
Quand on pense aux félins menacés, viennent tout de suite à l’esprit le tigre, le guépard ou encore la panthère de l’amour. Pourtant, il existe aussi plusieurs espèces de petits félins, dont certaines sont très menacées. A l’instar du chat des Andes (Leopardus jacobita), classé « en danger » d’extinction (EN) par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).
Description du chat des Andes
Ce petit félin originaire d’Amérique du Sud évolue dans un milieu montagneux et escarpé, comme son nom le laisse entendre. Réputé insaisissable, le chat des Andes très peu été observé et photographié. S’il pourrait sembler hors d’atteinte, il est toutefois très menacé par les activités humaines. Au point que sa population sauvage compterait moins de 1400 individus et continuerait de diminuer.
Caractéristiques physiques

Chat des Andes (Leopardus jacobita).
Le chat des Andes a un gabarit proche de celui du chat domestique. Un adulte mesure environ 60 cm de long auxquels s’ajoutent 45 cm de queue et pèse autour de 4 kg. Son pelage est majoritairement gris clair, parsemé de taches jaune-orange disposées de part et d’autre du corps à la verticale comme pour former des lignes continues.
Comme la panthère des neiges qui vit elle aussi en altitude, le chat des Andes a une queue très longue – jusqu’à 75 % la taille de l’animal, tête et corps compris –, très épaisse et de forme cylindrique. Elle est également cerclée de plusieurs anneaux plutôt larges et de couleur brune, qui tranche avec le pelage plus clair du félin. C’est grâce à cette queue musclée qui lui sert de balancier que le chat des Andes garde son équilibre y compris sur des pentes les plus escarpées.
Leopardus jacobita est souvent confondu avec le chat des pampas (Leopardus colocolo), un autre chat sauvage qui vit aussi en Amérique latine. Mais il est facile de les distinguer à l’œil nu. Pour cela, il suffit d’observer la queue : celle du chat des Andes est plus grande et ses anneaux sont distincts. Par ailleurs, ses oreilles ont le bout davantage arrondi et son museau est de couleur noire.
Régime alimentaire
En bon félin, le chat des Andes est un excellent chasseur. Ses proies préférées : les rongeurs, et notamment les vizcachas, sortes de lapins sauvages de taille plutôt grande en comparaison avec le petit félidé. Ce dernier chasse également des souris, de taille plus petite.

Un vizcacha, proie favorite du chat des Andes.
A noter que Leopardus jacobita est exclusivement carnivore. Il lui arrive de se nourrir d’autres types de proies, comme des oiseaux et des reptiles.
Comportement
Le chat des Andes est très discret : grâce à son pelage, il se camoufle facilement parmi les roches des montagnes qui l’entourent et son agilité l’aide à prendre rapidement la fuite en cas de danger. A cela s’ajoute un naturel plutôt craintif, ce qui fait que l’espèce est très difficile à observer à l’état sauvage.
S’il est difficile d’apercevoir le chat des Andes, c’est aussi parce qu’il est plus actif la nuit et à la tombée de la nuit. Il semblerait que ce félin soit plutôt solitaire, même si des couples ont parfois été observé, ou bien des groupes constitués d’une femelle avec ses petits.
Habitat du chat andin

Aire de répartition du chat des Andes.
L’aire de répartition de Leopardus jacobita est vaste – environ 150.000 km² – et aussi très fragmentée. Elle s’étend de façon disparate tout le long de la Cordillère des Andes, une chaîne de montagnes d’Amérique du Sud, qui longe la côte ouest en démarrant par le Venezuela au Nord et jusqu’à l’Argentine et le Chili au Sud.
Mais le chat andin n’est pas présent partout dans la Cordillère des Andes. D’après les chercheurs, le petit félin vit au Pérou, en Bolivie, au Chili et en Argentine. Les populations d’Argentine centrale semblent être les plus isolées de toutes.
D’après de récentes observations, Leopardus jacobita s’aventure désormais aussi en-dehors des hautes terres et massifs rocheux, dans les steppes de Patagonie. Alors que les scientifiques pensaient que l’espèce vivait à plus de 1500 m d’altitude – voire même entre 4000 et 5000 m en général –, ils ont découvert qu’elle pouvait aussi s’établir aussi bas que 680 m. Ce qui est la plus basse altitude jamais enregistrée pour le chat des Andes.
Les régions dans lesquelles il vit sont arides et soumises à des températures extrêmes. La végétation y est donc rare, peu haute et plutôt clairsemée. En général, on trouve le chat des Andes dans des zones rocheuses et escarpées, difficiles d’accès. Un point d’eau doit se trouver à proximité, pour abreuver le félin mais aussi ses proies.
Menaces
Le chat des Andes multiplie les records : il est non seulement l’un des félins les moins connus au monde mais aussi le plus menacé des félins d’Amérique. Avec moins de 1400 individus dans la nature, l’espèce est classée « en danger » d’extinction.
Disparition de l’habitat
L’une des principales menaces qui pèse aujourd’hui sur le petit félin, c’est la dégradation de son habitat. L’extension des pâtures pour les lamas, moutons et alpagas, le tourisme non régulé et surtout l’exploitation minière et pétrolière – particulièrement forte dans le Nord de l’Argentine et en Patagonie – ont bouleversé le milieu naturel dans lequel il vit.
L’activité minière est véritablement pointée du doigt comme responsable de la disparition du petit félin. Comme expliqué plus haut, le chat des Andes a besoin de s’établir près d’un point d’eau. Or, l’extraction de ressources minières est non seulement très gourmande en eau, mais en plus elle contamine les cours d’eau alentours. Résultat, lorsqu’un projet minier démarre non loin du territoire de Leopardus jacobita, il y a de fortes chances pour que celui-ci ne puisse plus vivre dans cet environnement.

La population du chat des Andes est très fragmentée.
La population sauvage du chat des Andes est par ailleurs très fragmentée, mais ce ne serait semble-t-il pas en lien direct avec la disparition de son habitat. Plusieurs études estiment en effet qu’étant donné les préférences de ce petit félin pour l’altitude, il aurait fragmenté naturellement sa population.
En revanche, cette fragmentation complique la conservation de l’espèce et notamment le rétablissement des populations. D’abord parce que les partenaires potentiels à la reproduction – déjà peu nombreux – sont dispatchés sur un vaste territoire, et puis parce que ceux qui peuvent se rencontrer sont toujours plus ou moins les mêmes. Les risques de consanguinité ou, du moins, de faible diversité génétique, sont donc élevés.
Diminution des proies et chasse
Comme évoqué plus haut, le chat des Andes est un carnivore. Pour se nourrir, il chasse notamment des vizcachas du Nord (Lagidium peruanum) et des vizcachas du Sud (Lagidium viscacia). Problème, ces petits rongeurs sont aussi chassés par l’homme ainsi que par le chat des pampas. Résultat, le chat des Andes se retrouve malheureux rival et finit par voir le nombre de proies disponibles réduire comme peau de chagrin.
Une réduction des proies disponibles à laquelle le petit félidé a déjà été confrontée. Dans le passé, le petit félin chassait principalement le chinchilla. Mais celui-ci a quasiment disparu à l’état sauvage, notamment à cause de la chasse pour sa fourrure dont il a été victime. Leopardus jacobita s’est alors davantage tourné vers les vizcachas pour compenser.

Le chat des Andes est parfois la victime collatérale de représailles qui visaient le puma (ici en photo).
Les chats andins sont également victimes de représailles de la part des éleveurs de bétail. Craignant pour la vie de leurs bêtes, ces derniers tuent parfois le petit félin, dont le territoire chevauche de plus en plus celui des pâtures. Plusieurs cas de conflits homme-faune ont ainsi été repérés au centre du Chili, dans la région de Coquimbo. Pourtant, le chat des Andes n’y est pour rien, car il préfère des proies plus petites que du bétail. Mais lorsque des éleveurs ont perdu des bêtes, tués par des chiens errants ou des pumas, ils punissent tout carnivore qui croise leur route.
Sans qu’il soit question de représailles, le chat des Andes est parfois aussi chassé, tout simplement. C’est le cas par exemple au Nord-Ouest de l’Argentine, où une importante mortalité de chats andins a été enregistrée. La cause : leur chasse par les populations locales.
Efforts de conservation
Le chat des Andes figure à l’annexe I de la convention sur le commerce international des espèces sauvages (CITES). Cela signifie qu’il est interdit de le tuer ou de le capturer pour vendre tout ou partie de son corps à l’international. Une bonne chose étant donné que sa peau pourrait être convoitée. En ce qui concerne sa conservation, une ONG est particulièrement impliquée.
Les travaux de l’Alianza Gato Andino (AGA)
Créée en 1999, l’Alianza Gato Andino (AGA) est aujourd’hui l’organisme référent de l’étude et de la conservation du chat des Andes. Cette ONG regroupe des biologistes et autres scientifiques qui mènent plusieurs actions en faveur du petit félin. En plus de fournir des données scientifiques permettant de mieux connaître – et donc mieux protéger – ce félin méconnu, l’AGA mène des campagnes de sensibilisation pour alerter sur la situation de l’espèce.

Le chat des Andes chasse plutôt au crépuscule et la nuit.
C’est notamment grâce à l’AGA que le Chili a décidé de nommer le chat des Andes ambassadeurs de la Journée de la faune indigène, célébrée tous les 5 novembre. Un moyen de faire découvrir cette espèce, parfois inconnue pour des populations vivant pourtant juste à côté !
L’AGA collabore également avec les populations locales pour tenter de trouver des solutions durables pour l’économie et la cohabitation entre l’homme et l’animal. Via son programme « Green Gold », l’ONG alerte par exemple sur les risques de l’extraction de l’or selon des méthodes traditionnelles polluantes et non réglementées.
« Avec ce programme, nous visons à faire de la protection de la biodiversité une exigence pour obtenir de « l’or vert » ou des certificats d’or « Fairmined ». Ces certifications internationalement valables offrent une excellente opportunité pour le développement économique de communautés respectueuses de l’environnement. Ils réduisent les risques potentiels de l’extraction artisanale de l’or en augmentant la valeur nette du métal sur les marchés internationaux, tant qu’il est extrait à l’aide de techniques durables », détaille l’AGA.
Un plan stratégique pour sa conservation
Grâce au soutien financier de Wildlife Conservation Network (WCN), l’AGA a également pu lancer en 2011 un plan stratégique pour la conservation du chat des Andes. L’objectif, faire converger tous les efforts pour la conservation de cette espèce autour de trois axes : étudier le petit félin, sensibiliser les populations locales et les faire participer activement à sa protection.
Dans le détail, ce plan se fixe six objectifs à atteindre :
- garantir la conservation du chat des Andes et de son habitat naturel, quitte à restaurer et réhabiliter les milieux qui auraient pu se dégrader ;
- intégrer cette conservation aux politiques locales dans les quatre pays où vit l’espèce ;
- renforcer les mesures de conservations et les études de terrain dans les zones protégées où vivent des chats des Andes ;
- enquêter sur leurs menaces et leurs besoins, leurs proies et les autre carnivores qui cohabitent avec eux ;
- faire converger les efforts fournis ;
- sensibiliser et informer les communautés locales.
Reproduction du chat des Andes
Le chat des Andes est une espèce encore méconnue. Même si l’AGA mène de nombreuses études de terrain depuis maintenant plus de vingt ans, des zones d’ombre demeurent. En particulier en ce qui concerne la reproduction du félidé.
Par exemple, on ignore encore quelle est la durée de gestation d’une femelle ainsi que le nombre moyen de petits que peut compter une portée.
Les petits ont un pelage légèrement différent de celui des adultes : plus clair, il compte également davantage de taches. C’est l’une des raisons pour lesquelles les juvéniles sont les plus confondus avec le chat des pampas.
2 Réponses to “Le chat des Andes”
18.05.2022
Allisonmerci du documentaire, très intéressent. Mais serait-il possible de savoir depuis quand celui est en danger?
28.11.2021
chachoubonjour ce documentaire est très intéressant , merci de l’avoir écrit.