Ils font rarement la Une des journaux et peu de personnes savent qu’ils existent. Pourtant, les centres de soins pour animaux sauvages sauvent chaque année des milliers d’oiseaux, de mammifères, d’amphibiens et de reptiles, et les réintroduisent dans la nature quand leur état le permet. Depuis peu, la Corse a (enfin) le sien.
Un centre de soin proche du Corsica Zoo
Tout est presque prêt pour accueillir les premiers animaux blessés du printemps. Et c’est tant mieux, car la haute saison pour les centres de soins démarre toujours avec l’arrivée des beaux jours. C’est ce que confirme Pascal Wohlgemuth, président de l’association U Pettirossu qui gère le centre de sauvegarde et directeur du Corsica Zoo : « Nous réalisons 80 % de notre activité entre les mois d’avril et septembre ».
Pour parvenir à ouvrir dans les temps, il aura fallu pas moins de deux ans de travail et de démarches administratives diverses. Car les centres de soins sont très encadrés. Pascal Wohlgemuth a par exemple dû décrocher un certificat de capacité pour chacune des espèces pouvant être accueillie sur la structure. « Autrement dit, toute espèce vivant naturellement en Corse, à l’année ou temporairement comme les oiseaux migrateurs », précise-t-il. Il a également créé une association dédiée : U Pettirossu, qui signifie « le rouge-gorge » en français.
Le centre de soins se situe à Olmeta-di-Tuda, en Haute-Corse, juste à côté du Corsica Zoo. Et pour cause, les deux structures ont une histoire commune.
« Lorsque nous avons ouvert le zoo en 2019, nous avons rapidement été sollicités par des personnes qui trouvaient des animaux mal en point, explique Pascal Wohlgemuth. On nous appelait ou venait directement nous déposer des animaux, car à l’exception d’un centre de soins pour rapaces géré par le parc naturel régional de Corse à Corte et du parc A cupulatta pour les tortues dans le Sud, il n’existe aucune véritable structure dans toute l’île. »
Hérissons, rapaces, tortues…
Soutenu financièrement par l’Office de l’Environnement de la Corse et par le Corsica Zoo – qui a cédé un terrain de 2 hectares et fait un don pour aider à lancer la construction d’un premier bâti – le centre U Pettirossu démarre donc officiellement son activité de soins aux animaux sauvages blessés.
« Il devrait s’agir essentiellement d’oiseaux à cette période, reprend Pascal Wohlgemuth. Au printemps, les oisillons tombent parfois du nid ou des promeneurs, pensant bien faire, nous ramènent des rapaces juvéniles sans savoir que les faucons crécerelles et les petits ducs sont nourris au sol par leurs parents et qu’ils ne sont donc pas, a priori, en danger. »
Le centre devrait par ailleurs s’occuper de hérissons, souvent blessés par les tondeuses ou débroussailleuses dans les jardins, ou parfois même par des chiens. Il en va de même pour l’un des emblèmes de la faune corse : la tortue d’Hermann.
Cette tortue est la seule tortue terrestre présente naturellement en France, sur l’Ile de Beauté et dans le Var, et elle est classée « en danger » d’extinction. « Un plan national d’action, dont nous faisons partie du comité de pilotage depuis l’an dernier, est en place pour cette tortue. Nous aimerions aller plus loin, en créant par exemple une unité de récupération des individus – et pas seulement Hermann – détenus par des particuliers souhaitant s’en séparer », poursuit le directeur d’U Pettirossu. Récemment, la structure a par exemple recueilli 22 tortues de Floride, espèce exotique envahissante, qui avaient été relâchées en Haute-Corse. Laissées libres, elles auraient pu causer d’importants dégâts à la biodiversité locale.
Pour les gros mammifères sauvages de l’île, à savoir le mouflon et le cerf, des programmes existent déjà. Ils sont gérés par le parc régional de Corse, qui intervient généralement rapidement en cas d’animal blessé.
Besoin d’aide
Les premiers financements ont permis au centre de commencer son activité, mais l’association espère que d’autres soutiens – et notamment des dons de la part des particuliers – s’ajouteront progressivement afin de développer les infrastructures et, à terme, accueillir tout animal sauvage en ayant besoin.
« L’idée, c’est de diviser la structure en plusieurs unités : pour les petits oiseaux, pour les rapaces, pour les tortues, pour les hérissons, pour les amphibiens… Nous aimerions aussi créer avec l’aide du parc naturel marin du Cap Corse et de l’Agriate une unité de soins pour oiseaux marins, comme les cormorans et les goélands. »
L’an dernier, en se débrouillant avec les moyens du bord, U Pettirossu a déjà aidé une centaine d’animaux à recouvrer la santé pour retourner dans leur milieu naturel. Désormais mieux préparé, il espère en sauver plusieurs centaines. « C’est toujours frustrant de voir les appels à l’aide, sur les réseaux sociaux par exemple, et de ne pas pouvoir faire grand-chose. » Heureusement, les choses devraient changer…
5 Réponses to “La Corse a enfin son centre de soins de la faune sauvage”
20.03.2021
constantin sannabona sera a tutti .ce serait bien qu’une autre structure soit créée en Corse du Sud pour soigner les animaux.
07.03.2021
MaryU petirossu est un rouge gorge il me semble pas un merle .
Mais bravo pour cette initiative
19.03.2021
Ait Addi CherifLe cerf de corse et de Sardaigne furent des reliques fragiles ..de même que le cervus elaphus barbarus …le travail d’experts cynégétique a de bons résultats concordants
Bonne initiative et espoir ..
Salutations à tous
07.03.2021
Olivier ClaudeBravo pour cette très belle initiative. Une telle structure manquait en Corse et je suis certaine que nous sommes nombreux à nous réjouir de sa création.
Encore bravo et merci !
(NB : u pettirossu signifie le rouge-gorge et non pas le merle.)
07.03.2021
FazioBonjour, il y a une petite erreur dans votre article, Pettirossu signifie rouge-gorge et non merle en langue corse.
Bonne journée ,
Cordialement,