Le 26 avril dernier, l’ONG Four Paws a libéré les deux derniers ours exploités pour leur bile de la province de Ninh Binh, dans le nord du Vietnam. Province après province, le combat est en passe d’être gagné. Malheureusement, 936 ours sont encore détenus à travers le pays qui a pourtant interdit la possession, la vente et la consommation de bile d’ours en 2005.
Près de 1000 ours détenus pour leur bile au Vietnam
Les fermes de bile d’ours sont malheureusement répandues en Asie. La Chine et le Vietnam, mais également dans une moindre mesure le Japon et la Corée du Sud, possèdent ces structures dans lesquels des ours malais, Helarctos malayanus, sont détenus immobiles dans de petites cages, afin qu’on leur prélève quotidiennement de la bile au moyen d’un cathéter directement implanté dans la vésicule biliaire. Aujourd’hui, on estime qu’en Chine près de 10 000 ours sont ainsi détenus et environ un millier au Vietnam.
Pourtant, le vent est lentement en train de tourner et l’année 2005 a notamment marqué l’engagement du Vietnam à fermer toutes ces structures, où plus de 4 000 animaux sont gardés captifs. Le gouvernement lance alors le recensement de tous les ursidés présents dans ces fermes et les puce afin de s’assurer qu’aucun nouvel individu ne puisse les remplacer. En théorie, les propriétaires de ces fermes doivent également signer une déclaration les engageant à ne plus extraire de bile et les animaux doivent être transférés dans des refuges. Bien entendu, en pratique, les choses sont plus compliquées ; début 2018, le Vietnam compte encore 936 ours prisonniers de fermes. Mais cela va dans le bon sens. L’ONG Four Paws a déjà pu récupérer 400 ours pour les placer dans « des espaces semi-naturels où ils peuvent récupérer en toute sécurité et passer les dernières années de leur vie en compagnie d’autres ours », explique l’association. En 2017, le gouvernement vietnamien a annoncé un partenariat avec l’ONG Animals Asia qui devrait voir les 1 000 ours restants sauvés et envoyés dans des sanctuaires spécialisés d’ici 2022. Fin 2016, cette même ONG avait annoncé avoir déjà sauvé plus de 600 ours en Chine et au Vietnam, et placé 300 animaux dans ces sanctuaires.
La création de fermes de bile d’ours récente
Paradoxalement, le business de la bile d’ours est plutôt récent. Si le produit est utilisé depuis longtemps en médecine traditionnelle contre les maladies du foie et comme aphrodisiaque, il était auparavant prélevé sur les animaux décédés. Mais dans les années 1980, les gouvernements ont autorisé la création de fermes d’élevage dans le but d’enrayer le braconnage des ursidés sauvages. Les ours étant des animaux dangereux, ils sont maintenus dans des cages très petites où, pour obtenir de la bile en volume important, ils sont sous-alimentés. Même en sécurité dans les sanctuaires des ONG, les animaux subissent longtemps les effets des extractions régulières de bile. Souvent, une cholécystectomie (opération qui vise à ôter la vésicule biliaire) est nécessaire pour sauver l’animal. Quand ils n’ont pas la chance d’être libérés par une association, les ours meurent le plus souvent d’infection et de leurs mauvaises conditions de vie.
Et la Chine dans tout ça ?
Si l’extraction de la bile d’ours a été interdite il y a maintenant plus de 10 ans au Vietnam, elle est toujours légale en Chine, bien que prohibée par la communauté internationale. En 2006, l’Empire du Milieu avait légiféré pour empêcher la construction de nouvelles fermes mais celles existantes pouvaient encore exercer en toute légalité. Aujourd’hui, de plus en plus de voix s’élèvent contre cette pratique. Début 2018, un représentant politique a soumis lors des réunions annuelles du Congrès national du peuple à Pékin une proposition visant à mettre fin à l’élevage de la bile d’ours en Chine d’ici 2035. « Si la proposition de Minghai est acceptée, l’élevage sera interdit d’ici 2020, tandis que chaque ours de chaque ferme de bile sera doté d’une micropuce d’ici 2022, date à laquelle il est prévu d’interdire l’extraction de bile des ours vivants. Selon son calendrier, l’industrie sera complètement éradiquée d’ici 2035 », explique Animals Asia dans un communiqué. Des alternatives végétales à la bile d’ours commencent à se développer. Au Vietnam, l’ONG travaille avec des représentants de la médecine traditionnelle et a planté pas moins de 4 363 plantes de 30 types d’herbes différentes pouvant remplacer la bile d’ours.
Lentement mais sûrement, l’horizon des ours commence à s’éclaircir en Asie.
3 Réponses to “Le Vietnam met fin aux fermes de bile d’ours lentement mais sûrement”
10.06.2019
LE CALLONNEC LE CALLONNECstop barbarie
03.08.2018
capelC’est une horreur sans nom.
Comment peut-on vivre tranquille en sachant que ces abominations existent
Incompréhensible que les gouvernements asiatiques laissent faire cela.
Toute torture d’animaux doit être interdite
30.05.2018
Michèle JungLa fondation Animals Asia est présente en France. Pour l’aider à sauver les ours, contactez nous :
http://www.animalsasiafrance.fr