Les Ibans, le peuple protecteur de la forêt
Le Sarawak se distingue par la forte proportion de tribus indigènes et la faiblesse de la population malaise, qui ne représente qu’un quart du total des habitants. Tandis que bon nombre d’habitants gagnent leur vie en travaillant dans les plantations de palmiers à huile, certains vivent au cœur des forêts qu’ils s’efforcent de protéger. C’est notamment le cas du peuple des Ibans de Batang Ai. Anciens coupeurs de têtes, ce peuple existe depuis plus de 300 ans et, du fait de son éloignement, a pu conserver sa culture et ses traditions intactes. Vivant le long de la rivière, les tribus habitent des maisons rudimentaires flottant sur l’eau ou construites sur les collines. Grâce à des ponts suspendus et des rondins flottants et aménagés, les déplacements sont facilités. Malgré leurs habitations faites à la main et l’absence totale de technologie, les Ibans sont une illustration parfaite de la vie en forêt en ayant seulement les moyens de survie et de confort de base (lit, toit, feu, outils de bricolage, etc).
L’harmonie des indigènes et de la faune
Personne ne connaît mieux la forêt et sa faune qu’eux. Ce peuple a appris depuis longtemps à vivre en harmonie avec les animaux et les plantes sauvages et à ne récolter ou chasser que le nécessaire. Vivant de la pêche, de la chasse et de la culture, les Ibans agissent aussi en tant que gardiens du parc et des espèces menacées comme l’orang-outan à qui ils vouent une grande fascination, tant pour sa vie arboricole que pour sa ressemblance avec l’homme.
Contrairement à beaucoup d’autres, les habitants de Batang Ai sont soucieux de la vie sauvage dont la protection est une priorité absolue. Selon eux, si la moindre espèce venait à disparaître, un terrible déséquilibre écologique verrait le jour et menacerait la survie de toutes les autres espèces. Ils s’engagent donc à prendre des mesures exemplaires :
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- ne faire aucun mal aux abeilles. Dans la jungle de Bornéo, il arrive que des centaines d’abeilles apparaissent, attirées par le sel minéral de la sueur de l’Homme. Toutefois, les Ibans se refusent à les asperger de pesticides et préfèrent être piqués que de détruire une colonie entière ;
- ne pêcher les gros poissons qu’en quantité respectable. Si tous les poissons prédateurs géants étaient pêchés en trop grande quantité, une prolifération de petits poissons nuisibles et vecteurs de parasites pourrait voir le jour ;
- ne pas utiliser de fusil pour la chasse afin de ne pas empoisonner au plomb certains animaux ou effrayer davantage les orangs-outans.
Enfin, les Ibans font figure de résistance contre le gouvernement malaisien. Celui-ci cherche depuis de nombreuses années à déplacer les habitants des forêts vers la ville afin de se servir du parc comme d’une nouvelle zone de plantation de palmiers, ne s’inquiétant ni de la survie des grands singes ni de celle de la biodiversité. Les villageois refusent aussi que la forêt soit inscrite comme « parc national » afin d’éviter l’afflux de touristes dont l’argent finirait, selon eux, par revenir aux instigateurs politiques.
Aujourd’hui encore, les Ibans luttent toujours pour la protection de leur forêt et des espèces en danger et demeurent un exemple pour de nombreuses générations et organismes de protection.
1 réponse to “Le Sarawak : un sanctuaire de biodiversité à Bornéo”
05.01.2018
GroslierMATHIEU bravo pour ce remarquable reportage et la qualité du texte. Meilleurs voeux de réussite amitiés à tes parents