Les vaquitas – ou marsouins du golfe de Californie – n’ont jamais été aussi près de s’éteindre. Après plusieurs décennies de captures intensives, ce cétacé a vu sa population chuter jusqu’à compter moins d’une trentaine d’individus en 2017. Certains scientifiques estiment qu’il pourrait même ne plus en rester qu’une douzaine. Pourtant, plusieurs mesures ont été tentées pour essayer de sauver les vaquitas de l’extinction, pas toujours avec le succès escompté.
Plongée au cœur d’une mission de sauvetage
Aujourd’hui encore, de nombreuses personnes luttent sur le terrain pour empêcher que l’espèce ne disparaisse définitivement. Une lutte acharnée qui oppose défenseurs de l’environnement, marine mexicaine et cartels de la drogue. C’est dans ce contexte digne des thrillers hollywoodiens que le cinéaste Richard Ladkani a bâti son tout dernier film : « Sea of Shadows » (ou « Mer des ombres » en français), dont la sortie est prévue courant 2019.
Ce documentaire a en effet suivi les enquêteurs sous couverture, les défenseurs de l’environnement – dont l’ONG Sea Shepherd, très impliquée sur le terrain –, les journalistes et la marine mexicaine dans leur combat les opposant aux braconniers, aux cartels et aux trafiquants chinois. Ces derniers n’hésitent pas à recourir à la violence pour continuer de pêcher illégalement le totoaba, un poisson dont la vessie natatoire se vend à prix d’or en Asie. Le business est tellement lucratif que les cartels s’en sont mêlés, valant au totoaba le surnom de « cocaïne des mers » et rendant la conservation de l’espèce de plus en plus dangereuse.
Ce poisson est déjà en danger critique d’extinction, mais en plus de cela la pêche dont il est victime tue de nombreux animaux marins, pris accidentellement dans les filets. C’est la principale cause de disparition du vaquita, qui vit dans les mêmes eaux que le totoaba, en mer de Cortez, au Mexique.
Prix du public au festival Sundance 2019
Ce thriller écologique coproduit par Leonardo DiCaprio montre comment les activités humaines peuvent mener à l’extinction d’une voire de plusieurs espèces. Un sujet fort et pas toujours facile à traiter, mais le public semble déjà conquis. En compétition officielle au festival Sundance 2019, Sea of Shadows a remporté le prix du public dans la catégorie « documentaire international », le 3 février 2019. « Gagner cette récompense signifie que les gens ont été touchés par l’histoire des vaquitas et qu’ils vont porter notre message à d’autres », s’est félicitée l’équipe du film sur Facebook.
« Il arrive un moment dans la vie où l’on a vraiment envie de faire des films porteurs d’un message. Pas seulement pour divertir les gens, mais pour propager votre parole dans le monde et qu’elle soit entendue », explique Richard Ladkani au Sundance Institute. Sa rencontre avec Jane Goodall – avec qui il a tourné le film « Le voyage de Jane » en 2011 – a beaucoup inspiré ce cinéaste autrichien. « Elle m’a dit : « Richard, tu peux faire quelque chose avec ce don, avec la réalisation de films. Tu peux toucher non pas quelques personnes mais des millions, si tu fais des films qui ont un message et qui peuvent les inspirer. » » C’est ce qu’il a souhaité faire avec Sea of Shadows.
Sea Shepherd attaqué par des braconniers
Ce film arrive à point nommé, alors que Sea Shepherd se retrouve attaqué de plus en plus violemment en mer de Cortez. Dernier assaut en date, le 31 janvier, lorsqu’une cinquantaine d’assaillants se faisant passer pour des pêcheurs s’en sont pris au Farley Mowat. Alors que le navire de l’ONG américaine effectuait une patrouille dans la zone protégée des vaquitas, une vingtaine de bateaux à grande vitesse l’ont encerclé. Plusieurs cocktails Molotov et projectiles ont été lancés, brisant des fenêtres et causant de nombreux dégâts matériels. Les soldats de la marine mexicaine et de la police présents à bord ont riposté avec plusieurs tirs de sommation.
Ce n’est pas la première fois que des braconniers s’en prennent directement à Sea Shepherd. Comme l’expliquait Oona Layolle, qui a piloté l’opération « Milagro » pendant un temps, les tensions sont très vives et plusieurs altercations se sont déjà produites. Si pour l’instant personne n’a été blessé, ces attaques à répétition entravent le travail de conservation réalisé par l’ONG sur place. Ainsi acculé, Sea Shepherd ne peut récupérer avec autant d’efficacité les filets de pêche dans lesquels sont pris les animaux marins, dont les vaquitas.
par Jennifer Matas
1 réponse to “« Sea of Shadows » : immersion dans la lutte pour sauver les derniers vaquitas”
22.03.2021
AbadieJe viens de voir le film ce soir et salue le travail des volontaires du Seashepherd.
Ce qui m’a choqué, c’est l’impunité de ces braconiiers aux ordres de la mafia mexicaine.
Leur seul moyen de les faire fuir et d’appeler la Marine mexicaine en renfort. Ils n’ont aucun moyen de dissuasion qui fasse reculer les bandits pécheurs.
Il exite pourtant des moyens non létaux qui porraient les aider, et faire réfléchir ces traficants avant d’y revenir.