La dernière fois que nous vous parlions d’une saisie record d’écailles de pangolins, c’était en décembre 2017. A ce moment-là, 12 tonnes venaient d’être interceptées par les autorités chinoises, soit la plus grande saisie jamais réalisée dans ce pays, qui reste l’un des principaux marchés pour ce trafic. Malheureusement, ce triste record vient d’être battu.
12,9 tonnes saisies à Singapour
Les autorités ont en effet annoncé début avril 2019 la saisie de 12,9 tonnes d’écailles de pangolins à Singapour. Elles étaient toutes contenues dans 230 sacs empilés les uns sur les autres, dans un conteneur. 177 kilos d’ivoire sculpté faisaient également partie du lot. Cette cargaison a été estimée à 38,7 millions de dollars. Elle provenait du Nigéria et devait être envoyée au Vietnam.
D’après Paul Thomson, responsable du groupe de spécialistes des pangolins à l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), environ 36 000 individus ont été tués pour récolter autant d’écailles. Il s’agit de la plus importante saisie d’écailles de pangolins jamais enregistrée dans le monde.
Cette saisie prouve une fois encore que les pangolins sont la cible d’un braconnage intensif qui a poussé toutes les espèces au bord de l’extinction. Les pangolins d’Asie sont en effet tous « en danger critique » et « en danger » et les pangolins d’Afrique sont classés « vulnérables » par l’UICN. Mais leur sort pourrait rapidement s’aggraver quand on sait que leur chasse a grimpé de 150 % depuis 1970 en Afrique centrale.
Braconnage sans fin
Les écailles de pangolins – faites en kératine comme la corne de rhinocéros – sont très recherchées dans la médecine traditionnelle chinoise, qui les utilise pour soigner des rhumatismes ou encore des maladies de peau.
La chair de pangolin est également très prisée sur le marché noir. En Asie, la viande de pangolin est considérée comme un mets raffiné et en Afrique, elle représente une source de protéines non négligeable. La moitié des pangolins braconnés en Afrique ne quitte jamais le territoire et est directement consommée sur place.
En février 2019, la Malaisie avait saisi 30 tonnes de viande de pangolins. Elle était stockée des boîtes, à l’intérieur de deux grandes usines de traitement situées dans l’Etat de Sabah, dans la partie malaisienne de Bornéo.
Un trafic pourtant interdit
Pourtant, la réglementation internationale est très stricte sur la question : toutes les espèces de pangolins – les quatre africaines et les quatre asiatiques – sont protégées. Elles sont inscrites à l’annexe I de la CITES, leur commerce est donc totalement interdit à l’échelle mondiale.
A un niveau plus local, les pangolins sont généralement protégés dans les pays où ils vivent. A Sabah en Malaisie, par exemple, Manis javanica est entièrement protégé depuis 2016. Toute personne qui tue cet animal encourt une peine de 1 à 5 ans de prison et une amende pouvant varier entre 12 500 et 60 000 dollars.
Hélas, pour les braconniers, il semblerait que le risque encouru vaille le coup. Le trafic de pangolins ne diminue pas et ce mammifère reste le plus braconné au monde. Entre 2006 et 2016 – soit en dix ans seulement –, un million de pangolins ont été victimes de braconnage, estime l’UICN. Cela représente en moyenne 300 pangolins braconnés chaque jour.
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