Présentation de la baleine franche de l’Atlantique nord
On trouve des baleines franches dans les deux hémisphères de notre planète. Celles de l’hémisphère nord se divisent elles-mêmes en deux espèces : la baleine franche de l’Atlantique et la baleine franche du Pacifique. Nous allons étudier la première, Eubalaena glacialis, c’est-à-dire la baleine de Biscaye de l’Atlantique nord, appelée aussi baleine noire.
La baleine franche est de couleur noir uniforme, sauf au niveau des callosités particulièrement visibles autour des lèvres et des yeux. En effet, celles-ci abritent des crustacés, surnommés les « poux de la baleine », qui virent du rose au blanc et tranchent avec le reste du corps. Ces callosités sont différentes sur chaque animal et permettent de les différencier. Enfin, ses nageoires sont courtes et larges et elle ne possède pas de nageoire dorsale.
En termes de morphologie, Eubalaena glacialis est très large, ce qui lui donne une impression de rondeur plus que de longueur, mais ne l’empêche pas de mesurer adulte jusqu’à 16 mètres de long. Les femelles sont plus grandes que les mâles. La tête est particulièrement imposante et représente près d’un tiers de son corps avec notamment des plaques de 300 fanons de chaque côté d’une longueur maximale de 5 mètres.
Depuis le 9 juillet 2020, la baleine franche de l’Atlantique nord est classée en danger critique d’extinction (CR) par l’UICN. Elle était auparavant classée « en danger ». Sa cousine la baleine franche du nord Pacifique est elle aussi une espèce menacée. Eubalaena japonica est « en danger d’extinction » d’après la liste rouge.
Localisation de la baleine de Biscaye
Comme expliqué plus haut, la baleine franche est une espèce commune sur le globe. Malheureusement, l’espèce de l’Atlantique Nord est une des plus menacées. On estime qu’il restait fin 2018 moins de 250 individus en capacité de se reproduire, soit une baisse d’environ 15% depuis 2011. Les scientifiques craignent malheureusement que la population de l’est soit déjà éteinte, c’est pourquoi nous n’en voyons que très rarement le long des côtes françaises.
Eubalaena glacialis occupe, comme son nom, l’indique tout le nord de l’Atlantique, du Nord-Ouest de l’Islande au golf du Mexique avec des concentrations d’individus plus importantes entre la Nouvelle-Écosse, au Canada, et la Floride. C’est d’ailleurs au large des côtes de cette dernière que les baleines noires ont pris l’habitude de mettre bas, le long de la côte est de l’Amérique du Nord.
Les menaces qui pèsent sur Eubalaena glacialis
La chasse
Bien que ce ne soit plus le cas aujourd’hui, la chasse a longtemps été une grande menace pour l’espèce. Les dégâts liés à cette activité ont été dévastateurs et il est important de revenir sur les faits. C’est surtout autour du XIXème siècle que la chasse a été la plus intensive avec une perte estimée à 100 000 individus au cours de cette période. Le point faible de cette espèce est qu’elle est lente, souvent visible à la surface – parce que c’est là où elle se nourrit – et, quand elle est tuée, son corps flotte. De fait, c’est la prise idéale.
L’enchevêtrement dans les engins de pêche
Si la baleine noire de l’Atlantique nord n’est plus chassée de nos jours, la menace la plus importante pour l’espèce provient aujourd’hui des enchevêtrements dans les engins de pêche. Des études ont chiffré les dégâts : entre 2004 et 2006, sur onze décès répertoriés, huit sont dus aux collisions avec les bateaux de pêche, de transport ou de tourisme et un à cause des filets. Le scientifique Phil Clapham a estimé en 2005 qu’au moins 72 % de la population possède des cicatrices dues aux engins de pêche. Et la situation va en s’aggravant. Entre 2012 et 2016, sur les 30 décès ou blessures graves de baleines franches de l’Atlantique Nord d’origine humaine confirmés, 26 étaient dus à un enchevêtrement.
Le changement climatique
L’augmentation de la température de l’eau semble pousser les baleines franches de l’Atlantique nord a remonter de plus en plus au nord pour se nourrir. Ainsi, si elles semblaient privilégier auparavant la baie de Fundy, à la frontière entre les USA et le Canada, elles sont à présent visibles bien plus au nord. Notamment dans le Golfe du Saint-Laurent où plusieurs corps de baleines sans vie ont été retrouvés successivement en juin 2017. Il semblerait que ce changement d’aire de répartition s’explique par la présence de plus en plus importante de zooplancton et de krill dans ces eaux, au contraire de celles plus au sud.
Efforts de conservation
Du fait de sa taille, la baleine franche de l’Atlantique nord est hors de portée de la plupart des prédateurs, exception faite des baleineaux qui peuvent être la proie des orques et des requins. C’est bien l’homme qui est la principale menace.
Proche de l’extinction à la fin du XIXème siècle, la première Convention internationale pour la réglementation de la chasse a totalement interdit la chasse à la baleine noire. En 1972, la protection de l’espèce est renforcée avec le Marine Mammal Protection Act, qui interdit la prise de mammifères marins, la prise signifiant la chasse comme la capture vivante. La Commission Baleinière Internationale (CBI), organisme mondial chargé de réglementer la chasse et la protection des baleines, a établi un plan de protection mis en place par la Garde côtière américaine, l’US Navy, les contrôleurs de la circulation des navires dans les grandes voies maritimes, etc.
Les Etats-Unis et le Canada sont particulièrement investis dans la protection d’Eubalaena glacialis. Ces deux pays sont à l’origine du plan de relance de l’espèce qui comprend aussi la réglementation des engins de pêche et la restriction de leur utilisation sur certaines zones ou durant certaines périodes, notamment pendant la période des naissances. Même la distance minimale entre les baleines et les bateaux d’observation ont été définies.
Il faut aussi noter les efforts consentis par l’Organisation maritime internationale (OMI), qui a accepté de déplacer les routes maritimes notamment dans la baie de Fundy au Canada et de réglementer les vitesses maximales des bateaux naviguant dans le long de la côte Est des Etats-Unis.
Reproduction
La saison de reproduction s’étend de décembre à mars. Les naissances ont lieu au printemps après une gestation d’un an, 350 jours exactement. Les femelles donnent naissance tous les 3 à 4 ans à un baleineau unique qui sera mature sexuellement entre 5 et 10 ans. L’âge n’est pas l’élément déterminant pour la reproduction, c’est la taille qui importe. Les femelles doivent atteindre la taille de 15,5 mètres et les mâles 15 mètres.
En savoir plus
La baleine franche de Biscaye est celle qui possèderait le plus de « poils ». Ainsi, on lui attribue des sourcils, une moustache et une barbe. Autre anecdote : la baleine franche de l’Atlantique nord est aussi appelée en anglais « right whale » à savoir « bonne baleine » car elle était facile à chasser (du fait qu’elle flotte une fois abattue) et très utile. Riche en huile, sa graisse servait à éclairer et sa viande était bien sûr mangée.
1 réponse to “Baleine franche de l’Atlantique nord ou baleine noire”
14.09.2015
fournier AlainTout les renseignements que je cherchais sont là, merci, beau boulot !