La Zambie abrite la plus grande population d’hippopotames d’Afrique avec près de 87 % de l’espèce Hippopotamus amphibius. A elle seule, la rivière Luangwa, située dans l’est du pays, compte 25 000 individus soit 20 % de la population mondiale. Une surpopulation dont le pays ne veut plus.
Une chasse aux trophées déguisée sous les traits d’une campagne de régulation ?
En 2016, la Zambie a annoncé la mise en place d’un plan de régulation de sa population d’hippopotames, souhaitant abattre 2 000 animaux. Une pratique qui n’est pas illégale, l’hippopotame commun étant bien une espèce menacée, reconnue vulnérable par l’UICN, mais classée en Annexe II de la CITES. Mais pour éliminer ces animaux, le gouvernement aurait souhaité mettre en place une chasse sportive appelée également chasse aux trophées, plus connue pour les éléphants, les rhinocéros blancs ou les lions. A l’annonce de cette nouvelle, des ONG de protection animale sont montées au front dont notamment Born Free, association anglaise, qui a réussi à faire renoncer la Zambie à ce projet.
La surpopulation des hippopotames nocive pour les fleuves
Mais d’après l’agence de presse Reuters, l’Etat aurait relancé ce plan d’abattage contrôlé en octobre 2018. Le gouvernement, par le biais de son ministre du tourisme, s’est justifié de cette décision. « Le parc national de South Luangwa compte plus de 13 000 hippopotames, mais la région n’est idéale que pour 5 000 hippopotames », a en effet déclaré Charles Banda avant d’expliquer : « Déplacer les hippopotames dans d’autres plans d’eau coûterait très cher. Pour le moment, la seule option que nous ayons est de procéder à la régulation. » La Zambie souhaiterait ainsi protéger l’écosystème de la rivière Luangwa, l’une des plus riches du pays. En plus de sa dangerosité pour la population – l’hippopotame est l’un des animaux faisant le plus de victimes humaines à travers le monde –, une surpopulation de cette espèce pourrait modifier la qualité de l’eau.
Herbivores, les hippopotames libèrent leurs excréments dans l’eau, apportant ainsi des nutriments à toute une chaîne alimentaire au bout de laquelle les poissons de la rivière se situent. Au Congo par exemple, la disparition des hippopotames du lac Edouard a malheureusement entraîné la chute de la biodiversité au sein du lac. Une situation problématique puisque la pêche y est le principal moyen de subsistance des habitants. L’hippopotame est donc indispensable au cycle des cours d’eau africains mais, à l’inverse, une surpopulation est dangereuse. Des excréments en trop grande quantité libèrent un trop plein d’azote et de phosphore. Dans une étude publiée en mai 2018, Christopher Dutton et Amanda Subalusky ont ainsi examiné la boue et l’eau situées sous les groupes d’hippopotames et ont découvert un mélange toxique d’ammoniac, de méthane et de sulfure d’hydrogène. Par ailleurs, pour digérer les excréments des hippopotames, les bactéries présentes naturellement dans l’eau consommeraient tout l’oxygène des rivières, asphyxiant ainsi les poissons.
Mais une autre menace fait davantage peur aux gouvernements africains. Le Département zambien des parcs et de la faune sauvage (DNPW) affirme que cet abattage contrôlé serait un « outil de gestion de la faune sauvage » destiné à prévenir les épidémies d’anthrax aussi appelée maladie du charbon.
Les hippopotames d’Afrique et la maladie du charbon
En France, le mot anthrax – du grec « charbon » – fait souvent penser aux tentatives d’assassinat par le biais d’enveloppes contaminées ; en Afrique, ce sont les animaux, et notamment les hippopotames, qui seraient porteurs de la maladie. En 2011, 511 personnes ont été contaminées par le bacille du charbon, Bacillus anthracis, et cinq en seraient mortes. D’après une enquête, la plupart des personnes interrogées auraient consommé de la viande d’hippopotames, ce que confirme Corinne Kendall, responsable conservation et recherche au sein du zoo de Caroline du Nord dans The Gardian : « À moins de manger de la viande d’un animal mort d’anthrax ou de manipuler des carcasses, on peut éviter la maladie. Le problème est qu’elle se propage rapidement à travers les hippopotames et qu’elle a le potentiel de se propager à d’autres animaux tels que les lions, les éléphants et les girafes. » Une situation que veut absolument éviter la Zambie. Mais pour les associations, rien ne garantit que tuer 2 000 hippopotames (400 par an sur cinq ans) empêcherait une telle épidémie. D’autant que selon un communiqué de l’ONG Born Free, « les preuves scientifiques suggèrent que l’abattage des hippopotames stimule la reproduction et finit par augmenter la population, créant potentiellement un cercle vicieux de morts et de destructions. »
Autre argument pour condamner le projet de la Zambie, le manque de preuves. « À ce jour, DNPW n’a pas réussi à fournir des preuves scientifiques solides démontrant la surpopulation d’hippopotames dans la rivière Luangwa […] ni à démontrer clairement que les activités précédentes d’élimination des hippopotames dans la vallée de Luangwa ont permis de réduire la population d’hippopotames à long terme. » Une position étonnamment partagée par le Conseil international pour la conservation du gibier et de la vie sauvage (CIC), un organisme pro-chasse qui demande des preuves supplémentaires des effets de la surpopulation d’hippopotames dans la rivière Luangwa. Le groupe s’est déclaré favorable à la mise en place de cette chasse contrôlée à la condition qu’elle soit justifiée et que l’animal « soit pleinement utilisé », à savoir consommé.
par Cécile Arnoud
4 Réponses to “Quel avenir pour les hippopotames de Zambie ?”
08.02.2019
CedricC’est l’homme qu’il faut reguler. Les populations se developpent a un rythme trop rapide pour les ecosystemes et du coup il y a creation de conflit avec la faune. Et evidenment comme partout dans le monde c’est la faune qui fini par etre exterminé…on se reproduit trop vite!! A quand une concertation de l’ONU sur le probleme demographique ??
04.01.2019
Ibrahimles conflits entre faune et populations prend de plus en plus de l’ampleur. la croissance demographique conjuge au dereglement climatique agrave cette situation. les ressources disponibles ne couvrant plus les besoins des humains et de la faune, il n’est pas mal de penser a une regulation pour maintenir ces especes. Au Niger c’est le cas de la population d’Hippopotame dans la commune rurale d’Ayorou dans le department d’Ayorou, region de Tillaberi a 200 km de la capital Niamey. ce conflit a entrene en 2016 l’abbattage e n quelque mois de plus de 27 hippopotames.
17.12.2018
LOUYAKO gloireRéguler n’est pas une mauvaise chose, on ne protège pas pour le plaisir, mais cela ne doit pas nuire à la vie humaine. Pour notre cas cette surpopulation entraînerait des dommages à la vie humaine (qualité de l’eau, santé, alimentation, …). Alors c’est une bonne chose de réguler ou les ONG qui protègent ces espèces, doivent chercher des pays d’accueil pour transférer ces 2000 hippopotames.
15.12.2018
WinterLe plus grand pollueur et destructeur sur cette planète n est pas L animal mais L homme