Des vautours retrouvés morts par dizaines ou centaines autour des restes d’un grand mammifère : voilà une scène qui se répète de plus en plus au Zimbabwe. Les cas d’empoisonnement se multiplient mais qui est la réelle cible : l’éléphant, le rhinocéros ou bien les vautours ? Mal-aimés, ces oiseaux très menacés sont les victimes oubliées des braconniers.
94 vautours africains empoisonnés autour d’un éléphant
Le Zimbabwe n’est pas un pays qui fait souvent les gros titres. La République Démocratique du Congo, la Tanzanie ou le Kenya sont plus célèbres pour leur faune sauvage, et pourtant, ce pays enclavé entre l’Afrique du Sud, la Zambie, le Mozambique et le Botswana abrite la deuxième plus grande population d’éléphants d’Afrique, environ 83 000 têtes. Pourchassé pour ses défenses en ivoire, ce grand mammifère est avec le rhinocéros la cible privilégiée des braconniers. Pas étonnant donc que le Zimbabwe soit pour eux un lieu de prédilection. En revanche, ce qui est plus étonnant est l’utilisation croissante du poison pour tuer : depuis le début des années 2010, des centaines de pachydermes sont décédés par empoisonnement, une méthode plus discrète pour tuer un animal que les coups de fusils. Ainsi, fin juin, les dépouilles d’au moins 14 éléphants empoisonnés ont été découvertes au Parc national Hwange, dans le plus grand parc du pays.
Mais ce modus operandi a des répercussions sur toute la faune africaine. Birdlife, ONG de référence sur les oiseaux, rapportait dernièrement que plus de 94 vautours morts avaient été retrouvés autour d’une carcasse d’éléphant. Ils appartenaient à l’espèce Gyps africanus – le vautour africain – en danger critique d’extinction. D’après un rapport préliminaire, le grand mammifère, dont les défenses avaient été prélevées, aurait ingurgité une pastèque contenant un dangereux pesticide. Impossible de savoir si l’animal était la cible première des braconniers ou si les vautours étaient visés indirectement.
Le poison, arme des braconniers… et des éleveurs
Interrogés par Birdlife, les conservateurs qui travaillent au parc national de Gonarezhou – où la macabre scène a été découverte – expliquent que les vautours sont « délibérément empoisonnés par des braconniers d’éléphants pour éviter que les autorités de la faune détectent un animal braconné ». En effet, quand un animal meurt, les vautours s’attroupent parfois par centaines autour du secteur et alertent les rangers en planant au-dessus du site.
Victimes intentionnelles ou dommages collatéraux, les vautours africains sont moins populaires que les éléphants mais pourtant bien plus menacés ! Sur six espèces, quatre sont considérées par l’UICN comme en danger critique d’extinction. Le poison est la plus grande menace qui plane sur ces oiseaux. Les braconniers utilisent généralement une solution diluée de cyanure de sodium et, parfois, le paraquat, un herbicide agricole puissant. Ils ne sont par ailleurs pas les seuls à user de ce procédé : les éleveurs, pour protéger leur bétail des grands prédateurs, utilisent également des appâts toxiques. Autant de dépouilles que les vautours « nettoient » et qui causent par la suite leur mort.
Au Zimbabwe, un braconnier capturé vivant en possession d’ivoire ou de poison est automatiquement puni de neuf ans de prison. Une peine visiblement peu dissuasive.
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