C’est une heureuse nouvelle qu’ont annoncé conjointement le Centre de Conservation des Chimpanzés (CCC) et Projet Primates, début mars : un bébé chimpanzé est né au sein d’un groupe réintroduit avec succès, après avoir survécu à des braconniers.
Naissance porteuse d’espoir
La mère du petit est une femelle chimpanzé qui revient de loin : issue du braconnage, elle a été secourue et accueillie par le CCC, avant de retourner à l’état sauvage avec un groupe de chimpanzés, rescapés comme elle.
« Elle a été relâchée en 2008, après avoir suivi un programme de réhabilitation au sanctuaire », précisent les associations. Avec son groupe, elle vit dans le parc national du Haut Niger, en Guinée, en Afrique de l’Ouest.
Ce n’est pas le premier petit né au sein de ce groupe, puisque sept autres bébés chimpanzés y sont nés entre 2020 et 2022. Mais comme les autres, cette naissance est porteuse d’espoir pour ce programme de réhabilitation de chimpanzés à la vie sauvage.
« Depuis 2008, nous avons réintroduit une vingtaine de chimpanzés au sein du parc national du Haut Niger, en Guinée, sur un site de relâché dont le territoire couvre 50 km² », explique le CCC. Tous les chimpanzés réintroduits ici ont été capturés bébés, alors que leurs parents ont été braconnés.
Car comme nous le rappelait Céline Danaud, présidente de Projet Primates et ancienne manager du Centre de conservation des chimpanzés, « pour un bébé chimpanzé orphelin vendu sur un marché, dix adultes sont morts ». C’est malheureusement la triste réalité du braconnage que subissent les chimpanzés : les petits sont capturés pour être revendus comme animaux de compagnie ou à des fins de divertissement, tandis que tout le groupe des adultes est généralement tué.
Réintroduire des chimpanzés, mission compliquée
Chez les chimpanzés, ce ne sont pas les mâles mais les femelles qui quittent le groupe originel pour en intégrer un autre et ainsi limiter les risques de consanguinité. Plusieurs femelles secourues par le CCC ont, depuis, rejoint d’autres groupes sauvages une fois relâchées et ont réussi à s’intégrer avec succès. Mais ce n’est pas toujours évident, et plusieurs autres ont préféré rester dans leur groupe de relâché.
« Le travail de réhabilitation de ces espèces en milieu naturel est un processus long et délicat, reprend Projet Primates. Capturés par des braconniers et privés de leur mère, les bébés chimpanzés ne peuvent recevoir l’éducation nécessaire pour survivre dans la nature. » Aux membres des associations, alors, de prendre le relais et de les préparer au mieux à leur retour à la vie sauvage.
Les chimpanzés doivent en effet tout apprendre pour espérer, un jour, pouvoir être réintroduits et se débrouiller dans la nature. « D’autant que les chimpanzés ont un cycle de croissance proche de celui de l’être humain. C’est donc à l’issue d’une longue période – de plusieurs années d’apprentissage – qu’il est possible de tenter un relâché. »
Autre facteur de réussite d’un relâché en milieu sauvage : former un groupe de chimpanzés cohérent et soudé. Pas question, en règle générale, de réintroduire un individu et d’espérer qu’il se fasse intégrer par un autre groupe de chimpanzés déjà formé. Alors, les réintroductions prennent du temps, car « l’unité du groupe est aussi importante que les capacités de chaque chimpanzé à survivre dans la nature », expliquent les associations. Et puis, ces réintroductions doivent se faire sur un territoire suffisamment grand, où la nourriture est disponible en quantités appréciables et les risques de tension avec les paysans locaux faibles.
Le chimpanzé, parent menacé
De tous les grands primates, il est celui qui est génétiquement le plus proche de l’être humain. Une proximité qui ne l’a pas empêché de se retrouver menacé, comme tous les autres grands singes à l’exception de l’homme.
Pan troglodytes, de son nom scientifique, est aujourd’hui classé « en danger » d’extinction par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Si le braconnage est responsable en partie de ce déclin, il n’est pas l’unique raison.
D’autres menaces pèsent en effet sur toute l’espèce. A commencer par la déforestation pour l’agriculture, les activités minières ou encore le commerce du bois, omniprésents dans l’aire de répartition du chimpanzé. L’espèce est également fragilisée par l’instabilité politique qui règne dans les pays où il vit.
Comme les gorilles, les chimpanzés sont par ailleurs affectés par des virus potentiellement mortels, comme Ebola. Depuis les années 1990, la maladie causée par ce virus serait ainsi responsable de la mort d’un tiers des chimpanzés et gorilles du monde.
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