 1 500 animaux soignés par an, ce qui a nécessité des moyens supplémentaires. Mais dans le même temps, les soutiens financiers ont diminué », commente François Grimal.
La fin des contrats aidés – supprimés officiellement le 16 janvier 2019 par le gouvernement Macron – couplée à une baisse du mécénat et des subventions publiques au travers de la Direction régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement (DREAL) ont beaucoup pesé sur la trésorerie du centre de Buoux.
« Si nous n’avions pas pris la décision d’arrêter, surtout alors que va démarrer la saison charnière des reproductions – pendant laquelle nous sommes chaque année débordés – nous n’aurions pas pu finir de nous occuper convenablement des animaux déjà accueillis au centre. Et nous aurions probablement dû les euthanasier, ce qui n’était pas envisageable. »
Que vont devenir les animaux sauvages blessés en PACA ?
En attendant que la situation évolue, il faudra donc trouver une autre solution pour soigner les 1 500 oiseaux, écureuils, hérissons et autres animaux blessés dont s’occupait le centre chaque année. Sans compter les précieux conseils prodigués par les soigneurs aux particuliers qui trouvaient des animaux sauvages blessés dans leur jardin ou lors de balades.
Problème : il n’existe pas vraiment d’autre solution. En effet, les particuliers n’ont pas le droit de détenir, ni de transporter des animaux sauvages quels qu’ils soient. A moins de détenir un certificat de capacité.
Quant aux organismes comme l’Agence française de la biodiversité (AFB) ou l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS), ils ne sont pas équipés pour une telle mission. Pourtant, ce sont désormais eux qui doivent réceptionner tous les appels et assurer l’acheminement et les soins des animaux sauvages !
C’est aussi pour cette raison que l’existence de tels centres de soins est primordiale. Ils sont les premiers interlocuteurs des « découvreurs » d’animaux blessés, souvent désemparés en de pareilles situations. Ils sont aussi les seuls à disposer de tout l’équipement pour prodiguer des soins aux animaux sauvages.
« L’Etat est le garant de la biodiversité sur son territoire, et il a en quelque sorte délégué les missions de soins aux centres de sauvegarde. Sans pour autant en assumer la responsabilité financière. »
Appel à une action de l’Etat
Et c’est justement vers l’Etat que se tournent aujourd’hui la LPO PACA et les bénévoles du centre de sauvegarde de la faune sauvage de Buoux.
« Les dirigeants de la LPO regrettent le manque d’empathie pour la faune sauvage en général dans les plans stratégiques pour la biodiversité et le manque de considération à l’égard des animaux en détresse qui sont impactés par les activités humaines : les collisions avec les véhicules ou les baies vitrées, les dénichages, les empoisonnements, les tirs illégaux, etc. », déclare la LPO dans un communiqué.
Le soutien financier de l’Etat au centre de Buoux est passé de 14 % à 7 % seulement. Une sorte de désengagement qui a creusé les difficultés. « Aujourd’hui, nous demandons un soutien plus fort et plus pérenne pour continuer à fonctionner durablement. Pour cela, nous souhaiterions que l’Etat assure un tiers du budget du centre, la Région un autre tiers et le mécénat et le travail de nos bénévoles combleront le reste », demande François Grimal.
En attendant un geste de la part du gouvernement, une pétition ainsi qu’une cagnotte Leetchi ont été lancées.
[MISE A JOUR] Le centre a rouvert ses portes le 3 juin 2019. Plus d’informations dans notre article.
par Jennifer Matas
0 réponse à “PACA : faute de financement, le centre de sauvegarde de la faune sauvage a fermé”