Présentation de l’âne sauvage d’Afrique, Equus africanus
L’âne sauvage d’Afrique, Equus africanus de son nom latin, serait l’ancêtre de notre âne domestique. On doit aux Egyptiens la domestication de ce bel équidé au physique facilement identifiable.
L’âne sauvage mesure entre 1,25 et 1,35 m pour un poids variant de 230 à 275 kg. Il est fin et musclé car c’est un nomade qui doit parcourir de longues distances pour trouver assez d’herbes à brouter. De couleur grise sur tout le corps, son ventre, ses membres et son museau sont blancs. Les membres sont zébrés de noirs sur la partie inférieure. Autre élément caractéristique, sa tête semble légèrement plus importante que le corps et ses oreilles sont grandes. Enfin, il possède ce qu’on appelle une marque primitive, la fameuse raie de mulet, une grande ligne noire qui lui dessine toute la colonne vertébrale.
On lui attribue deux sous-espèces :
- L’âne de Nubie, qui vit comme son nom l’indique dans le désert de Nubie, au nord-est du Soudan.
- L’âne de Somalie, souvent confondu avec l’âne sauvage d’Afrique lui même, qui vit dans la corne de l’Afrique, c‘est à dire l’Erythrée, la Somalie et l’Ethiopie.
L’âne de Somalie est le plus connu des deux car c’est une espèce reproduite en captivité dans les parcs animaliers. En France par exemple, ils sont visibles au zoo de Sigean et au zoo de Thoiry.
L’âne sauvage d’Afrique est reconnu en danger critique d’extinction depuis 1996.
Localisation de l’espèce menacée
Equus africanus est natif de deux pays voisins : l’Erythrée et l’Ethiopie. Sa zone de répartition actuelle est assez importante puisqu’elle ne fait pas moins de 23 000 km2, principalement composée de déserts rocailleux où les températures peuvent atteindre 50°.
En Ethiopie, la population d’âne a chuté de 94 % depuis 1970. En 77, le parc national Yagudi-Rassa avait la plus forte densité d’ânes sauvages d’Ethiopie : 30 pour 100 km2. En 2007, il ne restait plus un seul individu dans ce parc pourtant créé pour eux. Aujourd’hui, l’Ethiopie compte dans les 200 ânes sauvages. L’aire de répartition des équidés a diminué de 50 % ces 12 dernières années.
En Erythrée en revanche, la population semble augmenter légèrement. Elle est estimée à 400 individus. La plus forte densité d’animaux se situe dans la zone près de la mer Rouge avec une concentration de 47 ânes par 100 km2.
Des études ont prouvé aujourd’hui qu’il y a eu un métissage génétique entre les individus des deux sous-populations.
Menaces qui pèsent sur l’équidé
Les principales menaces qui expliquent la disparition d’Equus africanus sont :
- la chasse : à des fins alimentaires d’abord car l’âne, tout comme son cousin le cheval, sont souvent tués pour leur viande mais également pour la médecine traditionnelle (par exemple, les os sont utilisés en soupe pour guérir la tuberculose !)
- la concurrence avec le bétail : les ânes sauvages sont herbivores et vivent dans les régions désertiques. Il est donc inutile de dire que l’eau et l’herbe sont l’objet de toutes les convoitises. Or, l’élevage du bétail, et notamment la pâture, limite dangereusement l’accès des ânes à ces deux éléments indispensables pour leur survie. Les jeunes et les femelles gestantes sont les premières victimes de cette concurrence. De plus, la cohabitation avec le bétail entraine aussi la transmission de maladie inexistante dans le milieu naturel des ânes.
- L’hybridation génétique avec les ânes domestiques. En effet, pour le moment les scientifiques n’ont pas de preuve qu’il y a eu métissage entre les ânes sauvages et les ânes domestiques mais dans l’histoire cela a souvent été une cause de disparition d’espèces sauvages d’équidés. Les chevaux de Przewalski par exemple, ont failli disparaître à cause de la reproduction avec des chevaux domestiques. Dans les deux cas, leur génome s’hybride et l’espèce s’éteint tout en se reproduisant.
Efforts de sauvegarde de l’âne sauvage
Plusieurs actions ont été mises en place pour tenter de sauver les ânes sauvages.
D’abord, en 1969, en Ethiopie, le Parc national de Yangudi-Rassa et la réserve Mille-Serdo ont été créés pour les équidés menacés. Malheureusement, les autorités éthiopiennes chargées de la conservation de la faune sauvage (EWCA) n’avaient ni les fonds, ni le personnel nécessaires à sa gestion. Du coup, les éleveurs se sont appropriés les deux territoires, chassant ainsi les ânes sauvages. Malgré cet échec, l’EWCA et les ministères de l’agriculture des deux pays ont un rôle essentiel dans la sauvegarde de l’âne sauvage notamment en établissant le dialogue avec les éleveurs locaux. Il n’y a que de cette manière que les animaux sauvages pourront cohabiter avec le bétail domestique.
Les autres efforts de sauvegarde recommandés par l’UICN sont :
- Encourager les recherches génétiques sur l’âne sauvage et ses sous-espèces
- Une meilleure gestion des interactions entre les éleveurs, le bétail et la faune sauvage
- L’établissement de campagne de sensibilisation des communautés locales notamment concernant la médecine traditionnelle
- Améliorer la formation du personnel en Érythrée et en Éthiopie
Equus africanus est cité dans l’annexe I de la CITES, son commerce est donc totalement interdit.
Enfin, dernier point important, un programme européen d’élevage a été mis en place en 2002. Il est coordonné par Olivier Pagan, du zoo de Bâle, situé en Suisse. Ce programme concerne surtout les ânes de Somalie, dont une population de près de 230 individus vit en captivité à travers les parcs animaliers du monde entier.
Reproduction
La reproduction des ânes sauvages est identique à celle des ânes domestiques. Les femelles sont matures sexuellement à deux ans et les mâles à 5. La gestation est assez longue, entre 330 et 380 jours. Les femelles ne donnent naissance qu’à un seul ânon par portée, en général entre octobre et février. Tout comme les chevaux ou les girafes, le petit ânon doit très vite se mettre debout et marcher, c’est une question de survie. Le sevrage du petit à lieu vers 4 mois, mais l’ânon pourra continuer à téter sa mère jusqu’à ses un an. A deux ans, il est considéré comme adulte.
Les ânes vivent en harde composée de 5 à 15 animaux. Chaque groupe est dirigé par une femelle âgée. Le plus souvent les mâles ne sont pas admis dans les hardes. Ils vivent seuls ou bien en groupe uniquement composé de mâles. Toutefois, des hardes mixtes existent mais seulement temporairement.
En savoir plus
Attention à ne pas confondre ! On appelle également âne sauvage, l’âne sauvage d’Asie,ces animaux se cantonnent aujourd’hui aux terres de Chine, de l’Inde, de l’Iran, du Turkménistan et de la Mongolie, se concentrant en particulier dans le désert « refuge » de Gobi.
Un troisième sous-espèce existait auparavant aux côtés de l’âne de Nubie et de l’âne de Somalie : l’âne sauvage d’Afrique du nord. Elle est aujourd’hui déclarée comme éteinte.
1 réponse to “L’âne sauvage d’Afrique”
09.04.2017
gerard beaulieuc beau