L’émotion était au rendez-vous ce lundi 16 avril 2018 alors que l’avion qui transportait les quatorze lycaons (Lycaon pictus) sud-africains – huit mâles et six femelles – se posait dans l’enceinte du parc national de Gorongosa. « C’était un grand moment pour toute l’équipe », a commenté Greg Carr, le président du parc. Il faut dire que cela faisait plusieurs années, voire décennies, que le chien sauvage d’Afrique avait disparu de ces territoires. Ce carnivore compte en effet parmi les plus menacés d’Afrique et est classé « en danger » par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). L’espèce ne comptait plus que 6 600 individus sur son aire de répartition lors du dernier comptage officiel en 2012 et elle se faisait particulièrement rare au Mozambique.
Une réintroduction historique
C’est la première fois qu’une réintroduction de lycaons est tentée dans le pays. « Ce voyage est historique », a même déclaré Endangered Wildlife Trust sur sa page Facebook. Cette opération est le fruit d’une collaboration de longue haleine entre plusieurs organismes : en première ligne, l’ONG Endangered Wildlife Trust, mais aussi la réserve naturelle Ezemvelo KZN Wildlife d’où sont partis les chiens sauvages d’Afrique, les ONG The Bateleurs et Wildlife ACT et bien entendu, au bout de la chaîne, le parc Gorongosa.
Avant de quitter leur sanctuaire d’Afrique du Sud, les lycaons ont été vaccinés contre la maladie de Carré qui fait des ravages au sein des populations sauvages, ainsi que contre la rage. Tous ont également été équipés de colliers émetteurs pour permettre leur suivi après le relâcher. Pour effectuer ce voyage de deux heures dans les meilleures conditions, les animaux ont été endormis. Encore assoupis lorsqu’ils ont atterri, ils ont été transportés par les équipes d’Endangered Wildlife Trust et de Gorongosa dans un enclos dédié. Ils y resteront pendant six à huit semaines afin de s’acclimater aux lieux mais aussi les uns aux autres et notamment les mâles avec les femelles. Le lycaon est un animal grégaire qui passe toute sa vie au sein d’une meute. Le groupe est essentiel à sa survie à l’état sauvage puisque c’est ensemble que les membres chassent pour se nourrir. S’assurer de la bonne cohésion et de l’harmonie de la meute est primordial avant de procéder à la dernière étape : la réintroduction dans la nature.
Lycaon pictus quasi éteint au Mozambique
Frappé par une longue guerre civile qui a duré de 1977 à 1992, le Mozambique est l’un des pays ou le lycaon a le plus souffert des activités anthropiques. Sa population a réduit comme peau de chagrin et s’est même entièrement éteinte au parc national de Gorongosa. D’autres parcs nationaux ont connu la même situation et s’organisent désormais pour gommer les effets du passé. En 2017, nous vous parlions par exemple du parc national de Zinave qui s’apprêtait à réintroduire 7 500 animaux sauvages. Depuis plusieurs années maintenant, Gorongosa tente lui aussi de reconstituer sa faune d’antan et a commencé par réintroduire les grands herbivores, puis plus récemment les lions. Avec ce groupe de lycaons, le parc s’approche un peu plus du but.
par Jennifer Matas
2 Réponses to “Opération réintroduction des lycaons au Mozambique”
20.07.2018
AREMOU ZoulkifliC’est une espèce sur laquelle je souhaiterais travailler pour sa réintroduction dans les parcs du Bénin. Je suis agent des eaux et forêts au Bénin
19.04.2018
Fred HummelSuper nouvelle, j’espère que cette belle espèce s’implantera bien.