A l’heure actuelle, l’UICN estime qu’environ 7 % des mammifères et 4 % des oiseaux inscrits sur sa liste rouge sont menacés par le réchauffement climatique. Or, ces statistiques pourraient avoir été largement sous-estimées. Selon une étude publiée sur le site Nature.com le 13 février, 23,4 % des 1272 oiseaux placés sur la liste rouge de l’UICN et 47 % des 873 mammifères terrestres menacés sont déjà affectés par le réchauffement climatique.
La moitié des mammifères terrestres menacés est déjà touchée
Ces statistiques éloquentes ont été déterminées à partir de l’analyse de 136 études publiées entre 1990 et 2015. Ces dernières portaient seulement sur 120 espèces de mammifères et 569 espèces d’oiseaux mais, en les extrapolant, les chercheurs ont pu élaborer un modèle. Ils précisent par ailleurs que, bien que l’essentiel des études provienne d’Europe et d’Amérique du nord, les résultats restent généralisables aux autres continents.
En se focalisant sur les impacts déjà perceptibles à notre époque alors que la plupart des travaux anticipent les effets du réchauffement climatique à un horizon plus lointain, les chercheurs ont découvert que le spectre d’espèces atteintes par le réchauffement climatique est déjà particulièrement large. Sur tous les continents, la biodiversité est touchée. Les espèces au régime alimentaire spécialisé sont « déjà beaucoup plus affectées » que les autres, tout comme celles qui vivent en altitude. Les grands mammifères comme les primates ou les éléphants sont aussi en danger : leur faible taux de reproduction ne leur permet pas de s’adapter aux changements suffisamment vite. Enfin, les marsupiaux sont aussi concernés, car ils vivent dans des environnements stables et sont donc très sensibles aux perturbations.
A contrario, les rongeurs semblent les plus à même de survivre aux changements à venir : ils peuvent par exemple s’abriter dans des terriers pour maintenir une température stable et leur régime alimentaire est très diversifié. Les oiseaux sont quant à eux principalement concernés lorsqu’ils ont subi de grands changements de températures au cours des six dernières décennies, lorsqu’ils évoluent en altitude ou lorsqu’ils vivent dans des environnements aquatiques.
Le réchauffement climatique, une menace actuelle
Selon Michela Pacifici, co-auteure de l’étude et membre de l’Université de Rome » La Sapienza « , « les animaux devraient être encore plus affectés dans le futur » . James Watson, chercheur à l’Université du Queensland en Australie, estime quant à lui que « nous avons sérieusement sous-estimés les effets du réchauffement climatique sur les deux groupes les mieux connus (les mammifères et les oiseaux, ndlr), ce qui signifie que les autres groupes, les reptiles, les amphibiens, les poissons, les plantes, l’avenir pourrait être vraiment, vraiment plus sombre que ce que nous estimions. »
Le réchauffement climatique s’ajoute donc d’ores et déjà aux autres pressions environnementales, comme la déforestation, l’introduction d’espèces invasives ou la dégradation des habitats. Selon James Watson, « il faut s’assurer que ceux qui prennent les décisions aient conscience que quelque chose doit être fait dès maintenant pour enrayer l’extinction des espèces. Le réchauffement climatique n’est plus une menace à venir. »
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