Qualifiée de « Cash Investigation environnemental » par la profession, cette série de documentaires a été conçue par Martin Boudot, journaliste à l’agence Premières Lignes et auteur de plusieurs reportages pour ce magazine de France 2, dont celui sur les pesticides « Produits chimiques : nos enfants en danger ». Avec « Vert de Rage », le reporter s’attaque à un nouveau défi : dénoncer les grands scandales environnementaux dont personne ne parle à grand renfort de preuves scientifiques. De quoi donner des armes aux défenseurs de l’environnement qui se retrouvent souvent démunis lorsqu’il s’agit de faire bouger les choses.
La pollution des mines d’or sud-africaines
Le premier épisode de Vert de Rage, diffusé dimanche 24 juin à 23h10 sur France 5, a conduit Martin Boudot et son équipe à Johannesburg, en Afrique du Sud. Et plus précisément dans les townships qui bordent les mines d’or. Le but : déterminer si leur exploitation engendre une pollution dangereuse pour les riverains et, si oui, jusqu’à quel point. Sur place, le journaliste a rencontré des personnes qui s’organisent contre l’exploitation minière et dénoncent les effets de cette industrie sur la santé. Il faut dire que leurs craintes ont de quoi être fondées : pour récupérer 5 grammes d’or, il faut extraire une tonne de minerais. Soit 1000 kg de déchets miniers qui, au lieu d’être nettoyés, sont laissés à l’abandon, à l’air libre, par les industriels. Aujourd’hui, 278 terrils abandonnés (collines composées de résidus miniers) surplombent ainsi la capitale économique sud-africaine, créant une poussière extrêmement fine qui se répand à la moindre brise et que les habitants désignent comme polluante. C’est là que l’équipe de Vert de Rage entre en jeu : Martin Boudot a réalisé pendant le documentaire plusieurs prélèvements, dans l’environnement mais aussi sur la population, en analysant des échantillons de cheveux sur des enfants et des adultes, et les a faits analyser par des scientifiques. Et les résultats sont plus qu’alarmants.
>> Voir le replay (disponible jusqu’au 30 juin)
En Indonésie, le fleuve le plus pollué au monde
L’un des prochains épisodes de Vert de Rage diffusé sur France 5 sera consacré au Citarum, un fleuve indonésien qui sillonne l’île de Java et qui a la sinistre réputation d’être le fleuve le plus pollué du monde. En cause, les nombreuses industries textiles qui le bordent et qui y rejettent leurs eaux usées. Problème : près de 14 millions d’Indonésiens se servent de l’eau du Citarum au quotidien, que ce soit pour se doucher, cuisiner, laver leurs vêtements et même irriguer les cultures et rizières. Mais aucune étude n’a jamais été faite pour déterminer si la qualité de l’eau pouvait avoir des conséquences sur la santé de la population et de la faune ambiante.
Avec son équipe, Martin Boudot est parti enquêter sur ce sujet en octobre 2017. Son documentaire a été présenté en avant-première au Festival du Film et Forum International sur les Droits de l’Homme en mars 2018, à Genève. C’est à cette occasion que la rédaction d’Espèces Menacées a contacté le reporter pour en savoir plus sur ce film et, plus généralement, sur la série Vert de Rage. « Ces documentaires sont le fruit d’une collaboration inédite entre journalistes et scientifiques », nous avait-il alors expliqué. Lui se charge de collecter des données sur le terrain et de les envoyer à des professionnels pour analyse. « L’idée est de remettre tous nos résultats aux gouvernements, aux usines impliquées et aux marques pour aider à faire bouger les choses », expliquait Martin Boudot au sujet de son documentaire sur le Citarum. La date de diffusion de cette enquête n’est pas encore connue.
par Jennifer Matas
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