
Dans la même veine que « Cowspiracy » sur les revers de l’élevage industriel, « Seaspiracy » enquête sur les coulisses de la pêche et comment l’exploitation des océans par les hommes produit des ravages. De la pollution plastique jusqu’à l’esclavage, ce documentaire révèle une corruption à grande échelle contre laquelle se frottent ceux qui défendent la vie marine et qui muselle ceux qui pourraient l’empêcher. A regarder sans plus tarder.
L’océan, un monde fragile
Disponible sur Netflix depuis le 24 mars 2021 – date qui n’a pas été choisie au hasard puisqu’elle marque la Journée mondiale pour la fin de la pêche –, le documentaire Seaspiracy fait déjà beaucoup parler de lui. Et pour cause : ce qu’il révèle va au-delà de ce que pensait savoir le grand public.
Car les océans, que beaucoup voient comme de vastes étendues sauvages regorgeant de vie et d’espèces encore méconnues, sont en réalité gravement menacés par la pêche. Surexploités, vidés, pollués… et oubliés. Les océans suffoquent sous les pratiques de pêche à échelle industrielle sans pour autant que des mesures concrètes ne soient mises en place.
Réseaux organisés
La faute à l’argent, car sont en jeu des milliards de dollars et beaucoup sont prêts à tout pour maintenir coûte que coûte ces marchés qui valent de l’or. Quitte à maquiller la vérité pour la rendre désirable aux yeux des consommateurs.
C’est le cas notamment du commerce du thon – et de ses labels de qualité qui ne garantiraient en réalité pas grand-chose – ou des ailerons de requins (ou shark finning), abordés dans le film, mais aussi tout simplement de la pêche en général, dont les pratiques non-sélectives conduisent de nombreuses espèces au bord de l’extinction. Alors même que ces espèces ne se retrouvent pas dans nos assiettes puisque, pour beaucoup, il s’agit de prises accessoires qui n’étaient pas visées par les pêcheurs.
« La pêche commerciale, c’est du braconnage à grande échelle avec 2700 milliards de poissons pêchés par an. Soit 5 millions de poissons tués toutes les minutes. »
Même la pollution plastique des océans qu’on impute le plus souvent aux produits en plastique à usage unique est en fait étroitement liée à la pêche, une part importante de ces déchets étant en réalité des filets et du matériel de pêche abandonnés en mer.
Pourtant, une vraie omerta existe autour de cette industrie. Derrière ces marchés se cachent souvent des réseaux aux liens parfois fins avec le crime organisé, révèle Seaspiracy. Des réseaux qui recourent à des pratiques illégales, parfois avec l’appui non-officiel des gouvernements.

Navire de pêche aux pratiques non-sélectives. Les cales regorgent de cadavres de poissons pris dans les filets. © Seaspiracy
« Les gens ne veulent pas savoir d’où viennent les fruits de mer. Ils veulent juste les manger. Beaucoup de fruits de mer proviennent de l’esclavage. »
L’équipe derrière Seaspiracy
Ce documentaire Netflix a été réalisé par Ali Tabrizi, un jeune cinéaste passionné qui raconte tout au long du film comment il est allé de découvertes en découvertes au cours de son enquête.
Pour l’aider dans ses investigations, il a interviewé de nombreux militants, comme par exemple Ric O’Barry, fondateur du Dolphin Project, qui dénonce le massacre de plusieurs centaines de dauphins chaque année dans la baie de Taiji, au Sud du Japon, ainsi que les captures des jeunes pour être vendus aux parcs aquatiques.
Ali Tabrizi a également étroitement collaboré avec Sea Shepherd, l’ONG fondée par Paul Watson et qui œuvre à la protection de la vie marine depuis plusieurs décennies. Le cinéaste suit ainsi les missions de Sea Shepherd au Liberia, où la pêche illégale requiert le concours de l’armée tant les enjeux sont risqués.
Seaspiracy a été produit par Kip Andersen, déjà coproducteur et réalisateur du très médiatique documentaire Cowspiracy, sorti en 2014 et également disponible sur la plateforme Netflix. Dans ce premier volet, on plongeait dans les coulisses de l’élevage industriel pour y apprendre qu’il était le premier responsable de la déforestation, de la pollution de l’eau, des émissions de gaz à effet de serre et de l’acidification des océans. En résumé, un sacré cocktail !
Aller plus loin

Le réalisateur Ali Tabrizi en train de filmer le Grind (massacre de cétacés), aux Iles Féroé. © Seaspiracy
Seaspiracy ne veut pas seulement informer. Ce document a une portée plus forte et espère initier un mouvement. Pour en savoir plus, un site internet a été créé : seaspiracy.org. Vous pouvez y retrouver de nombreuses informations sur le documentaire, la cause ainsi que des actions concrètes pour mieux protéger les océans. La principale étant d’arrêter, ou du moins réduire, sa consommation de poissons.
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