Le nasique, singe insolite
L’orang-outan de Bornéo n’est pas le seul primate endémique de l’île. Un autre singe, considéré comme le plus étrange de tous, vit caché dans les forêts bordant les rivières et les mangroves : il s’agit du nasique (Nasalis larvatus). Le Sarawak abrite l’une des populations les plus florissantes de l’île. Unique représentant du genre Nasalis, ce singe arboricole ne vit nulle part ailleurs dans le monde et seul le zoo de Singapour arrive à les élever en captivité. Le mâle est surtout connu pour la particularité propre à cette espèce : son nez disproportionné (le nom « nasique » est d’ailleurs une référence à « nasal »). Ce long nez en forme de trompe est en fait un critère de séduction : plus il est gros et plus le mâle a une chance de trouver une partenaire. Ce singe est aussi l’un des rares mammifères pouvant se déplacer aisément sur deux pattes et un excellent nageur grâce à des mains légèrement palmées.
Une alimentation hors du commun
Les nasiques vivent en groupes flexibles de 10 à 30 individus. Ils passent généralement leur temps dans les arbres à chercher des feuilles – qui constituent 90% de leur régime alimentaire – dont leurs préférées, celles du pedada. Le nasique est strictement végétarien, mais grâce à la virulence des bactéries de son intestin, ce singe peut se délecter de végétaux réputés non comestibles. À l’inverse, de simples fruits mûrs cueillis hors de son habitat peuvent lui être fatals. Devant s’alimenter d’une dizaine d’espèces de feuilles par jour, le nasique a des besoins très particuliers en terme d’habitat, ce qui rend difficile sa conservation.
Une espèce de singe très rare
Classé en danger d’extinction et avec une population de 2 000 individus, il est aujourd’hui plus rare que l’orang-outan de Bornéo. La destruction des mangroves lui est fatale car, privé de ses ressources alimentaires et de son habitat, il subit une période de stress intensive et finit par dépérir. Des populations entières ont déjà été rayées de la carte pour cette raison. Ne pouvant survivre dans les centres de réhabilitation, le nasique est aujourd’hui protégé dans des zones de mangroves épargnées par le déboisement et dont la conservation est réalisée grâce à l’argent du tourisme et au développement de l’écovolontariat.
Dans le Sarawak, les nasiques se rencontrent surtout dans le parc national de Bako, qui abrite quelques 200 spécimens. Aujourd’hui, la population semble stable mais les efforts de conservation ne doivent pas être négligés.
1 réponse to “Le Sarawak : un sanctuaire de biodiversité à Bornéo”
05.01.2018
GroslierMATHIEU bravo pour ce remarquable reportage et la qualité du texte. Meilleurs voeux de réussite amitiés à tes parents