Les suricates, souvent surnommées « sentinelles du désert », sont de petits mammifères très résilients. Ils se sont parfaitement adaptés aux conditions de vie plutôt hostiles des zones arides dans lesquelles ils vivent, en Afrique australe.
Pourtant, c’est bien à cause du changement climatique qu’ils pourraient basculer sur la liste rouge des espèces menacées d’extinction ces prochaines décennies.
Le suricate, « peu concerné » par le risque d’extinction
A l’heure actuelle et selon la dernière évaluation de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) qui remonte à février 2015, Suricata suricatta ne fait pas partie des espèces menacées.
Sa population est stable et considérée comme « peu concernée » par tout risque de disparition. Toutefois, la donne pourrait changer en raison des bouleversements climatiques qui s’annoncent dans son aire de répartition. A savoir des températures encore plus élevées ainsi que des précipitations plus fluctuantes et une nouvelle saisonnalité aux effets difficilement mesurables.
C’est en tout cas ce qu’avance une étude de chercheurs suisses et britanniques, publiée le 8 février 2019 dans la revue Science.
Les effets du climat sur les suricates
S’appuyant sur les données recueillies par le projet « Kalahari Meerkat » entre 1997 et 2016 dans la réserve de la rivière Kuruman, en Afrique du Sud, les chercheurs ont fait des projections sur les cinquante prochaines années. Ils ont ensuite élaboré plusieurs scénarios basés sur un rapport sur les changements climatiques du Centre national de recherche sur l’atmosphère (NCAR) des États-Unis.
D’après eux, le changement climatique va conduire à une baisse de la reproduction et de la survie des jeunes chez les suricates.
Pour des animaux vivant dans des environnements aussi arides, la quantité de ressources disponibles est essentielle. Or, des précipitations trop faibles pendant l’été, couplées à une hausse des températures, conduisent à une diminution du taux de reproduction et des chances de survie des petits. Les parents perdent en effet du poids et sont moins fertiles tandis que les jeunes se montrent plus fragiles et exposés à une mort prématurée.
Le risque à terme ? Que « la population s’effondre et que les suricates finissent par s’éteindre », précise l’Université de Zurich dans un communiqué.
Le salut grâce à des hivers plus doux ?
Cette possibilité est en revanche à nuancer, car des hivers plus doux – consécutifs au changement climatique – pourraient contrebalancer les effets négatifs des étés plus rudes.
« Les effets saisonniers du climat sont extrêmement importants. En améliorant les conditions sur une saison, cela peut partiellement compenser les mauvaises conditions de la saison suivante », explique Maria Paniw de l’Institut de biologie évolutive et des sciences de l’environnement de l’Université de Zurich, coauteur de l’étude.
Les scientifiques montrent en effet qu’avec des hivers plus chauds, les suricates reprendraient du poids et renoueraient avec des taux de reproduction plus forts. Mais la façon dont l’espèce résistera véritablement au changement climatique reste incertaine. Car ces compensations pourraient ne pas suffire à la survie de l’espèce.
D’autant que chez ces animaux, c’est sur la femelle dominante que repose la lourde responsabilité de la reproduction. Les femelles subordonnées ne se reproduisent quasiment pas. En revanche, leur rôle est vital car elles aident à élever les petits et les surveillent lorsque les parents sont absents. Les bébés suricates naissant sourds et aveugles, ils ont par ailleurs besoin d’un maximum d’attention durant les premiers moments de leur vie.
Si la femelle dominante se reproduit moins à cause d’un été trop chaud et sec, elle engendrera aussi moins d’aides pour élever les générations suivantes, qui seront donc moins nombreuses.
La consanguinité, une menace réelle
Bien entendu, le climat n’est pas la seule menace potentielle pesant sur cette espèce. D’autres dangers pourraient contribuer à son éventuel déclin dans le futur. Comme par exemple la raréfaction des proies – les suricates mangent principalement des insectes et de petits reptiles – ou encore la consanguinité.
Cette dernière commence même à devenir inquiétante : dans la population de suricates du Kalahari, sur laquelle ont travaillé les chercheurs suisses et britanniques, une étude a révélé en 2012 que 44 % des petits présentaient des signes de consanguinité. Ces jeunes sont plus frêles et plus fragiles. En général, ils ont moins de chance de survivre et de se reproduire à leur tour.
par Jennifer Matas
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