Il existe un peu plus de 50 espèces de calaos – ces oiseaux reconnaissables à leurs mythiques casques – réparties entre l’Afrique et l’Asie. Parmi elles, trois sont en danger critique d’extinction : le calao de Walden et celui des Sulu, qui vivent tous les deux aux Philippines, mais également le calao à casque rond, pour qui un nouveau plan de conservation vient de voir le jour.
Un casque composé de kératine qui fait des envieux
Il s’agit d’une avancée majeure pour Rhinoplax vigil, le calao à casque rond classé en danger critique d’extinction depuis 2015 alors qu’il n’était même pas considéré comme menacé auparavant ! Cet oiseau, l’une des plus grandes espèces de calaos d’Asie, connait un déclin important depuis 2010. Entre le début de la décennie et 2017, 2 871 casques de ces calaos ont été saisis principalement en Indonésie et en Chine. Composé de kératine – la même matière que la corne du rhinocéros –, le casque des calaos est une excroissance qui, chez Rhinoplax vigil seulement, est solide. Il leur sert à la fois à amplifier leurs cris et à s’affronter en vol pour la possession d’un arbre fruitier comme le figuier étrangleur dont ils sont très friands. De la même manière que les rhinocéros sont abattus pour leurs cornes, les calaos sont l’objet d’un braconnage croissant pour leur casque, destiné à être sculpté puis utilisé comme objet de décoration. Leur valeur sur le marché asiatique est même plus importante que celle de l’ivoire, dont le commerce a été interdit en Chine et à Hong-Kong en 2017. D’autant que l’appendice du calao à casque rond est teinté d’un beau rouge vif. A l’origine, le casque est de couleur jaune, mais son apparence est modifiée par l’application d’une sécrétion rouge utilisée par les oiseaux pour lisser leurs plumes.
Un oiseau vénéré… et mangé
Le calao à casque rond est également menacé par la chasse traditionnelle. Pour certains autochtones, cet oiseau est un animal mythique associé à la vie après la mort. Il est également abattu pour sa chair, source de protéines. D’après une étude réalisée en Afrique par une équipe du zoo de San Diego, les différentes espèces de calaos africaines et asiatiques sont de plus en plus braconnées pour leur viande. Sur 789 personnes habitant des villages bordant une forêt protégée dans l’ouest du Cameroun, 240 ont estimé avoir consommé 29 calaos entre février et juin 2015, contre 8 rapaces ou encore 19 pangolins. En Asie, il n’existe pas de chiffre sur la consommation des calaos à casque rond mais la consommation de viande de brousse semble être l’une des justifications les plus récurrentes au braconnage. L’ouest du Kalimantan est la zone la plus touchée par ce phénomène. 65 % des saisies de toute l’Indonésie ont eu lieu dans cette région. Pour autant, le braconnage intensif s’exporte également dans toute l’aire de répartition de Rhinoplax vigil, c’est-à-dire en Indonésie, au Brunei, en Malaisie, au Myanmar et en Thaïlande. Oiseau caractéristique des forêts humides au-dessous de 1 500 mètres d’altitude, le calao à casque rond est également touché par la déforestation et la disparition de son habitat, comme malheureusement de nombreuses espèces indonésiennes.
Un plan pour sauver Rhinoplax vigil
Pour toutes ces raisons, l’espèce a fait l’objet d’une attention soutenue ces dernières années. Protégée par la CITES depuis 1975, ce n’est pas au niveau juridique que la protection du calao à casque rond devait s’améliorer, bien que les peines soient fluctuantes. « Les sanctions pour le commerce de calaos à casque rond vont de six mois d’emprisonnement au Bruneï à sept ans en Malaisie et au Myanmar. Les amendes, qui ont tendance à être faibles par rapport à la valeur du casque sur le marché noir, vont de 36 dollars au Myanmar à 230 000 dollars en Malaisie. » (Source : Birdlife).
Suite à de nombreuses réunions en 2017 et 2018, réunissant le groupe de travail UICN du calao à casque rond, Birdlife International, la fondation de recherche sur les calaos de Thaïlande et de nombreuses autres organisations internationales, un plan d’action de 10 ans a été acté pour sauver Rhinoplax vigil. Officiellement lancé le 29 août à Bangkok, ce programme comprend des mesures pour lutter contre le braconnage, débuter la cartographie de l’aire de répartition exacte de l’espèce et donc des zones prioritaires pour sa protection, mais également la sauvegarde de l’habitat.
Rendez-vous en 2027 pour le bilan !
par Cécile Arnoud
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