Montée des eaux, pollution, surpêche, déforestation… De nombreux facteurs menacent aujourd’hui la riche biodiversité de l’Asie. En pleine croissance démographique et économique, les pays de la zone laissent de plus en plus le territoire de l’Homme empiéter sur celui de la nature au point de créer de réels conflits avec la faune locale.
Toujours plus d’infrastructures
En février 2018 en Inde, un train a percuté un troupeau d’éléphants, tuant quatre pachydermes. Un accident malheureusement fréquent dans ce pays où plusieurs éléphants d’Asie meurent chaque année de la sorte. A tel point que des mesures ont été prises, comme par exemple la limitation de vitesse sur les voies ferrées réputées pour croiser des corridors d’éléphants, mais les accidents continuent de se produire. De plus en plus acculés, ces grands herbivores doivent parcourir de plus longues distances pour trouver de la nourriture, ce qui augmente les risques que de tels incidents se produisent. Cet exemple illustre bien que l’expansion humaine et la construction d’infrastructures comme les routes, les voies ferrées ou les barrages, ont un impact direct sur la faune.
Quand les herbivores s’attaquent aux plantations
L’Asie a connu un boom de sa production agricole ces dernières décennies. Poussée par la Révolution verte initiée dans les années 1960, l’Inde a fait de l’agriculture l’une de ses priorités avec l’introduction de nouveaux pesticides et de nouvelles techniques pour améliorer les rendements. Pas une mince affaire lorsqu’il s’agit de nourrir 1,3 milliard de personnes ! Mais c’est surtout la partie sud-est du continent qui a vu son secteur agricole connaître un véritable essor. Riz, caoutchouc, café, manioc et surtout palmiers à huile ont poussé comme des champignons, obligeant les exploitants à empiéter toujours plus sur la nature. Cantonnés à des territoires toujours plus réduits et fragmentés, les espèces sauvages peinent à trouver leur nourriture et croisent de plus en plus souvent la route de l’Homme. Des rencontres qui se font rarement dans de bonnes conditions. Dans l’une des provinces de l’île de Sumatra, on a par exemple estimé que le coût des destructions provoquées par les animaux sur les plantations d’huile de palme et la production forestière s’élevait à 105 millions de dollars par an. Une somme considérable qui fait grandir la haine de certains habitants envers les espèces fautives. Sont notamment montrés du doigt les orangs-outans qui se nourrissent des fruits, feuilles et graines présents dans les champs et les éléphants qui piétinent les cultures : un seul troupeau de pachydermes qui traverse une plantation peut suffire à ruiner un paysan.
Difficile cohabitation avec les carnivores
Les herbivores ne sont pas les seuls à déranger. Avec l’expansion urbaine, les villes et villages gagnent du terrain sur le territoire des grands carnivores présents en Asie, comme par exemple les six espèces de tigres qui vivent dans 13 pays asiatiques, les léopards ou encore les panthères des neiges dans les régions de l’Himalaya. Lorsque ceux-ci rôdent trop près des habitations, ils sont souvent abattus à titre préventif, par crainte d’une attaque sur des humains ou sur le bétail. « Cela s’explique par un principe assez simple selon lequel l’Homme considère qu’une partie de l’espace appartient à l’animal, et l’autre aux humains, explique le géographe Guillaume Marchand. Si l’animal « enfreint » cette règle et pénètre sur le territoire de l’Homme, alors ce dernier s’octroie le droit d’agir. »
Mais les félins d’Asie sont également menacés par le braconnage. Tigres et léopards sont chassés pour leur peau, leur crâne, leurs crocs et leurs griffes. Uniquement dans les forêts d’Hunchun en Chine, l’ONG IFAW estime que 2 800 pièges mortels sont posés par des braconniers pour tuer des tigres de Sibérie et des léopards.
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