C’est dans les océans que serait apparue la vie sur Terre il y a 3,5 milliards d’années. Aujourd’hui encore, ils jouent un rôle primordial dans le maintien de la vie sur cette planète en captant d’énormes quantités de carbone, en absorbant la chaleur atmosphérique en trop et en produisant de l’oxygène. Pourtant, leur avenir est aujourd’hui compromis.
Les océans se réchauffent
Parce qu’ils sont en première ligne face au changement climatique, les océans sont aussi ceux qui en subissent le plus directement les conséquences. Ils absorbent à eux seuls 22 % du CO2 créé par les activités humaines et 90 % de l’excès de chaleur générée justement par ce dioxyde de carbone.
Ce faisant, ils se réchauffent. Depuis 1993, le réchauffement des océans a ainsi plus que doublé dans le monde et les canicules marines se multiplient. Elles sont désormais deux fois plus fréquentes qu’il y a 40 ans.
Les conséquences de ce réchauffement sont dramatiques. A commencer par la capacité des océans à fabriquer de l’oxygène. Grâce au phytoplancton et au phénomène de photosynthèse, les océans produisent en effet plus de la moitié de l’oxygène de la planète. Donc plus que toutes les forêts de la planète réunies. Mais une hausse des températures altère ce processus.
Une étude de 2015 montre ainsi que le taux de production d’oxygène dépend de la température de l’eau et peut donc être affecté par le réchauffement climatique. Quelques degrés en plus suffisent à empêcher à photosynthèse du plancton végétal, entraînant par la même occasion sa disparition.
Autre conséquence de la hausse des températures dans les océans, le déplacement massif de populations de poissons, mollusques et crustacés vers des zones plus froides et plus riches en nourriture. Résultat, des espèces vivant dans d’autres régions du globe viennent nager dans de nouveaux écosystèmes, bouleversant ces fragiles équilibres.
Disparition des coraux annoncée pour 2050
Capter toutes ces quantités de carbone modifie en outre la composition chimique de l’eau et conduit à une acidification des océans. Au cours des 250 dernières années – c’est-à-dire depuis le début de l’ère industrielle –, l’acidité des océans a augmenté de 30 % et le phénomène empire. « Au rythme des émissions actuelles, l’acidité des eaux de surface de l’océan pourrait tripler d’ici la fin du siècle », notent les océanologues Jean-Pierre Gattuso et Lina Hansson.
Les premiers touchés par cette acidification sont les animaux ayant une coquille ou un squelette calcaire, comme les moules, les huîtres et les coraux. Ces animaux ont en effet besoin d’un certain niveau de pH et d’ions carbonates dans l’eau pour fabriquer ces structures, essentielles à leur existence.
Les coraux sont particulièrement concernés par cette acidification, combinée au réchauffement des océans. Sous ces deux facteurs, les récifs blanchissent et finissent par mourir. Plusieurs scientifiques estiment d’ailleurs que d’ici 2050, la quasi-totalité des espèces de coraux aura disparue des régions tropicales.
Or, les récifs coralliens sont de véritables écosystèmes à part entière. Ils servent aussi bien de garde-manger que de pouponnières et d’abri à un grand nombre d’espèces marines. On estime ainsi qu’un tiers des animaux marins dépendent des coraux.
Pollution plastique et chimique
En plus des facteurs climatiques, les océans sont également confrontés à une pollution grandissante. La pollution plastique est l’une de celle qui fait le plus parler d’elle, avec ses 150 millions de tonnes de déchets plastiques qui dérivent dans les océans.
Des déchets qui mettent plusieurs années à se décomposer, sans jamais totalement disparaître. Ils se décomposent en effet en microplastiques, de minuscules débris invisibles à l’œil nu mais qui continuent de polluer les espaces marins.
Le plastique gagne toutes les parties des océans, y compris les plus reculées. On en a ainsi découvert dans la fosse des Mariannes, à près de 11 km en-dessous de la surface, et même dans l’océan Arctique. A lui seul, le plastique affecte 1 400 espèces marines et tue 100 000 mammifères marins (dauphins, baleines, phoques, etc.).
Moins connue, la pollution des océans par des fertilisants de type azote, phosphore et autres, est tout aussi grave. C’est elle qui est la première responsable de la création de zones mortes dans les océans. Des zones comprises entre -200 et -800 m en-dessous de la surface et qui sont totalement (ou presque) dépourvues d’oxygène. Résultat, plus aucune espèce – sauf quelques rares exceptions – ne peut y vivre.
Ces dernières années, les zones mortes se sont multipliées. Depuis 1950, leur surface s’est agrandie de 4,5 millions de km², ce qui représente plus que la superficie d’un pays grand comme l’Inde.
Surexploitation des océans
Malgré le rôle crucial qu’il joue dans la régulation du climat et les menaces qui pèsent déjà sur son avenir, l’océan continue d’être exploité au-delà du raisonnable. A elle seule, la pêche industrielle exploite au moins 55 % de la superficie totale, soit 200 millions de km², d’après une étude de février 2018.
Les zones où l’on pêche le plus sont l’Atlantique nord-est (Europe), le Pacifique nord-ouest (Chine, Japon et Russie), quelques zones en Amérique du Sud et en Afrique de l’Ouest. La Chine, l’Espagne, l’Italie, la France et le Japon sont, dans l’ordre, les plus qui pêchent le plus, selon Global Fishing Watch en 2016.
Cette pêche commerciale est si intense dans certaines parties du globe qu’elle a contribué à la disparition de certaines espèces dans leur milieu. C’est le cas par exemple du mérou de Nassau, du mérou Goliath ou encore du grand requin-marteau.
Les techniques de pêche non responsables tuent également un grand nombre d’espèces, prises accidentellement. C’est le cas de la raie de Malte, de l’ange de mer commun et même du vaquita, dont il ne resterait plus qu’une dizaine d’individus dans le monde.
Une gestion plus raisonnée des ressources marines, une drastique diminution des émissions de gaz à effet de serre et un élargissement des zones protégées sont prioritaires pour tenter d’éviter la disparition de la vie dans les océans.
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