Voilà une nouvelle qui ravira les uns et agacera les autres : la population d’ours bruns est en augmentation dans les Pyrénées. Malgré les nombreuses polémiques et les derniers cas d’ours tués par la main de l’homme, la réintroduction de l’espèce n’a pas été l’échec annoncé par certains. Cependant, leur population reste fragile et les efforts doivent se poursuivre.
Au moins 70 ours dans les Pyrénées en 2021
Nouvelle porteuse d’espoir : les effectifs sont en augmentation. Le dernier recensement fait état d’au moins 70 ours détectés dans les Pyrénées en 2021, soit 6 de plus que l’année précédente, en 2020. Pour rappel, ils n’étaient que 5 ou 6 en 1995, avant que 11 ours slovènes ne soient réintroduits.
Seuls trois de ces ours réintroduits sont encore en vie aujourd’hui, et malgré les quatre autres ours tués depuis 2020 – deux en France, non-remplacés par l’Etat comme le prévoit pourtant le Plan Ours et deux en Espagne – les effectifs sont donc en hausse. Comment ? Grâce à la reproduction, bien entendu.
Ne serait-ce que l’an dernier, au moins huit portées ont été repérées avec certitude dans les Pyrénées. Soit au total 15 oursons, dont trois oursons mâles nés de la femelle Sorita, relâchée en octobre 2018.
« Cette première portée menée à terme en Béarn depuis 2004 reste symboliquement importante, mais elle n’assurera malheureusement pas l’avenir de l’espèce dans cette partie des Pyrénées », où les mâles sont déjà nombreux et manquent de femelles, note Pays de l’Ours-Adet.
En 2022, les portées pourraient être d’un même ordre de grandeur, puisqu’une quinzaine de femelles sont susceptibles de s’être reproduites. On peut donc attendre entre 8 et 10 portées nées cette année, et qui seront identifiées l’année prochaine, en 2023.
Mais attention, tous les oursons ne survivent pas jusqu’à l’âge adulte. Divers facteurs peuvent les faire mourir prématurément : maladie, accident et même infanticide, les ours mâles pouvant tuer la progéniture d’une femelle pour s’accoupler avec elle.
Population pas encore viable
Si les ours sont en effet plus nombreux, leur population n’est pas encore suffisante pour être considérée comme viable. Depuis 2006, les effectifs n’ont en effet augmenté que de 11,4 % par an, rappelle Pays de l’Ours.
La population de la partie occidentale des Pyrénées est particulièrement fragile et ne compte que 6 ours : un mâle prénommé Rodri, les deux femelles relâchées en 2018, Claverina et Sorita, ainsi que les trois oursons de cette dernière. Deux autres mâles, Néré et Cannellito, oscillent entre ce territoire et les Pyrénées centrales.
« Nous demandons à l’Etat que les ours tués dans les Pyrénées françaises depuis 2020 soient compensés par des femelles lâchées en Béarn, afin de conforter ce noyau de population », a fait savoir l’association Pays de l’Ours.
Les deux ours en question sont le mâle Gribouille, tué par balle en Ariège en juin 2020 sans que personne n’ait à ce jour été inculpé, et la femelle Caramelles, abattue par un chasseur en novembre 2021. Deux autres ours ont été tués dans les Pyrénées espagnoles en 2020 : le mâle Cachou, empoisonné, et la femelle Sarousse, tuée lors d’une battue aux sangliers.
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