L’Homme a quitté l’Afrique, son berceau, il y a 80 000 ans. Depuis, il n’a eu de cesse de conquérir de nouveaux territoires, de s’adapter aux conditions climatiques et de se reproduire, souvent au détriment des espèces déjà présentes. Pour autant, peut-on le qualifier d’espèce invasive ?
Homo Sapiens et sixième extinction de masse
Environ 100 espèces animales et végétales disparaissent chaque jour autour du globe, soit entre 100 et 1000 fois plus qu’un rythme d’extinction « naturel », ces estimations étant basées sur des données paléontologiques. 25% des espèces animales et végétales pourraient avoir disparu d’ici 2050.
Depuis plusieurs années, les études scientifiques reliant directement activité humaine et réduction de la biodiversité autour du monde se multiplient. La dernière d’entre elle, publiée en 2015, accuse même l’Homo Sapiens d’être responsable de la 6ème extinction de masse, à l’image de la météorite qui a précipité la disparition des dinosaures voilà 65 millions d’années. Le phénomène se serait nettement intensifié depuis l’avènement de l’ère industrielle, période à laquelle l’Homme a d’une part accentué son empreinte sur la planète, et, d’autre part, vu sa croissance démographique s’envoler : d’à peine un milliard en 1800, les effectifs de notre espèce sont passés à 1,5 milliard en 1900 et atteignent aujourd’hui 7,5 milliards.
Même en utilisant des hypothèses de départ optimistes, le nombre d’espèces animales vertébrées disparues depuis 1900 est si élevé qu’il aurait dû s’étaler, dans des conditions « naturelles », sur 800 à 10 000 ans. Et il faudrait encore évoquer la réduction des effectifs de certaines espèces qui, bien que toujours existantes, sont aujourd’hui gravement menacées où qu’elles soient dans le monde. Sur la base de ces résultats scientifiques, il est possible d’affirmer que l’Homme contribue à la chute de la diversité biologique.
Quels critères pour qualifier une espèce d’invasive ?
Bien que beaucoup de définitions d’espèce invasive existent, il existe des critères communs à plusieurs d’entre elles. Une espèce invasive ne peut l’être que si elle :
- bouleverse l’écosystème où elle est introduite
- nuit aux espèces indigènes
- se propage hors de son aire de répartition « potentielle », « naturelle, passée ou présente », ou encore « de son milieu d’origine ». Cela semble logique, mais elle ne peut donc pas être native de l’environnement qu’elle envahit.
Or, si le berceau de l’humanité se trouve en Afrique, nous l’avons quitté par vagues de migrations naturelles, comme n’importe quelle autre espèce, et avons ensuite atteint les autres régions du monde par nos propres moyens. Nous avons alors colonisé une grande variété d’écosystèmes, qu’il s’agisse de forêts, de montagnes, de déserts ou même de banquises, et nous n’en sommes jamais partis. Si nous pouvions éventuellement, à l’origine, être considérés comme une espèce invasive, ce n’est plus le cas : dans toutes les régions du monde, sur tous les continents, l’Homo Sapiens est aujourd’hui une espèce indigène. Notre aire de répartition s’étend sur la planète entière.
D’autre part, même le premier critère de la définition pourrait faire l’objet de débat : l’Homo Sapiens n’a pas été « introduit » dans les environnements qu’il a colonisé, il y est parvenu par lui-même, sans l’intervention d’une entité tierce.
Il semble donc que l’Homme ne soit pas, au sens strict du terme, une espèce invasive. Cependant, cela n’enlève évidemment rien à sa responsabilité vis-à-vis de la chute de la diversité biologique dans le monde. Même sans réunir tous les critères pour appartenir à cette catégorie, l’expansion de l’Homo Sapiens s’apparente bien souvent, pour les autres espèces vivantes autour de nous, à une invasion.
4 Réponses to “L’Homme”
23.05.2020
augustinpourquoi l’homo sapiens est une espèce comme les autres ?
27.12.2018
martialQue font reelement les Etats pour lutter contre les especes invasives
27.10.2017
Lucas« Comme ses cousines, la fourmi de feu vit en colonie, mais elle est se déplace constamment à la recherche de nourriture » juste une petite erreur de langue « elle EST se déplace ».
Bien à vous, et merci pour vos articles
27.10.2017
Espèces MenacéesBonjour Lucas,
Merci de nous avoir souligné cette coquille, nous l’avons corrigée !