Les avant-bras humains sont constitués de deux os : le cubitus et le radius. Ces os sont séparés chez les humains, ce qui nous donne une amplitude de mouvement qui fait défaut chez de nombreuses autres créatures.
Les chèvres, les chevaux et les chauves-souris ont un cubitus et un rayon semi-fusionnés, probablement pour courir et voler, respectivement. Chez les grenouilles, ces deux os de l’avant-bras sont complètement fusionnés, ce qui serait une adaptation au saut. Cependant, cette explication ne prend pas en compte l’intégralité de la biodiversité des grenouilles.
« Beaucoup de gens pensent que les grenouilles sautent, et beaucoup d’entre elles le font. Mais il existe aussi des grenouilles qui vivent toute leur vie sous terre ; il y a des grenouilles qui glissent ; il y a des grenouilles arboricoles qui grimpent pour la plupart comme des singes ; il y a des grenouilles qui vivent principalement sous l’eau ; et puis il y a les grenouilles qui marchent principalement. Les grenouilles ont évolué pour se déplacer de nombreuses façons, mais les os du radius et du cubitus sont toujours fusionnés », a expliqué le Dr Rachel Keeffe du Musée d’histoire naturelle de Floride.
Le Dr Keeffe se demandait s’il existait une meilleure explication pour les membres antérieurs des grenouilles. Par exemple, lors de l’accouplement, les grenouilles mâles serrent les femelles avec leurs membres antérieurs et se battent également contre d’autres mâles pour accéder aux femelles. Ces activités pourraient expliquer les membres antérieurs plus costauds.
Pour tester cette idée, le Dr Keeffee a utilisé des spécimens de musée pour créer des modèles de membres antérieurs. Elle a modelé la patte d’un ouaouaron, une grenouille connue pour ses prouesses sautantes. Ensuite, elle a développé d’autres modèles avec différents degrés de fusion entre les cubitus et les rayons, notamment un modèle dans lequel les os étaient séparés, un autre dans lequel ils étaient partiellement fusionnés et un troisième dans lequel il n’y avait qu’un seul os.
Le Dr Keeffee a effectué des simulations logicielles sur ces différents modèles pour imiter le stress du saut. D’autres simulations ont été utilisées pour imiter le stress de l’accouplement sur un membre antérieur.
Étonnamment, dans les scénarios de saut et d’accouplement, moins de stress a été mis sur le modèle semi-fusionné que sur les grenouilles aux membres antérieurs entièrement fusionnés.
Plutôt que de réfuter son hypothèse, le Dr Keeffee interprète ses résultats comme une sorte de compromis évolutif. Bien que les os soient plus sollicités lorsqu’ils sont fusionnés, ces os sont plus épais et plus légers, peut-être pour un meilleur saut.
Quant à l’accouplement, l’accent est également davantage mis sur les os fusionnés ; cependant, avec deux os non fusionnés, le tendon unique pourrait être attaché uniquement au cubitus ou au radius, pas aux deux, ce qui rendrait l’avant-bras plus faible que l’os fusionné. Le Dr Keefe espère explorer cette idée avec d’autres recherches modèles.
Cette étude a été publiée dans le Journal d’anatomie.
—
Par Erin Maugrey , Espèces-menacées.fr Rédacteur
0 réponse à “Pourquoi les grenouilles ont-elles des avant-bras fusionnés ?”