Les orangs-outans, les « hommes de la forêt »
De toutes les espèces présentes à Bornéo, la plus emblématique reste l’orang-outan (Pongo pygmaeus) dont le nom signifie en malais « homme de la forêt ». L’orang-outan est à ce jour le seul grand primate d’Asie. Il en subsiste trois espèces : une à Bornéo et deux sur l’île voisine de Sumatra. Principalement végétarien, les fruits comme le durian et les pommes sauvages représentent 60% de son régime alimentaire. Considéré par beaucoup comme l’animal le plus intelligent après l’Homme, ce primate est capable de différencier plus de 1 700 variétés de plantes différentes, de construire des nids de feuilles au sommet des arbres et de se servir de brindilles piquantes pour éperonner des insectes.
Les menaces qui pèsent sur les orangs-outans du Sarawak
Mais malgré son intelligence et sa popularité, l’orang-outan est aujourd’hui l’un des grands singes les plus menacés de la planète. Classée en danger critique d’extinction par l’UICN, la population de Bornéo compterait moins de 70 000 individus à l’état sauvage. Les principales menaces sont :
- la déforestation massive de la forêt pour la culture de l’huile de palme. Chaque jour, l’équivalent de deux terrains de football est déboisé et ce phénomène ne fait que s’intensifier (pour rappel, l’Indonésie est le premier producteur d’huile de palme au monde). Pour survivre, un orang-outan doit disposer d’un minimum de 50 hectares de forêt. Avec sa destruction, beaucoup de ces primates finissent par errer dans les champs d’arbres morts sans aucun abri où se réfugier. De plus, il arrive que des singes, attirés par les fruits, pénètrent dans les plantations et se retrouvent dans le viseur des agriculteurs mécontents ;
- la chasse que leur livrent des villageois pour la consommation alimentaire : la « viande de brousse » ;
- le trafic illégal des jeunes – dont les mères sont abattues sous leurs yeux – qui sont revendus à des cirques, des collectionneurs privés ou, pire, destinés à la prostitution inter-espèce (fait reconnu en Thaïlande).
Les derniers orangs-outans du Sarawak sont uniquement présents dans les rares zones de forêts protégées du parc national de Batang Ai, au sud-ouest de l’Etat. En effet, ce territoire abrite un nombre croissant d’individus difficiles à approcher en raison de leurs déplacements et des difficultés – voire l’impossibilité – d’accès à certaines parties du parc. La rencontre avec cet animal dans son habitat naturel se mérite ! Un séjour d’une semaine minimum permet aux scientifiques comme aux explorateurs de faire des rencontres spectaculaires.
Il existe aussi de nombreux centres de réhabilitation qui recueillent ces animaux et s’efforcent de les réintroduire (ex : Semenggoh et Matang). Mais apprendre à un grand singe à s’en sortir dans son milieu naturel sans l’aide de l’homme est très compliqué. Dans la nature, les petits apprennent vite grâce à l’éducation de leur mère. Dans les centres de conservation, l’apprentissage se fait par la nourriture et les soins que les soigneurs leur apportent. Pour avoir une chance de survivre dans la jungle, les jeunes orangs-outans doivent apprendre à briser ce lien avec l’homme et avoir peur d’eux. Un orang-outan qui n’a pas peur de l’homme ne pourra jamais être réintroduit car il ne survivrait pas longtemps.
La solidarité des individus réintroduits
Pourtant, même une fois dans la nature, on observe des comportements uniques chez les orangs-outans réintroduits. Ainsi, trois grands singes du centre de Matang récemment réintroduits – souffrant de voir leurs congénères toujours en captivité – ont tenter de les faire évader. L’un d’eux avait même libéré un python réticulé de 4,50 mètres, pourtant prédateur des jeunes spécimens de primate. Une preuve du niveau émotionnel des orangs-outans, des animaux extraordinaires qu’il faut sauvegarder à tout prix.
1 réponse to “Le Sarawak : un sanctuaire de biodiversité à Bornéo”
05.01.2018
GroslierMATHIEU bravo pour ce remarquable reportage et la qualité du texte. Meilleurs voeux de réussite amitiés à tes parents